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Interview exclusive avec Sam Bird de Mercedes et Russian Time
Publié le
par Matthieu Piccon
Businessf1.fr est toujours présent, via son partenariat avec Fan-f1.com, dans le paddock de Silverstone. Aujourd’hui, nous sommes partis à la rencontre de Sam Bird, le troisième pilote de Mercedes en F1 et également titulaire en GP2 chez Russian Time.
Avec un bon départ, nous pouvons clairement espérer nous battre pour la victoire cet après-midi.
Sam Bird
En ce samedi matin, nous avons commencé par évoquer la qualification de la veille, marquée par l’arrivée de la pluie en milieu de séance. Le Britannique a su tirer son épingle du jeu puisqu’il a réalisé le deuxième temps : « Cela a été une séance difficile pour tout le monde. Quand la météo change comme ça, il faut que vous soyez à votre meilleur niveau dès le début, que vous soyez en mesure de tirer le maximum de vos pneumatiques tout de suite. Nous avons été en mesure de le faire. Je suis un peu deçu de ne pas finir en pole position mais la première ligne est quand même très bien. Avec un bon départ, nous pouvons clairement espérer nous battre pour la victoire cet après-midi. »
Depuis le début de la saison, il a déjà remporté deux courses, dont la prestigieuse course principale à Monaco alors que sa titularisation dans cette nouvelle formation n’a été que très tardive : « Je m’attendais à ce que nous souffrions un peu plus que ça mais j’ai toujours eu confiance dans l’équipe que nous serions en mesure de réussir. Cependant, nous avons été compétitifs dès le tout début de la saison, ce qui est génial. Même en Malaisie où le résultat n’a pas été extraordinaire. Nous étions les plus rapides lors de la première course, j’aurais dû être sur le podium lors de cette course sans mon drive-through. La performance était clairement présente dès le début mais nous avons aussi beaucoup amélioré la voiture. Il y a encore beaucoup de travail pour être les meilleurs mais on y arrive progressivement. »
En effet, en arrivant à Silverstone, il est certes troisième au championnat mais déjà une distance significative de Stefano Coletti et Felipe Nasr, qui collectionnent les victoires et podiums depuis le début de la saison. Pourtant autant le titre reste son objectif de la saison : « Le championnat est encore très ouvert, il y a encore sept week-ends de course, ce qui fait beaucoup. Nous ne sommes même pas à la moitié du championnat. Les deux devant moi auront à un moment un mauvais résultat, un mauvais week-end. Cela arrive à tout le monde en GP2. Cela s’est toujours passé comme ça et ça se passera toujours comme ça. Vous ne pouvez pas avoir une saison parfaite, en finissant toutes les courses dans les quatre premiers. Lorsqu’ils auront ce mauvais week-end, il faudra que je sois en mesure de capitaliser dessus. Je vais tout faire pour finir devant eux autant que je le peux. »
Ici vous avez les pneumatiques Pirelli qui sont utilisés en F1. Tout est fait pour vous permettre de passer d’une GP2 à une F1.
