Officiel : sortie de piste pour Toyota
C'est une véritable hécatombe qui s'abat sur la F1 et les sports mécaniques japonais. Ainsi deux jours seulement après l'annonce faite par Bridgestone de se retirer à l'issue de la saison 2010, c'est au tour de Toyota, le constructeur numéro 1 mondial, de faire une sortie fracassante : l'écurie stoppe les frais et ce avec effet immédiat !
Des raisons économiques
Mais cette sortie de piste, aussi brutale soit elle, n'est qu'une demi-surprise pour les observateurs les plus avisés. En effet, le constructeur automobile subit de plein fouet la crise économique et l'effondrement du marché automobile aux Etats-Unis, qui reste le premier marché au monde. Ainsi Toyota a annoncé en mars dernier les premières pertes de son histoire. Et les prévisions estiment que les pertes devraient atteindre cinq, voire six milliards d'euros pour l'ensemble de l'année 2009.
Des signes prémonitoires
Les signes prémonitoires de ce retrait s'était multiplié ces dernières semaines. Ainsi le constructeur a commencé par renoncer à soutenir son circuit du Mont-Fuji, laissant la place à Suzuka, contrôlé par Honda. Ensuite, Williams a décidé de ne pas prolonger son partenariat en s'orientant vers le nouveau motoriste : Cosworth.
Enfin, malgré les déclarations de John Howett, qui se voulaient positives, il n'y avait aucun signe sur l'avenir puisque l'écurie n'avait annoncé aucun pilote pour la saison prochaine, Jarno Trulli et Timo Glock étant sur la sellette. La possible venue de Kimi Raikkonen a été envisagée mais jamais sérieusement envisagée. Par contre, Komui Kobayashi, qui a remplacé un Timo Glock blessé lors des deux dernières épreuves, pouvait espérer avoir convaincu et trouver un volant pour la saison prochaine. Il semblerait que sa meilleure option soit désormais une des nouvelles écuries.
Un manque de résultats criant
Pourtant, en faisant son arrivée en 2002, Toyota a d'emblée affiché ses ambitions avec un des plus gros budgets du plateau. Mais les résultats ne seront jamais arrivés puisqu'à ce jour l'écurie n'a jamais remporté la moindre victoire ! Pire, elle n'aura connu que huit fois les joies du podium et n'a signé que trois poles ! Cette saison semblait offrir de belles perspectives puisqu'elle a d'emblée bénéficié du double diffuseur. Cela lui permit d'occuper 100% de la première ligne du Grand-Prix de Bahrein. Mais une erreur de stratégie flaggrante conduisit à une nouvelle déception avec seulement une 3ème et une 7ème place au final. La suite de la saison ne sera qu'une lente descente aux enfers, l'écurie basée à Cologne se fera ainsi doublée par McLaren et Ferrari.
Une vague de départ sans précédent
Dans ces conditions, les 150 à 200 millions d'euros d'investissement annuels paraissent durs à justifier. Surtout que le départ des sports automobiles est une tendance lourde depuis un an, surtout pour les marques japonaises. C'est Honda qui a lancé la vague de départ il y a un peu moins d'un an en annonçant son départ avec effet immédiat. Le constructeur avait cependant décidé de revendre son entité à Ross Brawn. Un an plus tard, l'écurie éponyme a remporté les deux titres mis en jeu cette année. Mais ce départ n'était que le premier d'une longue liste. Ainsi Kawazaki a considérablement appauvri la grille de Moto GP en annonçant son départ au début de la saison 2009. De même, Subaru et Suzuki avaient décidé à la même époque de quitter le championnat de WRC, laissant la voie libre à Citroen et Ford.
Il y a quelques mois, c'est au tour d'un autre grand constructeur d'annoncer son retrait de la Formule 1 : BMW (cf. BMW se retire de Formule 1) et, en début de semaine, c'est au manufacturier unique, Bridgestone, d'annoncer son retrait à l'issue de la saison 2010.
Quel avenir pour la Formule 1 ?
Dans ces conditions, il ne reste plus que trois constructeurs présents dans le pinacle du sport automobile mondial : Fiat (via Ferrari), Mercedes (seulement en tant que motoriste) et Renault. Justement, on peut se demander si la marque au losange a intérêt à rester en F1 en étant le seul constructeur généraliste restant. Les dirigeants ont ainsi eu une réunion au siège du constructeur pour statuer sur le futur de la marque en F1. Carlos Ghosn, PDG de l'ancienne Régie, a ainsi déclaré : "Nous laissons la saison se développer normalement, je ne souhaite pas perturber la saison actuelle par des déclarations de notre part", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse à l'usine de Flins, "mais je peux vous garantir qu'avant la fin de l'année, nous ferons une annonce et nous annoncerons notre stratégie en ce qui concerne la participation de Renault en matière de Formule Un".
Le scandale du Grand-Prix de Sinagapour 2008 est encore surement dans les esprits des dirigeants qui ont du annoncé il y a quelques mois la mise au chômage partiel de l'ensemble de ses cadres. L'exode n'est donc peut-être pas encore complètement terminé malgré les annonces de partenariats faites ces dernièrs semaines (cf. Renault : TWSteel devient chronometreur officiel et Renault : partenariat approfondi avec MegaFon ) et surtout la signature de Robert Kubica pour la saison prochaine.
Mais le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ainsi Sauber-Qadback, qui a racheté les installation de BMW, devrait pouvoir assurer sa place sur la grille puisqu'elle était inscrite en 14ème position sur une liste de seulement 13 écuries. Comme Williams refusait catégoriquement d'autoriser la présence de 14 équipes (pour des raisons de place dans les paddocks...), la sortie de Toyota devrait permettre de résoudre le problème.
Une présence au Mans à venir ?
En tout cas, la cession des installations de Cologne n'est pas à l'ordre du jour et une centaine (sur les 750) d'emplois devrait être maintenue. En vue d'envisager une présence au Mans afin de défier Peugeot et Audi avec le diesel, voire l'hybride, technologie dont Toyota est un des pionniers avec sa Prius ?