Vers l'introduction de la F1 à la bourse de Singapour ?
Dès le début de la saison, toutes les discussions du paddock sont concentrées autour de la négociation des nouveaux Accords Concorde, qui régissent les droits commerciaux de la F1. La piste actuellement évoquée serait une prise de participation par certaines écuries, rendue possible par la côtation de la F1 à Singapour.
Le feu a été mis aux poudres par un article publié par Mark Kleinman sur le site de Sky Sports. Celui-ci révèle que Ferrari maintiendrait son statut privilégié acquis lors des négociations des accords actuels. En effet, la Scuderia bénéficierait d'actions de la F1 ainsi que d'une place au conseil d'administration de la discipline. Elle serait imitée en cela par Red Bull, qui pourrait nommer son fondateur, Dietrich Mateschitz, ou son team principal, Christian Horner.
Ces deux équipes auraient également le droit à un traitement spécial quant aux fonds reversés par la FOM de Bernie Ecclestone. Ferrari ferait ainsi jouer son rôle central à la F1 en tant que seule écurie à avoir disputé l'ensemble des saisons depuis l'existence de la discipline, ce qui se traduirait par un versement annuel minimal de 1,244 million de dollars.
De plus, des super bonus seraient accordés aux meilleures équipes. Ainsi chaque équipe signataire de ces nouveaux accords et qui auraient remporté un titre constructeur sans changer de nom de châssis recevrait un versement de 10 millions de dollars tandis que toutes les équipes championnes du monde depuis 2000 recevraient 5 millions de dollars par titre remporté. La fidélité des écuries serait également récompensée puisque 5 millions de dollars supplémentaires seraient versés à l'ensemble des écuries qui ont toujours été présentes depuis 2000, sans changer de nom commercial. Enfin, une dernière prime, appelée Double Champion, établirait le versement de 35 millions de dollars au premier constructeur ayant remporté deux titres constructeurs consécutifs depuis 2008. C'est donc Red Bull qui en recevrait le bénéfice.
Cette réparition ferait donc deux grands perdants : Mercedes (le titre 2009 a été obtenu avec le nom de Brawn GP) et Lotus (les titres 2005 et 2006 ont été obtenus sous l'appellation Renault F1 Team). Il n'y a donc que très peu de chances qu'elles acceptent un tel accord, d'autant plus que Mercedes est un poids lourd dans le paddock avec les trois écuries que l'entreprise allemande fournit en moteur. Les petites écuries sortiraient également très fragilisées d'un tel accord puisqu'il revient à financer les grandes écuries alors qu'elles n'ont pas nécessairement des problèmes financiers.
Néanmoins, certains détails avancés dans les documents préliminaires que Mark Kleinman aurait pu lire sont troublants. Le principal correspond au pourcentage réservé aux écuries, qui s'éleverait à 47,5% des bénéfices avant impôts, dépréciations et intérêts. Or à l'heure actuelle, les écuries sont parvenues à d'ores et déjà sécuriser 50%. Même si leur union a volé en éclat avec le départ de Ferrari et Red Bull (ainsi que leus écuries associées, Sauber et Toro Rosso), il parait très peu probable que les écuries acceptent un pourcentage inférieur alors que si elles parvenaient à se mettre d'accord elles pourraient obtenir un pourcentage supérieur en rachetant collectivement les actions détenues par CVC Capital. C'est le choix stratégique mis en place par les sports américains, comme la NBA ou la MLB.
Cependant, si CVC venait à poursuivre ses plans d'introduction en bourse, Singapour apparaitrait comme une destination favorite. La place asiatique avait déjà été évoquée lors des projets du club de football anglais Manchester United d'entrer en bourse, avant que le projet ne soit gelé en raison de l'instabilité des marchés. Singapour dispose de plusieurs atouts pour séduire CVC et Bernie Ecclestone : la Cité-Etat accueille depuis 2008 une épruve du championnat du monde de F1 et est le siège d'un de ses plus gros sponsors, UBS. De plus, le fonds étatique Temasek aurait été approché pour devenir un actionnaire de référence de la discipline.
Mais avant qu'une telle introduction, qui pourrait ne concerner que les 15,3% que Lehman Brothers s'est engagé à céder dans les deux ans, les dirigeants de CVC devront présenter un avenir stable pour la discipline. Or celui-ci a encore deux inconnues majeures : la nomination du successeur de Bernie Ecclestone, qui reste au coeur du système qu'il a fondé au cours des dernières décennies, et les Accords Concorde. Avant cela, il parait plus qu'improbable que la valorisation de 10 milliards de dollars évoqués par certains médias puisse être atteinte alors que la F1 ne devrait générer, selon Formula Money, que deux milliards de dollars au cours de la saison 2012.
Il est donc fort probable que les autres équipes chercheront à améliorer leur sort financier et que les négociations risquent d'être encore longues et difficiles d'ici à leur expiration, à la fin de l'année.