Sepang veut devenir une attraction touristique toute l'année

Publié le par Matthieu Piccon

Force India - MalaisieSepang a été la premier circuit sud-asiatique à faire son apparition au calendrier de la F1 en 1999. Mais désormais, de nombreux concurrents voisins ont fait leur apparition, ce qui lui fait de l'ombre.

Les dirigeants ont donc décidé de mettre en place un vaste plan de développement pour en faire une attraction touristique à part entière, utilisable toute l'année.

A l'heure actuelle, les deux principaux événements sur le circuit de Sepang sont la course de F1 et celle de MotoGP, soit deux semaines de pleine occupation par an. Les monoplaces peuvent attirer jusqu'à 100.000 spectateurs alors qu'il y a "seulement" entre 30.000 et 50.000 paires d'yeux pour voir les exploits de Casey Stoner ou Valentino Rossi.

Razlan Razali, le PDG du Sepang International Circuit (SIC), a donc dévoilé ses plans de développement à nos confrères malaisiens du The Star : "Nous avons un plan pour transformer le SIC en une destination quotidienne. Nous voulons construire un hotel, une zone de commerciale et de divertissements, une zone duty-free ainsi que des batiments pour l'éducation au sein de l'enceinte du circuit." La logique derrière la construction d'un hotel sur le circuit est que cela permettrait de supprimer la distance relativement importante entre Kuala Lampur et Sepang. Cela servirait tant les équipes professionnelles que les passionnés privés qui se rendent sur le circuit pour des sorties privées. "Lors d'une journée typique de courses, les fans de course pourraient voir la course pendant que leur famille vont faire du shopping et que leurs enfants peuvent profiter des infrastructures de divertissement."

Si ces projets sont dans les cartons depuis quelques temps déjà, il reste encore du travail à faire d'ici la concrétisation de tous ces éléments, principalement à cause de la dimension économique du projet comme le reconnait le président Mokhzani Mahathir : "Nous parlons de ce plan depuis quelques temps mais nous devons nous assurer que le secteur privé soit intéressé. Les circuits autour du monde sont en train de changer leur business model afin de devenir davantage des parcs d'attraction que simplement un lieu de courses automobiles. L'idée est de le promouvoir comme une destination de divertissement. Il y a encore du travail à faire."

De nombreux exemples de par le monde

Il est vrai que de plus en plus de circuits adoptent cette stratégie commerciale afin d'attirer une population beaucoup plus diversifiée que les fans purs et durs de sports automobiles. Le premier à avoir adopté une telle stratégie est le circuit de Suzuka, qui dispose de son propre parc d'attractions, Motopia, dont le signe le plus évident est la grande roue que l'on peut voir en arrière-plan des courses. La raison qui a poussé le circuit à créer ce type d'infrastructures qui est l'un des deux seuls au monde (avec Silverstone) à ne recevoir aucune subvention publique puisqu'il est détenu par Honda. Il était donc vital que le circuit soit rentable pour pouvoir maintenir son activité.

De manière peu surprenante, Silverstone a également choisi cette approche puisque son propriétaire, le BRDC, a mis en place depuis l'année dernière un vaste plan de développement avec l'addition d'infrastructures davantage orientées vers le tourisme autour des sports automobiles que simplement sur le circuit. Cela pourrait même le mener à céder un lease de longue durée à un investisseur extérieur (le Qatar serait en discussions exclusives) pour bénéficier des fonds nécessaires à la réalisation rapide des travaux.

Un autre axe de développement a été choisi par le circuit d'Abu Dhabi. Dans ce cas-là, le circuit pouvait bénéficier pleinement des pétro-dollars du gouvernement pour assouvir ses ambitions les plus folles. Outre la construction du circuit en tant que tel qui s'élève à plus d'un milliard de dollars, les dirigeants ont également pu bénéficier que le fonds étatique était actionnaire de Ferrari pour obtenir la construction du premier parc d'attractions entièrement dédié au Cheval Cabré, le Ferrari World. Cela a permis de faire monter l'aura internationale de la capitale des Emirats Arabes Unis, alors dans l'ombre de sa voisine, Dubai.

Avoir un championnat national

Sepang compte également assurer son développement et l'audience de ses courses à travers la création d'un championnat national de monoplaces afin d'assurer une plateforme de lancements pour les jeunes talents locaux : "Nous n'avons pas de championnat national de monoplaces. Nous avons le championnat asiatique à travers le JK Asia Racing Series mais nous devrions avoir un championnat national. Comme cela lorsqu'un pilote malaisien apparait sur la scène internationale, ils peuvent s'adapter ou être compétitif."

Néanmoins, le nerf de la guerre reste l'argent et Razlan Razali estime que cela ne peut venir que du secteur privé et non du gouvernement : "Il y a de nombreux pilotes malaisiens sur la scène locale qui sont sponsorisés. Ils commencent à être sponsorisés dès l'adolescence mais lorsqu'ils s'élèvent dans la hiérarchie et courent au niveau régional, c'est fini, le sponsoring s'arrête. Je peux comprendre que maintenant tout doit avoir un retour sur investissement mais pour être un sponsor vous devez fournir à ces enfants une meilleure exposition médiatique, à un niveau mondial. Si ce n'est pas en F1, peut-être en GP2 ou GP3. De nombreuses entreprises malaisiennes sont soit régionales, soit mondiales. Elles doivent juste comprendre que le sponsoring des sports automobiles est aussi efficace que sponsoriser le badminton, le tennis ou le golf."

C'est cette stratégie qui est actuellement utilisée en Inde avec l'arrivée au calendrier de la F1 du deuxième pays le plus peuplé au monde. Force India a ainsi mis en place une compétition cherchant à former un pilote indien pour le faire arriver jusqu'au sommet des sports automobiles mondiaux.

Publié dans Circuits, Malaisie, Sepang

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