Le fiasco des nouvelles écuries

Publié le par Matthieu Piccon

Ferrari - toutes les équipesCela en devient risible : l'intersaison n'aura jamais été aussi intense... dans les coulisses ! En effet, tous les passionnés de Formule 1 ont été tenus en haleine pour savoir quelles écuries allaient être présentes, quelles seraient celles à disparaître, celles qui feront une arrivée tardives... Tout a commencé par le vrai-faux départ de BMW et de Toyota.

BMW Sauber devient BMW Sauber Ferrari

Le 29 juillet dernier, BMW décide, quelques mois après Honda, de quitter la Formule 1 à l'issue de la saison 2009. Les résultats ne sont effectivement pas du tout à la hauteur des investissements consentis et le KERS (le fameux système de récupération d'énergie cinétique), dans lequel la firme munichoise a beaucoup investi, se révèle être davantage un boulet qu'une avancée magnifique. Les dirigeants font alors savoir que "BMW va rester présent en sport automobile mais davantage avec des voitures proches des voitures de série." Après avoir renoncé au titre pourtant accessible en 2008, les hommes de Mario Theissen décident donc de tirer un trait sur leurs cinq années de présence en tant que constructeur-motoriste.

Le scénario qui se décide alors est une reprise par un mystérieux fonds d'investissement, Qadbak, qui "représente des familles moyenne-orientales et européennes." Or ce rachat annoncé à la mi-septembre ne vera jamais le jour puisque "la reprise de BMW Sauber par QADBAK était soumise à certaines conditions, et celles-ci n’étaient plus remplies"avait alors sobrement déclaré Peter Sauber. Le Suisse décide donc fin novembre de racheter l'écurie qu'il avait fondé en 1993 avant d'en céder 75% en 2005. Mais pour ne pas perdre les droits commerciaux dus à l'écurie BMW Sauber F1 Team, il décide de ne pas changer le nom de l'écurie alors que le motoriste sera désormais Ferrari, comme cela était le cas avant le rachat par la firme à l'hélice ! L'écurie se retrouve alors dans la situation ubuesque où elle s'appelle BMW Sauber Ferrari ! Un signal on ne peut plus fort de la reconnaissance par les hommes de BMW que leur moteur n'était pas suffisamment performant alors que c'est l'un des axes majeurs de la communication de l'entreprise sur ses véhicules de série !

Or ces longs moins d'incertitude n'ont pas permis à l'écurie de signer les Accords Concorde en juillet dernier, ce qui permit à Lotus de lui ravir la 13ème place sur la grille ! Le précieux sésame sera accordé une fois qu'un autre grand constructeur décide de se retirer, à savoir Toyota.

Toyota qui devient Stefan GP ?

A l'instar des dirigeants bavarois, le top management du premier constructeur mondial n'apprécie que très peu de voir ses centaines de millions de dollars ne pas se convertir en succès sur la piste. Le 4 novembre, il décide donc d'annoncer à son tour que l'écurie basée à Cologne se retirait avec effet immédiat de la Formule 1 ! Mais afin d'éviter un plan social qui coûterait également une fortune, les dirigeant nippons cherchent un repreneur pour ce qui donne le plus de valeur à l'écurie : le châssis qu'elle avait commencé à  développer pour la saison 2010. Cette perspective va intéresser l'homme d'affaires serbe Zoran Stefanovich, qui va décider de monter le projet Stephan GP sur les cendres de Toyota Motorsport.

S'en suit une longue bataille pour obtenir la fameuse treizième place sur la grille qui permettrait au projet de devenir une écurie de Formule 1 à part entière. Stefanovich commence par cibler l'écurie espagnole Campos Meta, dont le point faible réside dans le fait qu'elle a du mal à payer Dallara, son fournisseur italien de châssis. Stefanovich va donc tout tenter pour l'empêcher de bénéficier de ce châssis, qui la mettrait, de fait, hors course ! Mais le rachat par Jose Ramon Carabante, qui devrait se traduire par un changement de nom (le nom d'Hispania Racing est de plus en plus évoqué) la semaine dernière a mis fin à ces espoirs.

L'échec d'USF1

Il va donc focaliser ses attaques sur l'autre maillon faible de la liste de 13 écuries indiquées par la FIA : USF1. Peter Windsor et Ken Anderson avaient pour objectif de créer une écurie 100% américaine, à partir de Charlotte, qui est le coeur de la Nascar outre-atlantique. Au départ, ils ne voulaient engager que des pilotes issus de la bannière étoilée. Mais devant leur échec et le manque de financements, ils ont du se résoudre à trouver d'autres solutions. La signature du pilote argentin Jose Maria Lopez, soutenu par son gouvernement, devait leur permettre d'assurer leur présence. Mais les retards pris dans le développement de la monoplace 2010 a pris un tel retard qu'ils ont essayé de négocier une absence aux quatre premières courses de la saison, ce qui enfreint les règles édictées par la FIA.

La mort de ce projet semble de plus en plus probable puisqu'il y a peu de chances que la FIA autorise l'écurie à se representer pour la saison 2011, comme elle l'espère secrètement. Elle devrait donc laisser sa place à Stefan GP, qui a pris la décision début février d'envoyer six tonnes de matériel en direction de Sakhir afin de montrer sa volonté à toute épreuve d'être présent dès le début de la saison. Elle aurait ainsi déjà nommer ses deux pilotes, à savoir Kazuki Nakajima et le champion du monde 1997 Jacques Villeneuve.

Lotus et Virgin à six secondes au tour

Quant aux deux écuries qui sont parvenues à développer à temps leur monoplace pour les essais d'intersaison, Lotus et Virgin, on ne peut pas dire qu'elles aient trouvées immédiatement la clé de la performance. Les derniers essais disputés sur le circuit de Barcelone, qui fait figure de juge de paix, semble donner raison à ceux qui doutent de la compétitivité des nouveaux venus : ils ont trusté les dernières places, souvent à plus de six secondes des meilleurs temps. A un tel point que Mark Webber regrettait la disparition de la règle des 107% qui permettait d'empêcher les "chicanes mobiles" lors de la course !

Tout cela, nous fait dire que Ferrari n'a peut-être pas tort lorsqu'elle déclare que la "guerre sainte" menée par Max Mosley pour imposer la venue de nouvelles écuries grâce à la réduction des budgets est pour l'instant un échec cinglant puisque deux grands constructeurs ont fait la place à trois ou quatre projets beaucoup moins sérieux ! Il est certain que l'image de la Formule 1 n'en sortira pas grandie, elle qui se veut étant la référence du sport automobile mondial. La Formule 1 reste avant tout un sport de haute technologie et non simplement un immense champ de communication marketing pour des entreprises ou des invidus qui voudraient se placer sous les projecteurs dorés des télévisions du monde entier...

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