Sam Bird
Lui qui a passé deux saisons en Formule Renault 3.5, il effectue cette saison son votre retour en GP2. Il est donc en mesure de comparer les enjeux de ces deux séries de promotion concurrentes : « Oui, j’ai fait une saison en GP2 avant de passer deux ans en World Series. En fait, la plus grande différence que vous voyez tout de suite, c’est qu’ici, en GP2, vous êtes vraiment dans la catégorie pour arriver en F1. Tous les yeux sont tournés vers vous. Vous êtes devant les personnes que vous voulez impressionner pour le reste de votre carrière. Il y a donc cette petite pression supplémentaire pour réussir. Donc si vous êtes capables de gérer cette pression alors tout va bien. C’est la principale différence. Après, c’est sûr que les voitures sont différentes. Ici vous avez les pneumatiques Pirelli qui sont utilisés en F1. Tout est fait pour vous permettre de passer d’une GP2 à une F1. »
Il se prépare d’ores et déjà à une telle transition puisque, en parallèle de son engagement en GP2, il est le troisième pilote de Mercedes en F1. A la suite du tribunal de la FIA, c’est lui qui semble souffrir le plus du « Tyregate », puisque la FIA a interdit à Mercedes de participer aux essais de jeunes pilotes prévus à Silverstone le mois prochain. Même s’il regrette la conséquence individuelle que cela a pour lui, il n’en reste pas moins un membre de l’équipe : « En tant qu’équipe, nous avons fait ce que nous avions à faire. C’était une situation difficile pour nous mais nous sommes parvenus à éviter une punition trop sévère, ce qui était juste à nos yeux. Donc d’un point de vue de l’équipe, ça va. »
De par les relations de plus en plus étroites entre Mercedes et Sahara Force India, on pourrait envisager qu’il puisse tout de même participer à cette séance au sein de cette écurie. Mais cela ne semble pas à l’ordre du jour : « A l’heure actuelle, nous avons prévu de nous concentrer sur le travail en simulateur, ce genre de choses. Je ne suis au courant d’aucune discussion pour me mettre dans une autre voiture. Voilà ce que je sais à l’heure actuelle. »
C’est en quelque sorte un rêve qui devient réalité de pouvoir travailler avec une équipe de F1. La prochaine étape dans ce rêve serait de pouvoir courir en F1 et devenir un vainqueur en Grand Prix. Mais ce n’est pas le cas à l’heure actuelle.
Sam Bird
Il va cependant continuer le travail de développement de fonds de la monoplace de Lewis Hamilton et de Nico Rosberg, notamment à travers sa présence dans le simulateur de la marque à l’étoile : « Je suis au cœur du développement, tout le temps. Je suis très impliqué dans la manière dont nous structurons notre développement. Pour les différents composants de la voiture, nous allons avoir une idée de développement. Il y a ensuite une ligne de progression où le travail en simulateur est assez loin sur cette ligne de progression, avant que cette nouvelle pièce soit physiquement produite et ensuite intégrer à la voiture en course. Là où je rentre en compte est de voir sur le simulateur si les chiffres qu’ils auraient pu voir sur ordinateur se confirment une fois qu’on intègre la modification dans le simulateur. »
Le fait d’être impliqué de cette manière chez Mercedes lui permet également de développer ses compétences techniques puisque l’écurie a réalisé d’importants recrutements d’ingénieurs de haut vol au cours des derniers mois, le dernier en date étant celui de Paddy Lowe : « Il y a surtout eu une évolution, avec de nombreuses personnes qui sont arrivées. Nous avons maintenant Paddy Lowe, avec Aldo Costa, Bob Bell. J’ai travaillé avec Nick Fry, Ross Brawn. Ils sont parmi les meilleurs ingénieurs avec lesquels j’ai travaillé au cours de ma carrière. Il y a donc eu une évolution de nouvelles personnes de premier rang, qui sont arrivées dans l’équipe, pour faire évoluer la direction dans laquelle nous travaillons et la manière dont nous travaillons. Cela permet d’évoluer progressivement vers une équipe de nouveau championne du monde. »
Pour l’instant, il ne veut pas se projeter dans l’avenir, même si son rêve reste bien entendu de devenir un jour titulaire en F1 : « C’est difficile à dire, c’est vraiment difficile à dire. De nos jours, accéder à la Formule 1 est quelque chose d’extrêmement difficile. J’ai déjà un pied en F1 en tant que pilote-réserve, ce qui est fantastique. C’est en quelque sorte un rêve qui devient réalité de pouvoir travailler avec une équipe de F1. La prochaine étape dans ce rêve serait de pouvoir courir en F1 et devenir un vainqueur en Grand Prix. Mais ce n’est pas le cas à l’heure actuelle. Ce que je dois faire maintenant c’est me concentrer sur mon travail en GP2, essayer de gagner autant de courses que possibles. A commencer par la course de cet après-midi. C’est le plus loin où je peux regarder à l’heure actuelle. »