Officiel : la F1 arrive au New Jersey dès 2013 pour 10 ans
Le rêve de Bernie Ecclestone va se concrétiser : après des années de recherche, la Formule Un va poser ses valises le long de l'Hudson River, aux portes de New York, grâce à un circuit urbain dans Port Imperial. Le contrat doit prendre effet dès 2013 pour une durée initiale de dix ans.
Les premières déclarations d'intention se sont faites jour au cours du mois d'août dernier. Richard Turner et Felix Roque, respectivement maires de Weehawken et de West New York déclaraient alors qu'ils étaient candidats pour accueillir la F1 et ce dès 2013.
La confirmation officielle est arrivée hier avec la conférence de presse organisée par le gouverneur de l'Etat du New Jersey (où se situe le circuit), Chris Christie. Celui-ci a déclaré : "Je suis ravi que le New Jersey accueille la Formule Un à partir de 2013, ce qui va apporter l'un des sports les plus populaires et excitants au monde juste dans notre jardin privé. Je peux assurer la Formule 1 que c'est l'une des meilleures décisions qu'elle ait jamais prise de venir dans le New Jersey. Des gens du monde entier vont venir au New Jersey pour voir cette course unique et excitante."
Le circuit va être un mélange d'atmosphère de plusieurs circuits existants. En effet, le rêve de Bernie Ecclestone de voir les gratte-ciel de Manhattan en arrière-plan des monoplaces sera complété par la vue de la rivière, ce qui fait inévitablement penser au plus célèbre des circuits urbains, Monaco. Singapour, Valence et Abu Dhabi ont ainsi voulu s'associer à la vue d'une marina pour renforcer l'effet visuel sur les téléspectateurs du monde entier. De plus, le circuit est situé autour d'un parc, dans une friche industrielle, ce qui n'est pas sans rappeler l'Albert Park de Melbourne.
Cet emplacement a pour conséquence qu'aucune place de parking ne sera disponible aux alentours. Pour Leo Hindery Jr, le promoteur de l'événement, ceci constitue un avantage puisque cela réduit les inconvénients pour les riverains et ne fait pas augmenter la pollution dans la ville : "Ce sera la seule course vraiment verte en Formule Un. Personne ne viendra ici en voiture." Néanmoins, cela ne sera pas pour autant un cauchemar logistique pour s'y rendre puisque le site est accessible en ferry et en train.
Une stratégie différente de celle d'Austin
Le projet se distingue donc clairement de celui d'Austin puisque les organisateurs texans ont préféré construire un circuit dédié pour accueillir la F1 dès l'an prochain. Au contraire, les investissements sont très limités pour la ville organisatrice de la côte Est, comme l'explique Leo Hindery Jr : "On ne fait couler le moindre centimètre d'asphalte. Nous construisons nos tribunes, nos garages et le paddock club. Nous ajoutons à cela les barrières de protection. On les ajoute et on les enlève. Il n'y a aucune résidence au milieu du circuit. Tout le monde peut donc aller chez soit sans être gêné par la piste."
Arrive alors la question essentielle en ces temps de crise économique mondiale : la question de la facture à régler. Et là, le promoteur se veut également rassurant pour les finances publiques : "Il n'y aura aucun dollar venant des contribuables, pas de subventions, pas de compensations de quelques sortes que ce soit des gouvernements locaux." L'épreuve du New Jersey n'aura donc pas recours à l'équivalent du fonds public texan pour attirer les grands événements sportifs sur son territoire. On peut faire confiance au fondateur de YES Network, qui gère les droits de diffusion des matchs de la célèbre équipe de baseball des Yankees, pour trouver les partenaires privés prêts à s'engager pour soutenir l'événement. Etre dans l'une des villes les plus célèbres du monde devrait certainement l'aider en cela...
Pour Tavo Hellmund, le promoteur de l'épreuve d'Austin, il y a de la place pour deux épreuves aux Etats-Unis et ne voit donc pas le New Jersey comme un concurrent mais comme un allier pour augmenter la popularité de la F1 sur le continent nord-américain : "Lorsque je suis allé sur le site il y a quelques années, son potentiel était évident. Je suis ravi pour la côte Est et j'ai le sentiment que l'annonce de mardi est un nouveau signe de la viabilité, de l'intérêt des fans, des bénéfices économiques et du prestige qu'un Grand-Prix de F1 peut apporter à une région. Le New Jersey et le Texas, séparés de plus de 3200 kilomètres, offrent une expérience unique et très différente aux fans afin, non seulement d'augmenter la visibilité du sport dans le pays, mais également de renforcer l'attractivité mondiale et le soutien des Etats-Unis de ces événements de classe mondiale. Ces deux régions vont être un renfort formidable pour la forme la plus avancée au monde de course automobile."
Un revers important pour la Nascar
Mais cette arrivée dans la proximité immédiate de New York est également un formidable pied-de-nez fait à la Nascar, le sport automobile le plus populaire aux Etats-Unis. En effet, les dirigeants de la NASCAR ont également toujours voulu se rapprocher au plus près de New York afin de pénétrer un marché sur lequel ils ne sont guère présents à l'heure actuelle. A une époque, ils détenaient même d'importants terrains sur Staten Island afin d'y construire un nouveau circuit mais le projet ne s'est jamais concrétisé. Ils doivent donc se contenter d'un ancien circuit utilisé par la F1, Watkins Glen mais qui se situe à plus de trois heures de route de Manhattan, dans la partie agricole de l'Etat de New York.
Or avec cette annonce, la F1 est déjà parvenue à faire mieux que la Nascar puisqu'elle est parvenue à faire la une du journal le plus diffusé de l'Etat, The Star Ledger, la veille de l'annonce officielle alors qu'aucune mention n'était faite des résultats de la course de Talladega, l'une des courses les plus populaires de la Nascar, de la veille. Pourtant le championnat arrive dans sa dernière ligne droite et le quintuple champion en titre, Jimmie Johnson, pourrait avoir perdu ses dernières chances. Ce journal traite habituellement les sports les plus populaires dans la région, à savoir le football américain, le hockey ou la NBA. Le fait qu'il décide de traiter une course qui restait à confirmer et qui n'arriverait que deux ans plus tard est un signe fort que la F1 pourrait enfin trouver son public aux Etats-Unis, après des décennies d'essais et d'échecs.
Quid de la limite de 20 courses par an ?
Reste maintenant à savoir comment la F1 va faire pour intégrer toutes les courses qui doivent faire leur arrivée puisque l'arrivée d'Austin l'an prochain va faire passer le calendrier à 20 épreuves, soit le maximum autorisé par ses accords commerciaux. Soit des circuits existants vont devoir céder leur place (comme ce sera déjà le cas pour la Turquie), soit une extension du championnat devra être accepté par tous les intervenants du Formula One Circus. Le sujet ne manquera donc pas d'être au coeur des discussions pour la signature des nouveaux Accords Concorde, dont la version actuelle expire à l'issue de la saison 2012.