Silverstone conteste la viabilité du circuit du Pays de Galles

Publié le par Matthieu Piccon

Richard Phillips, SilverstoneEn juillet 2013, il a été annoncé qu'un projet de circuit de 320 millions d'euros venait d'être lancé au Pays de Galles. Aujourd'hui, Silverstone estime que ce circuit ne peut exister qu'avec de l'argent public, ce qui lui a été refusé. Les dirigeants locaux l'ont ainsi signifié au Premier ministre britannique, David Cameron.

A l'époque, Michael Carrick, le directeur de l'entreprise responsable du développement des vallées galloises, avait ainsi décri son projet : "C'est extrêmement important, non seulement pour la régénération de Blaenau Gwent mais également pour l'économie du Royaume-Uni, qui permet de mobiliser d'importants capitaux privés. C'est l'exemple-type d'un nouveau modèle d'investissements puisqu'il s'agit d'un partenariat entre des investissements privés et le gouvernement pour mettre en place une activité qui va transformer la région."

Or les dirigeants de Silverstone estiment que le projet ne peut se concrétiser qu'avec l'apport d'argent public alors que le circuit est l'un des rares du calendrier à ne recevoir aucune subvention publique et se doit donc de trouver un équilibre financier avec des activités au cours de l'année complète. Pour faire face à la dette contractée pour construire son tout nouveau paddock, Silverstone a été contraint en septembre dernier de céder certains de ses actifs dans le cadre d'un lease de 999 années accordé au fonds de pension de British Telecom, en échange d'un versement de 32 millions de livres sterling.

Lors de notre rencontre exclusive dans le paddock de l'édition 2013, Richard Phillips, le directeur du circuit, avait déclaré : "Si vous regardez à nos bénéfices, organiser des événements comme la Formule 1 ou le MotoGP représentent environ 32% de nos bénéfices. Le reste provient de nos autres activités. Nous devons le faire. Même si on gagne de l’argent avec la Formule 1, les coûts fixes autour sont énormes. Nous devons donc amortir ces coûts fixes sur d’autres activités et c’est ce que nous faisons avec notre programme de diversification que nous avons débuté il y a bientôt dix ans. A l’avenir, nous allons essayer de nous diversifier encore plus, en allant davantage sur des activités de loisirs. Nous avons ainsi une entreprise d’organisation d’événements qui opère sur trois continents. Nous avons donc beaucoup d’idées pour aller de l’avant et pour nous assurer que les sports automobiles puissent rester importants à Silverstone. Il est important de garder cette résilience car il se peut que les sports automobiles restent profitables à l’avenir, à cause de la façon dont se développent les coûts. Donc si nous nous diversifions l’entreprise sera résiliente et nous pourrons rester."

Aujourd'hui, les dirigeants de la maison du Grand Prix de Grande-Bretagne sonne la charge contre un nouveau concurrent qui ne jouerait pas sur les mêmes bases qu'eux : "Pour être clair, Silverstone n'a pas d'objection à ce qu'il y ait de la compétition entre les circuits britanniques mais cela doit être sur un terrain d'égalité."

Silverstone ne veut surtout pas se retrouver dans la situation de 2008-2009 lorsque Donington avait obtenu l'organisation du Grand Prix de Grande-Bretagne, avant de se retirer dans la dernière ligne droite au profit de Silverstone : "Fondé sur sa connaissance et son expériences sans égales de gérer un circuit de course depuis plus de 60 ans, le point de vue de Silverstone est que le projet du Circuit du Pays de Galles n'est pas viable. En 2008, les sports automobiles britanniques ont connu un scénario similaire lorsqu'une précédente équipe de direction à Donington Park avait sous-estimé les réalités économiques d'accueil de la Formule 1. Une amélioration significative proposée ne s'était jamais matérialisée à cause de projections irréalistes et un manque d'investissements."

Pour appuyer ses arguments, Silverstone rappelle qu'il est le coeur de la Motorsport Valley. Celle-ci représente ainsi un vivier d'emplois non négligeables puisqu'elle rassemble 4.300 entreprises, qui emploient 41.000 personnes. Leur chiffre d'affaires cumulé atteint les 9 milliards de livres sterling, ce qui en fait un poids lourd de l'industrie britannique.

La conclusion du communiqué du circuit est donc sans équivoque : "Silverstone réitère qu'il est sympathique envers la situation économique de l'Ebbw Vale mais les sports automobiles du point de vue des circuits n'est pas particulièrement rentable et réalisent souvent des pertes. De nombreux circuits britanniques sont sous-utilisés et ont du mal à générer du chiffre d'affaires. Il est irréaliste de suggérer que le Circuit du Pays de Galles sera une exception."

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