TF1 pourrait se passer de la F1 après 2012
Pour tous les amateurs de Formule 1 français, le passage obligé pour regarder leur sport favori est historiquement TF1. Mais cela pourrait changer après 2012 puisque la première chaine française trouve les droits télévisés trop élevés par rapport aux recettes publicitaires.
Cette information nous ait livrée par nos confères des Echos, qui citent Laurent-Eric Le Lay, le PDG de la filiale Eurosport et en charge de l’acquisition des droits sportifs du groupe : "Plus qu’avant, nous devons être très prudents dans notre politique d’acquisitions. Les événements que l’on diffuse doivent être capables de faire de l’audience. C’est de plus en plus dur aujourd’hui".
Mais cette sortie médiatique ressemble pourtant étrangement aux techniques de négociations de Bernie Ecclestone, qui aime menacer ses interlocuteurs dans la presse afin de faire monter les enchères. Alors que son contrat actuel se termine en 2012, le but de la chaîne du groupe Bouygues a l'objectif exactement inverse : obtenir une augmentation contenue ou nulle, voire une baisse des droits télévisés exigés par la FOM.
Il faut dire que TF1 doit s'acquiter de droits significativement moins élevés que ceux de la BBC anglaise, où la concurrence a fait monter les prix jusqu'à une quarantaine de millions d'euros par an. Lors de la rénégociation de son contrat actuel (en pleine domination Ferrari-Schumacher), TF1 était parvenue à tenir à l'écart M6 et à obtenir un rabais lié aux résultats. Depuis, elle a ouvert la porte à sa rivale pour le football, comme l'a montré la dernière Coupe du monde.
Mais il y a très peu de chances qu'elle fasse de même avec la Formule 1 et ce pour plusieurs raisons. La première est que le calendrier est très dispersé sur l'ensemble de l'année : il n'y a pas trois courses par jour, comme cela peut être le cas lors du Mondial du foot. De plus, paradoxalement, le déplacement des courses vers l'Asie sert paradoxalement les recettes de la chaîne : les Grand-Prix matinaux permettent de booster une tranche horaire habtiuellement boudée par les annonceurs. Comme elle ne se prive pas pour mettre des pauses commerciales aux moments-clés de la course (arrêts aux stands des leaders, rentrée aux stands de la voiture de sécurité...), son chiffre d'affaires ne s'en porte que mieux.
Ainsi sur la saison passée, les courses de F1 ont été visionnées par une moyenne supérieure à trois millions de téléspectateurs français, ce qui lui a constamment assurée une part de marché instantannée entre 20 et 25%. Ainsi pour la finale du championnat, qui se déroulait à l'heure normale de 14 heures, TF1 a enregistré 4,4 millions de téléspectateurs, avec un pic à 5,6 millions, soit la meilleure audience de la saison après l'épreuve inaugurale de Bahreïn. Sa part de marché était alors de 28,6%. A titre de comparaison, sa moyenne mensuelle n'atteint "que " 24,7%.
Ces chiffres sont à mettre en perspective avec les résultats obtenus par les chaines diffusant la même épreuve dans les autres pays européens : l'Allemande RTL a dépassé pour la deuxième fois de la saison les 10 millions de spectateurs avec un pic à 12,1 millions et une moyenne de 10,3 millions pour voir leur compatriote Sebastian Vettel l'emporter. L'Espagne, qui compte quatre télévisions retransmettant en direct toutes les courses, a rassemblé près de 9 millions de fans, dont 7,6 pour la seule Sexta, de Fernando Alonso. De même, 10,6 millions de tifosis italiens (soit la moitié des téléspectateurs transalpins) étaient massés devant leur petit écran en espérant un nouveau sacre de la Scuderia. En Grande-Bretagne, la BBC a réuni 5,3 millions de personnes, soit 40 % de part de marché.
En regard de ces chiffres, il est logique que TF1, qui ne peut compter ni sur un pilote tricolore, ni sur une épreuve nationale, ne règle pas la même facture à la FOM, qui ne compte pas se priver d'un marché toujours important. Les négociations sont donc en cours et il est de bonne guerre de faire peur à l'adversaire pour obtenir les meilleures conditions commerciales.