Incertitudes autour des courses européennes

Publié le par Matthieu Piccon

HRT - Bruno Senna et drapeaux (2)Avec la multiplication des épreuves asiatiques (l'Inde va également faire son arrivée l'année prochaine), l'avenir des courses européennes est de plus en plus sombre. Les dirigeants européens refusent de soutenir ces épreuves automobiles alors qu'ils sont confrontés à des déficits abyssaux.

Dans la ligne de mire de Bernie Ecclestone, les épreuves de Grandre-Bretagne, de Belgique et de Turquie semblent les plus menacées tandis qu'un retour de la France parait des plus improbables.

Jean Todt, le président de la FIA, a ainsi précisé récemment que le processus de sélection des pays organisateurs est du seul fait de la FOM de Bernie Ecclestone et non de la FIA, qui se contente d'apporter sa validation sécuritaire aux circuits approuvés par le grand argentier de la F1 : "Je suis Français mais je n'ai pas la responsabilité d'assurer un GP de France. C'est lié au pays, à la Fédération nationale, au promoteur, et à la FOM de Bernie Ecclestone. Quand tout cela est réuni, la FIA, en tant que législateur, a la responsabilité d'avaliser le circuit. Mais nous ne sommes pas impliqués dans tout le processus."

Après avoir failli perdre l'organisation du Grand-Prix d'Angleterre au profit de Donington, Silverstone s'est engagé dans un vaste programme de développement qui doit lui permettre de se maintenir au plus haut niveau d'infrastructures possibles. Après avoir signé un contrat garantissant sa place pour 17 saisons, il est ainsi en train de refaire l'intégralité de son paddock et de ligne droite des stands afin de recevoir les écuries et leurs partenaires VIP dans les meilleures conditions possibles.

Mais la FIA peut également aller dans le sens voulu par le Britannique. Ainsi elle a décidé de donner son accord à la tenue du Grand-Prix de Corée ce week-end en enfreignant ses propres règles puisque la validation finale de Charlie Whitting n'a eu lieu qu'après l'épreuve de Suzuka. Selon les dires de Jean-Louis Moncet, souvent très bien informé, cette validation n'aurait eu lieu que sous la pression "venue de plus haut". Les intérêts économiques l'ont donc emporté sur une pure logique sportive, comme cela est le cas depuis des décennies en Formule 1. Il est à souhaiter que la sécurité des pilotes et des écuries ne soit pas compromise par ses choix. En tout cas, jeudi, les sièges des spectateurs étaient encore en cours d'installation dans les tribunes...

Se pose ensuite le problème de Spa. L'épreuve belge est chroniquement déficitaire depuis des années, ce qui menace forcément la tenue de l'événement si les organisateurs locaux venaient à perdre le soutien financier d'une classe politique de plus en plus éclatée. A ce sujet, Jean Todt reconnait que le soutien politique est essentiel : "En Belgique ? C'est une question gouvernementale plus que sportive. Nous espérons garder encore longtemps Spa, qui est une superbe course. Mais s'il n'y a plus d'argent, ce sera un problème." Il ne peut être autrement puisque le circuit des Ardennes est l'un des plus beaux du calendrier et le spectacle y est toujours présent. On ne peut pas en dire autant de circuits comme Valence ou Budapest...

Pour une fois, Bernie Ecclestone a même décidé de ne pas mettre de l'huile sur le feu en se montrant largement positif auprès de la chaine de télévision belge RTBF  : "Ce que je vais vous dire maintenant, enregistrez-le bien, car le Guardian a déformé mes propos. Je suis certain que dans les années à venir, on va perdre quelques courses en Europe. C’est presque sûr. Lesquelles ? Je n’en ai encore aucune idée. Mais de notre côté, nous voulons garder Spa. Il y a depuis longtemps des discussions à propos de la fin du Grand Prix de Spa-Francorchamps, mais si c’est le cas, c’est parce que la Belgique en aura voulu ainsi. Pas moi." Voici une manière habile de mettre la balle du camps adverse et non dans sa propre course. Après tout, tant qu'il est en mesure de recevoir les redevances demandées, Bernie Ecclestone n'a aucun intérêt à ne pas en profiter.

Nous verrons donc qui sortira perdant de ce petit jeu du chat et de la souris où le fromage financier compte davantage que son goût sportif.

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