Günther Steiner fait le point sur la situation d'Haas

Publié le par Matthieu Piccon

A travers sa présence et son vocabulaire châtié dans Drive to Survive, Günther Steiner s'est imposé comme une figure remarquée du paddock. Le Grand Prix d'Austin était l'occasion de faire le point avec le directeur de l'équipe Haas.

A travers son partenariat stratégique avec MotorsInside.com, votre serviteur était dans le paddock du Circuit of the Americas à l'occasion du Grand Prix des Etats-Unis. Il s'agit donc désormais de l'une des trois courses à domicile de l'équipe américaine, en plus de Miami et de Las Vegas le mois prochain.

Une équipe basée dans trois pays différents

Mais si l'équipe court bien sous licence américaine, elle dispose d'une organisation atypique puisqu'elle dispose d'un centre de design et administratif en Caroline du Nord, une base opérationnelle au Royaume-Uni ainsi que de bureaux intégrés chez Ferrari, en Italie. Cependant, le dirigeant n'y voit pas une perte d'efficacité puisque cela lui permet de bénéficier notamment des synergies avec le reste du programme de compétition détenu par Gene Haas, à savoir une équipe de Nascar : "Le siège social est aux Etats-Unis et nous courrons sous une licence américaine. Nous avons toute notre administration et de beaucoup de machines ici. Cette partie fonctionne très bien, il n'y a pas de raisons de la changer. Nous avons beaucoup de synergies avec le reste des activités sportives de Haas : ici, nous avons nos RH, notre département finance car comme nous sommes une entreprise enregistrée aux Etats-Unis et nous devons donc respecter la réglementation locale. Le bâtiment est grand mais nous n'avons que 20-25 personnes aux Etats-Unis. Nous y sommes habitués car nous sommes nés comme cela. Depuis le premier jour, nous avons fonctionné de cette manière, nous n'avons pas eu besoin d'apprendre à fonctionner de cette manière."

Pas un soutien d'Andretti

L'équipe est donc bien aujourd'hui la seule équipe américaine, son dirigeant a bien fait savoir publiquement qu'il n'était pas du tout favorable à une équipe supplémentaire, qu'elle soit américaine ou pas. La raison est qu'il estime tout simplement que la visibilité supplémentaire qu'une telle équipe pourrait apporter ne pourraient compenser la dilution des revenus entre 11 équipes au lieu de 10 : "Tout d'abord, je pense que je ne suis pas le seul à ne pas y être favorable. Je suis peut-être l'un des rares à le dire publiquement. Peu importe que l'équipe arrive des Etats-Unis ou d'ailleurs. Mais en quoi est-ce que cela augmente notre business ? Cela ne le fait vraiment pas. En tout cas, on ne me l'a pas expliqué. Que l'on reçoive tous 20 millions de dollars en une fois n'est vraiment pas intéressant. Nous sommes une entreprise : en tant qu'entreprise, si on vous propose quelque chose qui n'est pas intéressant, vous dites simplement non. Mais nous n'avons pas de vote ! Nous donnons simplement notre avis."

Une situation financière stabilisée

C'est que le dirigeant se rappelle encore les heures sombres du début de la pandémie, en 2020. Comme les équipes tirent une grande partie de leurs revenus des courses disputées, l'arrêt brutal de toute activité a failli porter un coup fatal à de nombreuses équipes du plateau. Ce n'est donc pas une surprise que la F1 avait alors été la première compétition internationale à reprendre, afin de donner un bol d'air financier aux équipes.

Depuis le plafond des budgets a été mis en place. Haas se situe juste en-dessous d'un point de vue opérationnel puisque la FIA avait accordé une rallonge en début d'année afin de permettre de compenser les effets de l'inflation, qui n'a pas épargné les équipes de F1.

La semaine dernière, la Fédération a également octroyé une hausse du plafond des dépenses en capital. Pour Haas, cette augmentation se traduit par une augmentation de 20 millions de dollars, pour passer de 45 à 65 millions de dollars. Mais l'équipe américaine ne compte pas utiliser l'ensemble de cette dotation car ce n'est pas dans son business plan : "Cela ne nous aide pas vraiment. Sur le court et moyen terme, nous allons rester avec la structure actuelle et notre business modèle. Nous n'avons donc pas besoin de faire de gros investissements d'un point de vue capital. Si vous voulez investir 20 millions pour améliorer la performance de la voiture, cela va prend du temps. Je ne pense pas que tout le monde va sauter sur l'opportunité de pouvoir dépenser plus de 50 millions par saison. Quelqu'un (NDLR : James Vowles de Williams) voulait plus d'argent pour investir, aller jusqu'à 100 millions. Dépenser est facile mais investir est compliqué. C'est facile d'acheter des choses, de nouvelles machines. Chaque fois que vous faites un investissement capitalistique, vos dépenses opérationnelles augmentent : si vous achetez une nouvelle machine, vous avez besoin de personnes pour l'utiliser et en faire quelque chose."

Un tout nouveau concept de monoplace

Reste le plus important et c'est là que le bas blesse : les résultats en piste. Actuellement neuvième du classement, l'équipe n'arrive plus à se mêler à la lutte pour le coeur du peloton, comme c'était le cas au début de son existence. La faute à un concept de voiture qui a atteint ses limites et qui ne permettait plus trouver de performance supplémentaire. C'est pourquoi Austin était l'occasion de faire arriver une toute nouvelle monoplace, fortement inspirée par la référence du plateau, à savoir Red Bull : "Nous n'avons pas économisé de l'argent pour cette nouvelle voiture. Nous nous sommes retrouvés dans cette situation car nous avons développé l'ancien pendant quatre mois et nous avons trouvé très peu de performance. Nous avons dépensé l'argent de développement mais nous n'avons rien trouvé. Nous n'allions donc pas dépenser de l'argent pour produire de nouvelles pièces que nous savions qui ne nous apporterait rien du tout. Ce n'est pas comme si nous n'avions pas d'argent, c'est que nous n'avions pas de performance. Nous avons donc fait une grosse amélioration."

De notre envoyé spécial à Austin

Günther Steiner nous a reçu dans le paddock d'Austin

Günther Steiner nous a reçu dans le paddock d'Austin

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