La F1 attire toujours autant de téléspectateurs

Publié le par Matthieu Piccon

Brawn GP - Rubens Barrichello, Jenson ButtonMonaco accueille en ce moment le Motor Sport Business Forum, où se réunissent les principaux acteurs des sports automobiles dans le monde. A cette occasion, Mediamétrie, via sa banque de données Eurodata TV Worldwide,  a diffusé son étude annuelle Yearly Sport Key Facts.

Celle-ci a pour objet de faire le bilan des audiences enregistrées entre septembre 2008 et octobre 2009 dans différents sports, dont, pour la première fois, les sports automobiles. Evidemment, la F1, qui est l'un des sports les plus médiatisés, fait partie de cette étude.

Il en ressort, selon Florent Simon, responsable commercial Sport à Eurodata TV Worldwide, que "la Formule 1 compte plus que jamais parmi les événements les plus fédérateurs et générateurs d'audience à la télévision grâce à une constante innovation dans les formats et à un suspense intense".

Quelles véritables causes à ces bonnes audiences ?

Je ne suis pas entièrement d'accord avec cette analyse : certes, la saison 2009 a apporté un lot de nouvelles mesures dont les effets ont été plus ou moins heureux. Certes ce ne sont plus toujours les mêmes gagnent puisque le "petit poucet" Brawn GP a mis à terre tous les grands constructeurs (Ferrari, McLaren-Mercedes, Renault, Toyota, BMW...). BMW a beaucoup investi et compté sur son KERS (système qui permet de récupérer l'énergie dégagée au freinage) pour obtenir un avantage concurrentiel. Ferrari, McLaren et Renault ont fait de même. Mais cette technologie n'a pas fait ses preuves et il est même abandonné pour la saison 2010, avant un éventuel retour pour tous en 2011. L'innovation technologique n'aura donc pas été plus heureuse.

Quant à l'innovation dans les formats, elle est discutable. La principale évolution ces dernières années a résidé dans les qualifications, le format de la course à proprement dit est rester inchangé depuis plusieurs décennies. D'un format d'une heure sans interruption, plusieurs solutions ont été envisagé (un tour par pilote, cumul des temps sur deux tours...) avant que la solution actuelle ne soit retenue : trois sessions au cours desquelles les pilotes sont éliminés au fur et à mesure. Cette évolution ayant eu lieu il y a plusieurs saisons, cela n'explique pas pourquoi les audiences actuelles restent élevées.

De même, peut-on vraiment parler de suspense intense quant à cette saison ? Jenson Button a remporté six des sept premières épreuves avant de gérer sagement le reste de sa saison. S'il avait plus forcé son talent, il aurait pu taquiner les records d'un MIchael Schumacher de la grande époque. Mais son sacre à l'issue du Grand-Prix du Brésil aura été tout sauf une grande surprise. Rien à voir avec le titre obtenu par Lewis Hamilton dans le dernier virage de la dernière course de la saison, toujours à Sao Paulo.

Des audiences liées à la nationalité

Ce qui est mis en valeur dans cette étude est l'importance des scores réalisés dans différents pays. Ainsi la Hongrie, seule représentante de l'Europe de l'Est au calendrier 2009 enregistre de très belles audiences puisque chaque course rassemble plus d'un million de téléspectateurs. Dans ces conditions, on peut comprendre l'intérêt de Bernie Ecclestone de vouloir avoir une plus grande présence dans cette région géographique, comme l'a montré son soutien au rachat (avorté) des installations de Toyota par un homme d'affaires serbe.

De plus, on peut constater que de très fortes audiences sont réalisées dans des pays connaissant un certain succès dans la discipline. Ainsi même si elle est devancée par le foot, la F1 s'impose sur le podium en Angleterre (titres successifs de Lewis Hamilton et Jenson Button) ainsi qu'en Espagne (titre de Fernando Alonso). Le succès de l'ouverture des ventes pour le Grand-Prix d'Angleterre 2010 confirme cet engouement populaire pour la Formule 1.

En Italie, les audiences sont en nette baisse (-1,5 million de téléspectateurs à chaque course) par rapport à la saison 2008. L'explication d'une telle baisse peut s'expliquer par le fait que Felipe Massa a défendu les chances de la Scuderia (qui restait sur un double titre en 2007) jusqu'à la dernière course en 2008 alors que la saison 2009 a été beaucoup plus difficile.

Un tiers de téléspectatrices

Si l'on peut discuter la réalité des causes invoquées pour expliquer les bonnes audiences réalisées dans la grande majorité des 31 pays envisagés, il y a, néanmoins, une donnée très intéressante qui se dégage. Que ce soit en France, en Italie ou encore en Hongrie, le nombre de téléspectatrices est tout à fait signficatif puisqu'il se stabilise aux alentours d'un tiers ! Le sport mécanique n'est donc pas exclusivement un sport d'hommes mais bien un sport qui peut fédérer tant les hommes que les femmes.

Une donnée que les annonceurs ferraient bien d'intégrer alors qu'ils proposent pour l'instant une vaste majorité de leurs messages à destination des hommes. Ainsi pendant les coupures publicitaires, L'Oréal Paris met davantage en avant sa ligne Men Expert que ses colorations ou shampooings. Mais n'est-ce pas un moyen de "faire du bruit médiatique" avec une marque à laquelle les femmes sont sensibles tout en portant l'attention sur des produits qui peuvent intéresser les hommes. De l'art de faire d'une pierre deux coups...

Publié dans Media, Audiences TV

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