Femmes et Sport Auto: une jolie démonstration à Monaco

Publié le par Daniel Ortelli

C'était une jolie démonstration, ce samedi matin au Paddock Club du GP de Monaco, un lieu très exclusif, tout près du célèbre virage de La Rascasse: les femmes dans le sport automobile, ce ne sont plus des clichés et des présences anecdotiques, qui amusent les machos. C'est une tendance lourde, un début de lame de fond, un peu comme dans la société moderne.

Dans le panel de onze femmes réunies samedi autour de Jean Todt, le président de la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA), il y avait deux "patronnes" bien connues, Monisha Kaltenborn (Sauber) et Claire Williams, deux jeunes pilotes, Marta Garcia (F4) et Tatiana Calderon (GP3). Il y avait deux femmes de l'ombre (Kate Beavan et Chloé Targett-Adams, FOM), qui ont longtemps été proches de Bernie Ecclestone. Il y avait aussi Susie Wolff, l'épouse du célèbre Toto (Mercedes), qui a lancé en Angleterre l'opération Dare to be Different, à l'intention des jeunes écolières qui veulent découvrir le karting. Il y avait bien sûr Michèle Mouton, rallywoman de légende et présidente historique de la Commission "FIA Women in Motorsport" créée en 2009 à l'initiative de Jean Todt. Il y avait Silvia Bonnet, une commissaire de course qui sanctionne parfois les pilotes de F1. Et il y avait deux femmes très importantes pour la Scuderia Ferrari, une au marketing/sponsoring (Lucia Pennesi) et l'autre au département design châssis de Maranello, l'ingénieure Francesca Venturi.

"Francesca, vous avez dessiné un châssis très efficace", a plaisanté James Allen, le modérateur de cette présentation haut de gamme sur les femmes dans le sport auto: un contingent de plus en plus évident, pas encore par le nombre (seulement 5% des effectifs, selon Michèle Mouton), mais déjà par la "compétence des personnes choisies par les écuries", a souligné Monisha Kaltenborn. "Nous choisissons la meilleure personne pour le job et nous nous fichons pas mal de savoir si c'est un homme et une femme" ajoute l'Autrichienne. "Il y a encore beaucoup de travail à faire, nous manquons de talents et la F1 doit devenir une destination privilégiée pour les étudiantes", estime Claire Williams. "La puissance vient du niveau de performance", surenchérit Susie Wolff pour qui le cliché du sport auto destiné aux garçons est en train de disparaître, grâce à de nombreuses femmes "qui en inspirent d'autres".

"Nous sommes en train de créer un réseau très fort, au sein de la FIA, et la moitié des fédérations et des automobile-clubs affiliés à la FIA (76 sur 150) ont déjà une représentante au sein de la Commission Femmes", a indiqué sa présidente, Michèle Mouton. "Tout commence par l'éducation et l'opération 'F1 in Schools' est très populaire dans une quarantaine de pays, y compris dans des Emirats du Golfe persique où les jeunes femmes sont totalement voilées", remarque Kate Beavan, la grande maîtresse du Paddock Club. Une vocation peut naître en participant à 'F1 in Schools' et les itinéraires pour arriver au sommet du sport automobile sont nombreux. Il y a par exemple le droit et les études juridiques, car "il y a beaucoup de contrats en F1", sourit Chloé Targett-Adams.

La présence de femmes de talent, en F1 et en sport automobile, est "un facteur de diversité, basé sur la compétence", ont insisté plusieurs participantes. Il y a "de plus en plus d'opportunités de carrière", et pas seulement dans les médias et les services de communication. Tout dépend du "niveau d'ambition" que se fixent les jeunes filles, ou les étudiantes, au moment de choisir ce qui sera leur métier, et donc leur vie de tous les jours. "Rien n'est impossible", "Ne vous laissez pas intimider", "N'abandonnez jamais", "Mettez la barre le plus haut possible", "Ne lâchez rien", les conseils sont simples et le plan de route est fixé par le président Todt.

"Nous avons déjà des femmes d'influence dans le Panel de Haut Niveau pour la Sécurité Routière, comme par exemple Mary Barra, la CEO de General Motors, et Anne Hidalgo, la maire de Paris", a rappelé Jean Todt. "Nous devons avoir plus de femmes au Conseil mondial de la FIA, à la Commission Mobilité, au Sénat de la FIA. Des femmes engagées, qui ont une vision, qui sont des véritables leaders, et qui vont écrire un nouveau chapitre de l'histoire du sport automobile", espère le président de la FIA. Ce programme ambitieux est candidat à un soutien officiel de l'Union Européenne, pour deux ans, autour des Bourses Erasmus Plus, a annoncé Michèle Mouton. Affaire à suivre.

La liste des participantes à la présentation de FIA Women in Motorsport, samedi matin au Paddock Club du GP de Monaco de F1: Claire Williams (team manager, Williams F1), Monisha Kaltenborn (team manager, Sauber F1), Susie Wolff (ex-Williams F1, fondatrice de Dare to Be Different), Silvia Bellot Bonet (commissaire FIA pour F2 et F1), Tatiana Calderon (GP3, pilote de développement Sauber F1), Marta Garcia (F4, Académie Renault), Lucia Pennesi (Ferrari, directrice marketing et sponsoring), Francesca Venturi (Ferrari, ingénieur design châssis), Kate Beavan (FOM Global Director of Hospitality, Experiences and Packages), Chloe Targett-Adams (FOM, Global Director, Promoter and Business Relations).

De notre envoyé spécial à Monaco

La conférence de presse de la FIA s'est tenue dans le Paddock Club

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