La Suisse pourrait lever son interdiction des courses sur circuit
Seuls deux pays au monde disposent encore d'une loi interdisant toute course automobile sur circuit : Israël et la Suisse. Mais la confédération helvétique pourrait mettre terme à cette exception en abrogeant l’article 52 de la loi sur la circulation routière, qui interdit une telle pratique. C'est le sens de la décision rendue aujourd'hui par la Commission des transports et des télécommunications du Conseil national.
Cette interdiction remonte au tragique accident du Mans en 1955, qui reste l'accident le plus meurtrier de l'histoire des sports automobiles : la sortie de piste de Pierre Levegh avait provoqué la mort de 83 personnes et avait blessé 120 personnes supplémentaires. Dans la foulée, la Suisse avait décidé qu'elle n'autoriserait plus ces manifestations sur son sol alors qu'elle avait accueilli cinq Grand-Prix entre 1950 et 1954.
Pourtant, les annales de la Formule 1 montrent qu'un sixième Grand-Prix de Suisse a eu lieu en 1962. Mais il se déroula sur le circuit bien français de Dijon-Prenois. La même pratique a pu être utilisée par le Luxembourg en utilisant le circuit du Nürburgring en 1997 et 1998.
Aujourd'hui, la Commission des transports et des télécommunications du Conseil national s'est prononcée en faveur de la levée de cette interdiction à l'issue de 14 votes pour, 10 contre et une absention. En effet, le pays ne dispose pas du moindre circuit automobile. Outre l'impossibilité d'accueillir des épreuves de renommée internationale, cela pose surtout le problème des individus souhaitant s'exercer dans un cadre sécurisé et qui sont contraints de faire des centaines, voire des milliers de kilomètres à l'étranger pour pouvoir pratiquer leur activité préférée.
Cela présente un inconvénient certain pour les constructeurs automobiles, qui sont de plus en plus nombreux à proposer des Track Days pour leurs clients passionnés. L'exemple le plus extrême en date étant celui de Lotus, qui a mis au point une monoplace dédiée à ces événements. Les parlementaires pointent également le fait que la construction d’un circuit automobile, sur lequel pourraient être réalisées différentes sortes de tests, serait extrêmement profitable à la recherche, notamment dans le domaine des systèmes de propulsion électrique, et au secteur automobile, lequel revêt une importance considérable en Suisse.
Comme nous en avions parlé lors de l'annonce de la prolongation de l'autoroute jusqu'à Magny-Cours, les circuits ne servent pas seulement pendant les trois jours d'un Grand-Prix mais sont utilisés pendant toute l'année par des écuries ou des constructeurs souhaitant réaliser des essais pour améliorer leurs véhicules. Ils sont un véritable vecteur d'emplois pour la région.
Mais avant que la Suisse espère pouvoir accueillir à nouveau un Grand-Prix de Formule 1, il faudra que la Commission des transports et des télécommunications du Conseil des Etats donne son accord à cette levée d'interdiction. Il faudra ensuite des années pour lancer la construction d'un tel circuit, puis d'âpres négociations avec Bernie Ecclestone, qui a davantage tendance à regarder vers l'Asie que vers l'Europe...