Grosjean : "On se fait chier"
Les pilotes sont mécontents du règlement actuel et sont de plus en plus nombreux à le dire publiquement. Fait rare, ils sont tous d'accord entre eux et ne s'alignent pas sur les intérêts de leurs équipes respectives.
Interrogé dans le paddock du Red Bull Ring sur son point de vue sur le début de saison marquée par la domination sans partage de Mercedes, Romain Grosjean n'y est pas allé par quatre chemins : "On se fait chier ! Moi ça va, au moins, je peux conduire ! C'est pour ça que j'espère que 2021 sera un vrai changement, pas des petites modifications. Des petites modifications, ça ne sert à rien."
Daniel Ricicardo était sur la même longueur d'onde en déclarant de son côté : "Des fois quand je suis dans la voiture, je me demande ce que voient les fans à la télé. J'espère pour eux qu'il y a des batailles plus haut dans la hiérarchie car moi je peux me retrouver très seul..."
L'un des gains significatifs des pilotes est d'avoir obtenu de pouvoir se rendre aux réunions où le prochain règlement est discuté, même s'ils n'ont pas de droit de vote. Si un front commun semble se dessiner entre les pilotes, la situation n'en est pas à aller au blocage, voire au boycott : "On va aller faire grève et passer pour des blaireaux ? Je leur dis aux gars : "Vous êtes des pilotes de F1, vous gagnez bien votre vie, vous faites un métier de rêve et vous voulez vous mettre en grève ? S'il y un problème de sécurité comme les pneus qui explosaient, là, oui, tu peux te mettre en grève. Mais pour des changements de règles..."
Le pilote français souligne ainsi que l'ensemble des pilotes est d'accord sur la position à tenir, à savoir que les voitures doivent pouvoir générer de l'adhérence différemment que par la seule aérodynamique des ailerons et que les pneumatiques ne doivent pas surchauffer pour que les voitures soient en mesure de se suivre sur plus que deux ou trois tours.
Si Romain Grosjean confiait cela en petit comité dans son motorhome, ses homologues ont repris ces propositions lors de la traditionnelle conférence de presse du jeudi après-midi. Charles Leclerc a ainsi déclaré : "C'est nous qui sommes dans les voitures. Nous ressentons ce qu'il se passe dans la voiture. Nous sommes tous d'accord sur ce qui doit être changé."
Dans ce contexte, les différents pilotes ont nécessairement été interrogés sur la double pénalité infligée à Daniel Ricciardo lors de sa manœuvre dans le dernier tour du Grand Prix de France. Le principal intéressé reconnaissait ainsi qu'au moins une pénalité était méritée : "J'aurais préféré que la séquence soit considérée comme un seul incident et non deux. Avec une, je me retrouvais déjà 10ème avec un point. Là, avec deux, je me fais sortir. Je n'ai rien contre Gasly mais il se retrouve avec un point alors qu'il n'avait jamais été en position de l'avoir."
Du point de vue de Romain Grosjean, la question est davantage du côté du tracé spécifique de la piste du Castellet et ses grands dégagements. : "Si on met deux mètres d'herbe tout le long, on n'est pas embêté, personne ne sortira. Là Kimi se colle contre la ligne et voit Ricciardo quand même le dépasser. Ce n'est pas normal. La prochaine fois, il faut qu'il aille jusqu'au mur ?"
De notre envoyé spécial au Red Bull Ring