La F1 et la politique, liaisons dangereuses

Publié le par Matthieu Piccon

La F1 s'est souvent retrouvée au coeur de polémiques politiques. Dernier exemple en date ce week-end lorsque McLaren a accueilli Donald Trump lors du Grand Prix de Miami.

Dans le bain de foule de célébrités qui se sont rassemblées sur la grille de départ à Miami, une seule a fait le tour du monde : l'image de Donald Trump tout sourire à côté de Zak Brown, devant le garage McLaren. En pleine campagne pour les élections américaines, cela ne pouvait que faire du bruit et les commentaires se sont enchainées, qu'ils soient positifs ou négatifs en fonction des positions des uns et des autres.

Devant la flambée médiatique, McLaren s'est senti obligé de diffuser un communiqué : "McLaren est une organisation apolitique. Cependant, nous reconnaissons et respectons la fonction de président des États-Unis. Lorsque la demande a été faite de visiter notre garage le jour de la course, nous avons donc accepté. Nous sommes honorés que McLaren Racing ait été choisi comme représentant de la F1, ce qui nous a donné l’occasion de présenter l’ingénierie de classe mondiale que nous apportons en sport automobile."

Pourtant, le candidat était de nouveau présent au pied du podium pour fêter la victoire de Lando Norris, présenté par Mohammed Ben Sulayem. Alors qu'une discussion entre l'ancien président des Etats-Unis, le président de la FIA, le président de la F1 (Stefano Domenicali) et le patron de Liberty Media (Greg Maffei) eu lieu dans le garage, aucune de ces trois organisations n'a diffusé la moindre image de l'événement, comme si elles étaient embarrassées par un tél événement.

Ce n'est pas la première fois que la F1 est citée dans un contexte géopolitique ou d'ordre sociétal. Cela fait même longtemps. On peut ainsi citer le Grand Prix d'Afrique du Sud entre 1967 à 1985, soit en plein apartheid. De même, la F1 s'est rendue en Argentine de 1977 à 1981 alors que le pays était dirigée par une junte militaire. On peut aussi se rappeler que Renault a permis à Vladimir Poutine de faire une démonstration au volant d'une de ses F1 et que la Russie a accueilli une épreuve de 2014 à 2021, avant d'être annulée suite à l'invasion de l'Ukraine. Par contre, certaines fois, elle fut contrainte d'annuler une épreuve comme en 2011 à Bahreïn lorsque les émeutes locales en plein Printemps Arabe avait forcé la main des organisateurs au tout dernier moment.

Cependant, l'un des moments les plus forts en terme d'exposition reste bien la saison 2020, chamboulée par la pandémie et les mouvements sociétaux comme Black Lives Matter. Devant la mobilisation de Lewis Hamilton ou Sebastian Vettel, on peut alors se rappeler que la FIA s'est fendue de directives qui empêchaient ses principaux acteurs d'exprimer des opinions politiques dans le cadre de leurs interventions officielles lors des week-ends de course.

Les principaux dirigeants de la F1 et de McLaren ont donc considéré qu'inviter l'un des deux candidats à l'élection américaine ne constituait pas une plateforme politique... Pourtant, leurs homologues de l'IndyCar ont eux pris les devants puisqu'ils ont interdit au dernier moment au même Donald Trump de donner le départ de la course hors championnat de Thermal le mois dernier. De même, ils ont interdit toute livrée faisant la promotion d'un candidat lors des prochains 500 miles d'Indianapolis alors qu'une livrée aux couleurs de Donald Trump et Robert Kennedy Jr était envisagée par une équipe.

Les responsables de McLaren avaient donc une double raison d'être heureux de la victoire de Lando Norris. Cela permettait de se concentrer sur l'essentiel, la performance en piste, plutôt que leur encombrant invité...

La F1 est une plateforme mondiale pour faire passer des ménages

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