Prost dénonce le manque de volonté pour un Grand-Prix de France
La France n'a plus de Grand-Prix de Formule 1 depuis 2008. Pourtant, un projet en région parisienne avait vu le jour en fin d'année dernière pour faire revenir le Formula One Circus dans l'Hexagone. Pour Alain Prost, la raison de cet échec est un manque criant de volonté de politique.
Il faut dire que le quadruple champion du monde était très impliqué dans les deux projets qui se dessinaient : d'abord, il avait apporté son soutien au projet à Disneyland avant de s'associer à Lagardère pour un nouveau circuit situé à Flins.
Pour lui, il faut que le gouvernement soit prêt à s'engager financièrement pour soutenir un tel projet, seule manière de faire tourner l'équation économique de l'opération : "Ce n’est qu’une équation économique : combien de spectateurs pouvez-vous accueillir ? Environ 50 à 60.000 payants. Le prix du plateau est de 15 millions d'euros, vous n’avez pas le droit à d’autres ressources. Les pertes sont donc d’environ huit millions d’euros. Qui est capable de mettre huit millions d’euros ? Soit ce sont les politiques, soit c’est le gouvernement en disant "c’est important pour la France d’avoir un Grand Prix de France". Sinon ce n’est pas la peine d’en parler. Quand j’entends dire qu’il faut un promoteur, c’est une hérésie totale. Le promoteur, on l’avait avec le groupe Lagardère et moi-même. Mais il faut avant tout que l’économie soit viable, sinon ce n’est pas un promoteur qu’il faut trouver mais un mécène."
C'est là qu'on voit toute la différence entre les pays développés et les pays dits émergents : alors que les contribuables australiens ou français s'inquiètent de ce déficit lié à la seule organisation, le gouvernement de Singapour prend en compte l'ensemble des retombées économiques pour le pays. Dans ce cas, l'équation générale est largement bénéficiaire puisqu'il faut bien que les dizaines de milliers de spectateurs se logent, se nourissent sur place. Les seules recettes de TVA supplémentaires permettent de compenser le déficit lié à l'organisation.
Mais pour attirer autant de spectateurs, il faut un lieu attractif. La région parisienne était donc une venue plus rentable que l'épreuve nivernaise : "Il y avait un vrai programme d’utilisation du circuit. Il y avait un avantage économique et social. Ce projet a été abandonné alors que tout était prêt, tout était financé. On aurait pu faire 100 000 (spectateurs) tous les ans autour de Paris. Tout le monde était enthousiaste, Bernie Ecclestone en premier. Mais le projet a été abandonné à cause des régionales, d’un problème écologique et surtout politique."
De plus, il faut préciser que ces 15 millions d'euros évoqués sont largement inférieurs à la contribution exigée des nouveaux Grand-Prix. Abu Dhabi ou Singapour doivent s'acquitter d'une somme entre 30 et 40 millions d'euros par saison. Bernie Ecclestone fait donc un effort financier en maintenant des épreuves européennes, le berceau de la Formule 1 mais surtout la région comptant toujours le plus grand nombre de spectateurs à chaque épreuve : "Aujourd’hui, on n’a plus de pilote français en F1, l’écurie Renault ne sera bientôt plus appelée Renault… C’est un peu compliqué mais tout ça n’est qu’un problème d’économie. Le prix du plateau de F1 demandé par Bernie Ecclestone est variable : une quinzaine de millions d’euros par an en Europe. A l’étranger, c’est entre 30 et 40, comme à Abu Dhabi. C’est donc une perte pour Bernie Ecclestone et pour les écuries car ces sommes-là sont redistribuées aux équipes."