Le Grand-Prix d'Austin est en danger
Les fans américains de F1 attendaient depuis des années une course. Cette année, ils ont eu la perspective d'en avoir une (Austin) dès l'an prochain, puis deux (New Jersey) dès 2013. Mais l'épreuve texane pourrait ne jamais avoir lieu à cause de son manque de financement et des désaccords entre les différentes parties prenantes.
En effet, les annonces se sont succédées pendant la journée. Le feu a été mis aux poudres par Susan Combs, la responsable des comptes du Texas, qui a annoncé qu'elle renonçait à verser les 25 millions de dollars de fonds publics promis dans le cadre de l'organisation de grands événements dans l'Etat. Mais cette décision n'est pas motivé par la contestation de ce versment par les contribuables : "L'annonce récente d'une course de Formule 1 dans le New Jersey est un sujet d'inquiétudes puisque des courses supplémentaires pourraient réduire le nombre de spectateurs pour la course du Texas, ce qui en réduirait donc l'impact économique. De plus, des rumeurs d'un ralentissement de la construction sur le Circuit of the Americas et des désaccords entre les détenteurs des droits commerciaux de la course et les promoteurs du circuit ont relancé les spéculations quant au fait que la course d'Austin aura effectivement lieu. Les controverses actuelles sont un sujet d'inquiétude et nous allons continuer à les suivre."
Elle a donc enfoncé le clou en expliquant qu'elle ne comptait pas faire d'avances de fonds pour la tenue de l'événement puisque les 25 millions de dollars en question doivent venir des taxes supplémentaires générées par l'événement : "Laissez moi être claire : Nous n'avons rien payé pour l'événement de Formule 1. Les seuls dollars qui peuvent être dépensés pour le Grand-Prix des Etats-Unis sont les revenus des taxes imputables à une course. L'Etat du Texas ne va pas avancer de fonds pour l'événement. De plus, comme c'est le cas pour tous les événements concernés par le Major Events Trust Fund (METF), chaque demande sera analysée quant à son impact économique probable et les fonds ne seront versés qu'après la course. Lorsqu'une demande pour le METF est déposée, elle est examinée en profiondeur et les données de l'impact économique sont analysées en fonction des circonstances de cet événement. En fin de compte, je suis responsable de la protection des intérêts des contribuables du Texas avant tout. Je ne mettrai pas en danger les dollars des contribuables. Ma position là-dessus n'a pas changé."
Il n'en fallait pas plus pour que les événements s'enchainent dans un cercle vicieux. Ainsi seulement quelques heures plus tard, le Circuit of the Americas publiait un communiqué annonçant que tous les travaux de construction étaient désormais interrompus : "Les organisateurs du Circuit of the Americas, une destination de premier ordre dans les sports automobiles et le divertissement en construction à Austin, Texas, suspendent la construction du projet jusqu'à ce que le contrat qui assure que le Grand-Prix des Etats-Unis de Formule 1 soit disputé sur le Circuit of the Americas en 2012 soit finalisé."
Le mot de la fin est revenu, comme à son habitude, à Bernie Ecclestone qui a affirmé à Press Association Sport qu'il n'était pas opposé à l'annulation du Grand-Prix 2012 si le contrat n'était pas signé d'ici au 7 Décembre, date du prochain Conseil Mondial de la FIA, qui doit entéiner définitivement le calendrier 2012 : "Absolument, c'est certain, à 100%. Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour que cette course ait lieu." Même s'il ne rentre pas dans les détails, il assure que les difficultés sont nées entre les promoteurs de l'événement (Tavo Hellmund au sein de Full Throttle Productions) et les propriétaires du circuit en tant que tel : "Nous avions un accord avec Full Throttle Productions. Tout était signé et officialisé mais nous avons laissé trainer certaines choses, comme les dates, différentes lettres de crédit et d'autres choses qui devaient être envoyées. Mais rien n'est jamais venu."
Si Bernie Ecclestone a toujours souhaité s'implanter aux Etats-Unis, marché majeur pour tous les constructeurs et très porteur pour les sponsors, il ne compte pas pour autant ne pas obtenir la somme prévue initialement. C'est donc désormais sur ce point que les discussions achopent : "Ces autres personnes (du Circuit des Amériques) sont arrivées en disant qu'elles voulaient faire quelque chose mais qu'elles avaient un problème avec Tavo. Ils ont dit qu'ils avaient le circuit et qu'ils voulaient avoir un accord avec moi. Je leur ai alors dit de s'arranger sur le contrat avec Tavo, chose qu'ils ont dit qu'ils allaient faire. Mais maintenant c'est terminé puisque nous avons cassé notre contrat avec Tavo puisqu'il ne le respectait pas. Nous avons attendu six mois qu'il respecte le contrat. Il sait très bien pourquoi nous avons annulé le contrat. Il est content. Mais les autres personnes n'ont pas de contrat non plus. Tout ce qu'on leur demandait, c'était une lettre de crédit. Nous voulons nous assurer que nous aurons l'argent qu'on doit nous verser. Cela se fait avec une lettre de crédit, normalement auprès d'une banque. Si les gens n'ont pas d'argent, ils ont du mal à avoir leur lettre de crédit et donc nous ne faisons pas de contrat."
Or sans les fonds avancés par l'Etat du Texas, il parait délicat pour les organisateurs de trouver la somme exigée par la FOM de Bernie Ecclestone. Il y a donc de fortes probabilités que l'événement soit purement et simplement annulé et que le site reste en l'état actuel : à savoir un vaste espace à peine terrassé. Cette perspective pourrait générer de forts espoirs du côté de la Turquie puisque les dirigeants locaux avaient fait savoir qu'ils étaient prêts à prendre le relais si une épreuve (ils pensaient certainement à Bahrain...) devait faire faux bond en 2012. A n'en pas douter les négociations seront intenses jusqu'à la date-butoir du 7 décembre prochain.