Alpine au coeur du cyclone médiatique

Alpine se retrouve dans une situation des plus paradoxales : alors qu'elle disposait de trois pilotes pour seulement deux baquets, l'équipe tricolore se retrouve devant le départ de l'un et le refus de l'autre. De quoi créer une tempête médiatique, qui devrait rapidement se transformer en bataille juridique.

Jusqu'à dimanche soir, il semblait que la tendance veuille que Fernando Alonso prolonge son troisième séjour au sein de l'équipe d'Enstone et Oscar Piastri effectuerait ses débuts en F1, soit chez Williams, soit chez McLaren.

Mais les cartes ont été rebattues ce lundi lorsque Fernando Alonso a décidé de claquer la porte pour rejoindre Aston Martin. Lors d'une conférence de presse digitale, Otmar Szafnauer, le directeur de l'équipe, a ainsi révélé qu'il avait appris la décision de son futur ex-pilote par l'intermédiaire du communiqué de presse l'annonçant chez Aston Martin ! Il commentait ensuite qu'il n'avait pas pu en discuter avec l'Espagnol puisque celui-ci serait sur un bateau dans les iles grecques, avant que celui-ci ne publie une story Instagram, le positionnant à... Oviedo !

Dès le lendemain, Alpine annonçait l'étape suivante logique, à savoir la promotion de son pilote de réserve Oscar Piastri en tant que titulaire, aux côtés d'Esteban Ocon. C'est à ce moment-là que la machine s'est enrayée : le pilote australien a démenti tout accord, concluant son tweet par "Je ne conduirais pas pour Alpine l'an prochain."

Comme toujours, les détails sont d'importance et le timing des différentes déclarations ne doit rien au hasard. En effet, Alpine avait contractuellement jusqu'au 31 juillet (soit dimanche) pour assurer à Oscar Piastri un baquet en course en 2023. Après cette date, il était en mesure de parler avec d'autres entités.

Or comme Alpine n'avait toujours pas trouvé d'accord avec Fernando Alonso, elle n'a pas formellement donné son accord pour que son pilote roule une saison ou deux au sein d'une autre équipe. L'Espagnol aurait ainsi attendu le 1er août pour annoncer son départ de l'équipe et placer son employeur dans une situation très inconfortable.

Pour autant, l'annonce de la promotion d'Oscar Piastri, sans la moindre déclaration de son pilote, ne doit rien au hasard non plus. En effet, l'équipe tricolore veut porter sur la place publique les débats et montrer qu'elle est dans son bon droit. Cet épisode rappelle étrangement la situation du pilote IndyCar Alex Palou, dont l'employeur actuel Chip Ganassi Racing avait annoncé la prolongation, avant que le pilote ne démente l'information et que McLaren annonce dans la foulée qu'il piloterait chez eux en 2023.

Or c'est bien McLaren qui est également impliqué dans l'imbroglio avec Oscar Piastri. De moins en moins satisfait des performances de Daniel Ricciardo, Zak Brown souhaiterait trouver une solution alternative, que le champion F2 et F3 conviendrait parfaitement.

L'image de l'équipe est forcément atteinte dans cette histoire : pourquoi un pilote aussi ambitieux que Fernando Alonso voudrait quitter la quatrième force du plateau pour rejoindre la neuvième ? Pourquoi un pilote soutenu depuis 2020 par le constructeur français prend le risque de refuser un baquet de titulaire pour une hypothétique possibilité de rejoindre une équipe du même niveau ?

Mais celle du pilote australien n'en sort pas grandie non plus : n'oublions pas que, même si son talent est certain, il n'a encore pas disputé le moindre Grand Prix de F1 et a donc encore tout à prouver. Ce n'est pas la meilleure façon de commencer sa carrière que de s'engager dans une bataille de communication à la structure à laquelle il doit tout jusqu'à présent...