Polémique autour des taxes indiennes
Alors que les organisateurs du premier Grand-Prix d'Inde faisaient tout depuis le début pour ne pas être assimilés à l'image désastreuse de l'épreuve inaugurale en Corée et aux Jeux du Commonwealth, le tableau est en train de se noircir à un mois de l'événement : il y a de gros incertitudes sur l'avancée des travaux et New Delhi entend prélever une taxe sur les salaires des pilotes et du personnel des équipes.
Le premier problème est un classique pour les nouveaux circuits, dont le pire exemple a été le Grand-Prix de Corée l'an passé lorsque des adaptations sur le circuit avaient dû être faites jusqu'au dernier moment, après une homologation qui avait eu lieu moins de deux semaines avant l'épreuve.
Aux dernières nouvelles, l'Inde n'en est pas encore là. Il y a, en réalité, deux positions différentes sur le sujet. La première vient d'émissaires de grandes écuries partis en reconnaissance et qui affirment... que le circuit est encore loin d'être terminé. L'autre version vient de Tecpro, spécialisé dans la protection moderne des rails et des murs de sécurité, qui a assuré à Jean-Louis Moncet que la piste proprement dite était prête mais qu’il n’avait visité aucun bâtiment ni annexe ou infrastructure et ne pouvait se prononcer sur le sujet ! Autant dire qu'il y a de fortes chances que la piste en tant que telle est terminée mais que ça ne soit pas le cas de toutes les infrastructures (tribunes, zones de réception...).
L'autre difficulté majeure est d'ordre législative. En effet, les autorités locales ne considèrent pas la F1 comme un sport mais comme un divertissement grand public, ce qui impose le versement des droits de douane sur l'ensemble du matériel utilisé par les écuries ainsi que sur le salaire reçu par les pilotes. La facture pourrait donc atteindre environ 1,5 million de dollars lorsque l'on se rappelle que Fernando Alonso dispose d'un salaire annuel de 30 millions de dollars et que l'équipement des écuries est estimé à 31,5 millions de dollars.
Or aucun pays au monde n'exerce ce genre de taxes pour les écuries de F1 puisque le matériel qu'elles font venir est assemblé sur le circuit et réexpédié en totalité lorsque la course est terminée et les écuries ne sont évidemment pas ravies de devoir assumer de telles taxes. L'organisateur, Jaypee, est prêt à faire l'effort financier de verser les taxes avant que les écuries n'arrivent en espérant récupérer cette somme (moins une déduction de 2% gardée par le gouvernement) par la suite.
Si au début du mois, les écuries avaient sorti la menace d'un boycott, elles semblent désormais dans une optique de conciliation pour ne pas être financièrement pénalisée. Martin Whitmarsh, le président de la FOTA, a ainsi déclaré : "Il y a certaines inquiétudes pour les pilotes et les équipes car le régime fiscal est très strict. Je ne suis pas bien placé pour vous dire où en sont rendues les choses, mais il y a des négociations et des discussions sont en cours. Nous irons en Inde mais il faut résoudre ces problèmes."
Le dernier problème auquel les écuries sont confrontées et l'extrême lenteur des services d'immigration pour bénéficier d'un visa. S'il faut au moins trois semaines pour que la procédure suive son cours, le résultat n'est jamais garanti. Ainsi il semblerait que certains pilotes, dont Nico Rosberg, se serait vu refuser le précieux sésame, ce qui pourrait poser un certain problème à leur employeur...
Sans oublier les problèmes de sécurité posés par l'attentat qui a récemment frappé New Delhi... Si Bernie Ecclestone est toujours prêt à s'ouvrir de nouveaux marchés, force est de reconnaître que les détails pratiques sont souvent négligés et présesent des problèmes inédits pour tous les acteurs du microcosme de la F1. Il est d'ailleurs étonnant que l'armée de juristes qui entourent le grand argentier de la F1 n'aient pas soulevés ce problème plus tôt...