Début de week-end catastrophique de la F1 à Las Vegas
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Liberty Media a vécu un jeudi catastrophique : après des semaines de montée en puissance médiatique menant au retour de la F1 à Las Vegas, rien ne s'est passé comme prévu. De problèmes de sécurité sur la piste jusqu'à l'expulsion des spectateurs pour la deuxième séance !
Le dicton veut que "ce qui se passe à Vegas reste à Vegas." En l'occurrence, il y a peu de chances qu'il soit respecté. En effet, la F1 a fait énormément de bruit médiatique autour de cette course, allant même jusqu'à publier un article intitulé "Pourquoi le Grand Prix de Las Vegas pourrait être le plus grand spectacle sur Terre" sur son site web. Le sens de la mesure à l'américaine...
Il faut dire que Liberty Media, propriétaire des droits commerciaux de la F1, joue extrêmement gros sur cette épreuve. En effet, pour la première fois de son histoire, Liberty Media est le promoteur de l'événement, à savoir que c'est bien l'entreprise américaine, cotée en Bourse, qui est l'organisateur de l'épreuve. Cela s'est traduit par l'achat d'un terrain pour 240 millions de dollars, puis la construction d'un bâtiment permanent pour la même somme pour en faire le paddock. De plus, il a fallu resurfacer l'ensemble du Strip de Las Vegas afin de le rendre compatible avec la tenue d'une course de Formule 1.
Après un show le mercredi soir qui se voulait la réponse au spectacle de mi-temps du Super Bowl (avec des places vendues à 160 dollars pour voir des pilotes monter sur des promontoires), l'heure était enfin de prendre la piste. Le moins que l'on puisse dire est que ce fut de courte durée : après moins de huit minutes lors de la première séance d'essais, le drapeau rouge fut sorti. La raison ? Une bouche d'égout n'a pas supporter l'effet de sol des monoplaces. Après qu'elle est commencée à se soulever au passage de la Williams d'Alex Albon, elle s'est détachée au passage de la Ferrari, puis fut percutée par l'Alpine d'Esteban Ocon. Bilan des courses : changement de châssis pour les deux monoplaces ! L'addition est encore plus salée pour Carlos Sainz, dont les batteries et le moteur n'ont pas survécu à l'impact. Comble de malchance pour l'Espagnol, il se retrouve donc en excès du quota autorisé et se voit infliger une pénalité de 10 places sur la grille pour un problème de sécurité du circuit. Comment dit-on ubuesque au pays de la "capitale mondiale du divertissement" ?
Une fois le problème identifié, il fallait le corriger. Il a alors été décidé de retirer toutes les bouches d'égouts et les combler avec de l'asphalte. Au total, l'opération a duré cinq heures. La seconde séances d'essais a donc débuté à 2h30 du matin, heure locale ! Mais devant des tribunes absolument désertes. Est-ce que les spectateurs auraient tous décidé d'aller de se coucher dans la ville qui se veut celle qui ne dort jamais ? Pas du tout ! Ce sont tout simplement les organisateurs qui ont décidé de tous les évacuer à 1h30 du matin.
La raison d'une telle décision est aussi improbable que tout ce qui a précédé : le contrat des responsables de la sécurité ne prévoyaient pas une telle durée de travail. De surcroit, les conducteurs de bus, chargés de ramener les spectateurs vers leurs hôtels, avaient atteints leur quota d'heures travaillées maximum. La solution était donc que les spectateurs ne soient plus présents et retournent tranquillement dans leurs chambres après avoir dépenser des centaines de dollars pour assister au retour de la F1 à Sin City...
Devant une telle situation catastrophique, Liberty Media ne pouvait garder le silence. Un communiqué de presse a donc été sorti pour revenir sur les différents éléments. Le premier paragraphe du communiqué signé de Renee Wilm, PDG de Las Vegas Grand Prix (et employée de Liberty Media) et Stefano Domenicali, PDG de la F1, donne le ton : "Notre priorité en Formule 1 est la sécurité de nos pilotes, de nos employés et de nos fans. La responsabilité lors des Grand Prix de Formule 1 revient à la Formule 1 en tant que détenteur des droits commerciaux du sport, la FIA en tant qu'organe régulateur et le promoteur local, en l'occurrence Las Vegas Grand Prix (NDLR : détenu par Liberty Media). Il est important de le comprendre pour ceux qui sont nouveau à suivre la course automobile."
La suite du communiqué continue dans la même veine : "Nous savons que c'est décevant. Nous espérons que nos fans comprendront avec nos explications que nous avons dû équilibrer de nombreux intérêts, y compris la sécurité de tous les participants et l'expérience des fans pendant tout le week-end de course. Nous sommes tous allés à des événements, comme des concerts, des matchs ou même d'autres courses de Formule 1 qui ont été annulés à cause de facteurs comme la météo ou des problèmes techniques. Cela arrive et nous espérons que les gens comprendront."
La différence de taille avec les autres événements indiqués est qu'il ne s'agit pas d'une averse ou autre événement imprévisible. Il s'agit d'un problème de sécurité, qui a détruit deux voitures qui sont construites pour résister à des chocs extrêmement violents. En 2021, la FIA et Liberty Media avaient déjà provoquées la colère des fans lorsqu'ils avaient fait rouler les monoplaces pendant quatre tours derrière voiture de sécurité sous le déluge de Spa-Francorchamps afin de ne pas avoir à les rembourser pour cause de course annulée.
La F1 a déjà connu un fiasco à Indianapolis quand seules six voitures avaient pu prendre le départ à la suite des problèmes sur les pneumatiques Michelin. Le contrat du circuit n'y avait pas résisté et la course avait disparu deux ans plus tard. Sauf que la situation est bien différente puisque le promoteur à Las Vegas est bien Liberty Media. A n'en pas douter les actionnaires ne manqueront pas de demander des explications. Tout comme les fans. Mais, pour eux, Liberty Media avait déjà reconnu pendant l'été que la première édition servirait à essuyer les plâtres. Ils ne pensaient pas si bien dire...