Williams cède une part de son capital à un investisseur autrichien

Franck Williams et Patrick Head ont annoncé qu'ils cédaient une part minoritaire de leurs actions dans Williams Grand Prix Engineering Limited à Christian Wolff.

Mais restant fidèles à leur réputation de discrétion, les deux complices n'ont révélé aucun détail sur cette vente : ni le montant, ni le nombre d'actions concernés. Leur nouveau partenaire a fait de même en déclarant : "Pour des raisons contractuelles, je ne peux pas révéler ma part mais elle se situe entre 10 et 49%".  Le jeune investisseur (il n'a que 37 ans) a également souligné que cette opération avait une portée stratégique.

On ne peut pas douter de cette dernière affirmation. Franck Williams et Patrick Head sont à la tête de leur écurie depuis plus de quatre décénies et ils ont reçu de nombreuses offres au cours des années pour en céder une partie du capital. Ils ont même préféré laisser partir le génial ingénieur Adrian Newey plutôt que de céder à sa demande d'obtenir des actions de l'écurie. C'était dans les années 1990, époque à laquelle l'écurie de Grove était une des têtes d'affiche de la Formule 1. Newey allait alors partir chez McLaren où il permit à Mika Hakkinen de remporter deux titres mondiaux. Il officie désormais chez Red Bull, qui s'est battu pour les deux titres cette année alors que Williams n'est pas parvenu à signer le moindre podium.

Un pilote occassionel

Pour qu'ils aient (enfin) acceptés de faire entrer un nouveau partenaire à leurs côtés, c'est qu'ils ont une vision à long terme, surtout que Franck Williams a de nouveau déclaré qu'il n'avait absolument aucune intention de prendre sa retraire alors qu'il vient de fêter ses 67 printemps. Il est donc intéressant de s'intéresser au profil et à l'historique de la personne en question. Pour lui, la passion automobile est un vrai hobby puisqu'il commença très tôt sa carrière en Formule Ford dans son Autriche natale. Mais ayant davantage de talents pour les affaires que pour le pilotage, il préféra ne prendre le volant que de manière occasionnelle. Mais quand il le fait, cela ne passe inaperçu puisqu'il détient le record du tour de la mythique Nordschleife du Nürburgring, reconnue pour son exigence tant pour les voitures que pour les pilotes.

Des participations dignes d'intérêt

Mais c'est davantage pour son succès dans les affaires que Franck Williams a décidé de lui ouvrir son capital pour la première fois depuis 1977. En effet, il y a deux ans, Christian Wolff a décidé de prendre des parts (et de siéger au conseil d'administration) de HWA. Cette société est certes inconnue du grand public mais il s'agit de l'entreprise qui commercialise les moteurs de Mercedes en Formule 3 Euroseries sous le nom de Mercedes-HWA. HWA reprend les initiales d'Hans-Werner Aufrecht, du nom de son fondateur également à l'origine d'AMG en 1967. Le préparateur des voitures exclusives de la firme à l'étoile a depuis été complètement intégré au sein de Mercedes.

HWA a repris les activités de Mercedes-AMG en DTM (le championnat de voiture de tourisme allemand) lors de la fusion des deux entreprises. Lors de l'arrivée de Wolff, on lui a preta l'intention de s'aligner en Formule 1, comme une sorte de McLaren-bis. Le projet ne se réalisa finalement pas, tout comme le projet identique de David Richards avec Prodrive.

Williams, futur motoriste ?

On peut donc légitimement s'interroger sur l'intérêt pour Williams de s'allier si fortement avec une entreprise aussi proche de Mercedes, lui qui a toujours mis en avant son indépendance. Il avait ainsi refusé un rachat par BMW au début des années 2000. Bien lui en a pris puisque le constructeur bavarois a annoncé son départ à l'issue de la saison 2009 tout comme son motoriste actuel, à savoir Toyota.

C'est justement cette vague de départ qui donne tout son intérêt à l'alliance qui vient de se conclure. En effet, de nombreux talents sont désormais disponibles en Allemagne mais également un certain de compétences techniques et de propriété intellectuelle. Pour qui dispose des fonds nécessaires, il peut donc être intéressant de proposer une nouvelle solution en tant que motoriste.

Christian Wolff dispose de ces fonds ainsi que de compétence en temps que motoriste, via HWA, tandis que Williams dispose d'une expérience intégnable en tant que constructeur de châssis. On pourrait donc imaginer que WIlliams vise à terme de devenir motoriste pour être totalement intégré, comme peuvent l'être Ferrari, Renault ou... Mercedes. Cette possible orientation stratégique pourrait donc expliquer pourquoi Williams a préféré Cosworth à l'offre de Renault pour la saison 2010 : Cosworth pourrait mettre le pied à l'étrier des hommes de Grove vers une nouvelle compétence de taille : la construction de moteurs.

Affaire à suivre...