La F1 est prête à redémarrer aux Etats-Unis

Publié le par Matthieu Piccon

Renault - Fernando AlonsoLa F1 a toujours eu une relation difficile avec les Etats-Unis. Faite de hauts et de bas, leur histoire commune est prête à connaître une nouvelle étape avec l'arrivée d'Austin en 2012. Steve Madincea est l'une des  personnes les mieux placées pour en parler puisqu'il est le fondateur de Prism, l'une des agences de sponsoring les mieux introduites au sein du Formula One Circus.

Austin, un choix intelligent

Dans une interview accordée à 442race.com, Steve Madincea revient tout d'abord sur le choix d'Austin comme destination pour le Grand-Prix des Etats-Unis : "C'est unique. Cela n'aurait peut-être pas été mon premier choix mais plus je l'examine, plus je trouve que c'est un choix intelligent pour Austin et pour le Texas. C'est une ville qui grandit, qui peut utiliser la reconnaissance internationale que la F1 va apporter, qui peut adopter la F1 et la soutenir."

Pour lui, le projet d'Austin ressemble à ce qui a pu avoir lieu à Adelaide (avant que le Grand-Prix d'Australie ne parte à Melbourne) ou à Montréal : pas la plus grande ville ou la ville la plus connue du pays mais qui dispose d'un potentiel de croissance importante. Son expérience lui aurait fait choisir Miami, qui est plus international et qui est le point d'ancrage des Etats-Unis vers l'Amérique latine. "Mais c'est parce que je ne connaissais pas Austin, pas parce que j'étais négatif envers eux."

C'est pourquoi il est désormais devenu un avocat d'Austin : "La première réponse a été le scepticisme. Qui est ce gars ? Pourquoi Austin ? La ville est connue mais pas autant que New York, Los Angeles, Boston, des grandes villes. Mais les Etats-Unis changent et il y a des villes qui sont en train d'émerger, telles qu'Austin où il y a de grandes institutions comme Dell. Après le scepticisme, je pense qu'ait est venu l'optimisme. Maintenant, les gens m'appellent pour avoir des billets, pour être impliqués, pour devenir sponsor..."

Mais tout comme Bernie Ecclestone, il caresse un rêve fou, celui de disputer un Grand-Prix de Formule 1 à New York : "Je pense que c'est le rêve, le Saint Graal, que l'on soit d'une côte ou de l'autre. S'il est possible d'établir un événement à Austin alors il sera extrêmement puissant et stoppera la chute actuelle de la Formule 1 aux Etats-Unis. Nous avons reçu trop de coups de la F1 et il est temps d'avoir quelque chose de positif."

Les traces d'Indianapolis 2005, Scott Speed et d'USF1

L'origine de la désaffection actuelle de la Formule 1 aux Etats-Unis a deux raisons principales : la première est l'image désastreuse envoyée par le Grand-Prix 2005 où seules six monoplaces s'étaient élancées puisque tous les concurrents en Michelin avaient dû se retirer pour des raisons de sécurité. Pour des spectateurs habitués à voir 43 voitures de Nascar disputaient chaque course, cela ne pouvait qu'être un outrage.

L'autre raison est que le pays ne pouvait pas se rassembler derrière un pilote à succès. La dernière tentative en date, celle de Scott Speed chez Toro Rosso, a tourné court puisqu'il a été remplacé au cours de la saison 2007, un an et demi après avoir fait ses débuts. Il n'aura pas été en mesure d'inscrire le moindre point. On touche alors le même point soulevé récemment par Gérard Lopez quant à Vitaly Petrov ou André Maes concernant Jérôme d'Ambrosio : il faut des résultats pour qu'un pilote obtienne le soutien populaire dans son pays. Aucun pays au monde n'est ravi de voir son représentant être en fond de grille : "C'est quelque chose qui a été sous-estimé et surestimé. C'est la première chose dont parlent les gens (Ne serait ce-t-il pas génial ?) mais quand vous avez pilote de votre pays qui n'a pas de bons résultats, c'est négatif. S'il y a un pilote, il (ou elle) doit être un bon pilote compétitif dans ce sport."

Enfin la dernière épreuve pour la Formule 1 au pays de l'Oncle Sam a été l'échec retentissant d'USF1 : cette écurie se présentait comme un projet 100% américain. Mais elle aura dû déclarer forfait dans la dernière ligne droite avant le début du championnat 2010. La nouvelle tentative avortée du projet Cypher Group n'aura été que la cerise sur le gâteau : "C'est une honte. Dieu les bénisse d'avoir essayé mais je pense que cela souligne combien la Formule 1 est difficile, même avec les soutiens qu'ils avaient. Vous avez besoin d'une infrastructure complète pour que cela marche."

Un vent d'espoir pour la F1 aux Etats-Unis

Cependant, l'annonce d'un retour d'un Grand-Prix outre-Atlantique semble provoquer un intérêt certain, même s'il ne faut pas s'attendre à des miracles dans un avenir immédiat : "Il est peut-être trop tôt pour dire que la F1 est en croissance mais la phase négative qui a démarré avec le scandale des pneumatiques est en train de changer. C'était une bonne annonce, qui a remis les choses dans la bonne direction."

Pour Steve Madincea, il existe deux catégories de supporters de la Formule 1 aux Etats-Unis : "Le premier est le marché hispanique, qui est grand, puissant et qui, selon les dernières recherches, est l'un de ceux qui connait la plus forte croissance, avec près de 25% de la population. Le second est quasiment aussi important : les principaux leaders d'industrie, qui contrôlent les grandes entreprises et qui apprécient la Formule 1 parce qu'ils sont ouverts à l'international. Ils voyagent en Amérique du Sud, en Europe, en Asie et ils savent combien la Formule 1 est importante et puissante. Ils continuent donc de suivre la F1 quand ils rentrent aux Etats-Unis."

Par contre, sa déclaration par rapport aux pilotes mexicains est quelque peu surprenante : "Je pense que cela serait fantastique parce que cela permettrait de s'ouvrir le marché mexicain qui, combiné à celui des Etats-Unis, serait très puissant. Espérons que deux ou trois bons pilotes mexicains pourront démarrer la révolution." La F1 va pourtant connaître son premier pilote mexicain depuis 1981 en la personne de Sergio Perez, qui a été titularisé au sein de Sauber tandis que son compatriote Esteban Gutièrrez sera le troisième pilote de l'écurie suisse. L'arrivée de sponsors mexicains a ainsi démarré, comme l'a montré la signature d'Interproteccion.

Nous verrons si la Formule 1 sera capable de s'imposer durablement aux Etats-Unis, qui reste la première puissance économique mondiale.

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