McLaren a failli être sponsorisé par le gouvernement de Libye
C'est une fois que les dictateurs sont partis ou sur le point de l'être que les vieux dossiers ressortent et que leurs anciens interlocuteurs jouent les Ponce Pilate. Ainsi on apprend aujourd'hui que les monoplaces de Lewis Hamilton et Jenson Button auraient pu porter les autocollants "Visit Libya" lors de la saison 2010.
Comme souvent dans ce genre d'affaires, un intermédiaire bien intentionné était présent. Dans le cas présent, selon le Daily Mail qui révèle l'histoire, il s'agit de l'ancien pilote de Formule 3 Alex Waters. Contre retribution en cas de concrétisation de l'affaire, il aurait mis ses relations avec l'écurie de Woking au profit de son oncle Brian, lui-même architecte qui était en négociations pour des travaux d'urbanisme en Libye.
Dans ce cadre, Brian Waters est en contact direct de Saïf Al-Islam Kadhafi, le fils du colonel à la tête du pays depuis le 1er septembre 1969 (soit la même année qu'un certain Michael Schumacher...). Le financement étudié pour mettre en avant le ministère du tourisme libyen atteignant les 25 millions de livres sterling, McLaren a été jusqu'à envoyer des simulations informatiques de ce que rendrait ce genre de sponsoring et a envoyé une lettre d'invitation dans ses locaux de Woking.
Contacté par nos confrères britanniques, l'écurie confirme que des contacts préliminaires ont eu lieu avant que Saif Kadhafi ne se desintéresse de l'affaire : "McLaren a été approché par Alex Waters en janvier de l'année dernière. Waters a demandé si nous serions intéressés pour rencontrer un consortium de Libye afin de discuter un sponsoring commercial. Nous avons exploré cela avec Waters, avons envoyé des illustrations informatiques de ce à quoi ressemblerait une voiture de McLaren si un tel sponsoring devait se concrétiser. Mais aucun rendez-vous d'un employé de McLaren n'a eu lieu avec aucun membre du consortium et l'accord n'a donc même pas atteint la première étape."
Si l'affaire avait dû se concrétiser, cela n'aurait pas été la première relation d'affaires de McLaren avec les pays arabes puisque l'un de ses actionnaires principaux n'est autre que le fonds d'investissement du royaume de Bahrain, également en plein troubles politiques à l'heure actuelle. Mais avant que les esprits bien pensants ne lancent la pierre sur l'équipe de Woking d'avoir envisagé un tel partenariat, il est de bon ton de rappeler qu'en janvier 2010, la Libye était sur la voie d'une normalisation de ses relations diplomatiques avec le monde occidental avec sa décision de ne renoncer au développement d'armes de destruction massive. On se rappellera ainsi la visite d'Etat de Muhammar Khadafi à l'Elysée en décembre 2007...