Vers un retour du KERS en 2011 ?
Le KERS n'est peut-être pas définitivement enterré dans les cartons des écuries de Formule 1. Au cours de la saison 2008, ce procédé de récupération de l'énergie cinétique dégagée lors des énormes freinages que subissent les écuries apparaissait comme un procédé miraculeux pour le spectacle puisque les pilotes pouvaient alors utiliser ce surcroit d'énergie pour doubler leurs concurrents. Très en pointe sur le sujet, BMW avait alors préféré sacrifier ses chances de titre pour 2008 (alors que Robert Kubica était en tête du championnat suite à sa victoire au Grand-Prix du Canada) pour optimiser son développement de sa monoplace 2009, construite autour de ce procédé.
Trop lourd, pas assez efficace et trop cher en 2009
Manque de chance, la technologie utilisée à l'époque présentait de nombreux défauts : son poids important (entre 20 et 30 kilos) était un obstacle à une répartition optimale des lests, ce qui nuisait à l'effecicacité des monoplaces. De plus, certains pilotes l'utilisaient non pas pour doubler mais, au contraire, défendre leur place face à des concurrents plus rapides. Ainsi Kimi Raikkonen l'avait utilisé pour doubler la modeste Force India de Giancarlo Fisichella lors du Grand-Prix de Spa avant de maintenir le Romain derrière à l'aide de son KERS.
Au final, ce procédé n'aura été utilisé en course que par McLaren, Ferrari, Renault et BMW Sauber. Il est intéressant de constater qu'il ne s'agit que d'écuries soutenues ou détenues par un grand constructeur, qui voyait là un moyen de développer une technologie transposable sur les voitures de série, non pas d'une logique de surcroit de puissance mais pour réduire la consommation de carburant et donc des émissions de CO2.
Mais outre les problèmes techniques déjà évoqués, l'un de ses inconvénients majeurs, principalement pour les petites écuries, était son coût. Il fallait, en effet, compter pas moins de 20 millions d'euros pour développer ou acheter cette technologie, sans compter les frais d'ingénierie pour l'implanter au mieux dans la monoplace. Cela explique également pourquoi seuls les Top teams de l'époque (le championnat fut finalement dominé par Brawn GP et Red Bull) firent les développements nécessaires. Il a donc été logiquement abandonné pour la saison en cours, même s'il n'est pas formellement interdit par le réglement technique.
1 million d'euros en 2011 ?
Mais une récente réunion de la FOTA semble l'avoir remis en odeur de sainteté. En effet, l'idée évoquée est de développer le système pour qu'il soit plus puissant et plus efficace. Selon Sam Michael, le directeur technique de Williams, "le niveau d’énergie doit passer de 400 kilojoules à 600 ou 800" pour que les écuries s'y intéressent. Mais surtout, il serait rendu beaucoup plus accessible puisqu'il pourrait être venu pour un million d'euros pour la saison, comme l'affirme Sam Michael : "Nous voulions au départ attendre 2013 mais Ferrari et Renault ont soumis une proposition à la FOTA qui stipulait que le KERS pouvait être utilisé pour moins d’un million d’euros. Donc nous souhaitons désormais utiliser le KERS pour 2011." Sur les rangs, on trouve trois écuries prêtes à développer et vendre sa technologie KERS pour ce prix mais pas dans les mêmes conditions.
Tout d'abord, on trouve Renault et Williams, qui seraient prêtes à proposer leur système à toute écurie intéressée. L'objectif est alors d'amortir au maximum les coûts de développement. Williams dispose d'une bonne expertise dans ce secteur puisqu'elle vient de racheter 30% supplémentaires (pour atteindre 70%) de Williams Hybrid Power, entreprise spécialisée qui a fourni le système utilisé sur la Porsche 911 GT3 R Hybrid de compétition. Quant à Renault, elle avait déjà développé un KERS pour 2009 et cherche à optimiser les performances de ses voitures électriques (dans lesquelles le Losange a investi 4 milliards d'euros) qui seront proposées à la vente dès 2012. La fourniture de KERS a un maximum d'écuries lui permettrait donc d'augmenter son retour sur expérience sur le sujet et donc de proposer un procédé davantage optimisé pour ses véhicules de série.
Ferrari est, quant à elle, dans une logique différente. La Scuderia ne serait disposée à proposer son système qu'aux écuries utilisant un moteur Ferrari. A l'heure actuelle, seules Toro Rosso et BMW Sauber seraient donc concernées par le projet. Là l'objectif est davantage politique puisque les hommes de Maranello obtiendraient alors une influence encore plus importante dans les différents comités (notamment au sein de la FOTA) puisqu'ils seraient encore plus impliqués dans les performances de ces écuries.
Cela fait donc un sujet de plus à traiter par la FIA et la FOTA d'ici au Grand-Prix d'Espagne puisque la question du ou des manufacturier(s) pour 2011 est également sur la table avec des propositions de Michelin, Avon et Pirelli.