FIA : élection de Jean Todt

Publié le par Matthieu Piccon

Austin - Tavo Hellmund, Jean TodtJean Todt a déjà tout connu, tout gagner. Cette fois, il atteint le sommet de l'automobile mondial : il vient d'être élu à la tête de la Fédération internationale de l'Automobile après une longue campagne contre une vielle connaissance, Ari Vatanen. Sa victoire est incontestable puisqu'il a remporté 135 voix contre seulement 49 pour son adversaire du jour.

Les années rallyes

Les deux hommes ont une longue histoire commune. Elle remonte aux années 1980 quand le Finlandais courrait en rallye sous les ordres du Français. Celui-ci a commencé sa carrière comme pilote de rallye mais s'oriente rapidement vers le siège de droite car ses talents de pilote n'égalent pas ces talents d'organisateur. En 1981, co-pilote de Guy Frenquelin, qui sera aux manettes de Peugeot et de Citroen dans les années 90 et 2000, il devient vice-champion du monde au sein de l'écurie Talbot, qui remporte le titre constructeurs. Il est battu cette année-là par la Ford Escort d'Ari Vatanen... Mais Todt se sent davantage porté vers le management. C'est pourquoi il décide de mettre un terme à sa carrière dans la voiture à la fin de cette même saison pour prendre les commandes de l'équipe Peugeot-Talbot Sport. C'est le début de la success story du Français.

Deux ans plus tard, il lance l'épopée de la mythique 205 Turbo 16, dont le succès commercial est vital pour le constructeur au Lion qui connait de graves difficultés financières et d'image. Le succès sera au rendez-vous puisqu'il remporte tous les titres en 1985 et 1986. Mais cette année voit l'interdiction des voitures de "groupe B", jugées beaucoup trop rapides et donc dangereuses. Les 205 ne sont donc plus autorisées à concourrir en WRC.

Quatre victoires consécutives au Dakar

Qu'à cela ne tienne, Jean Todt décide de réorienter Peugeot vers les rallyes-raid (et donc le mythique Paris-Dakar) où ses voitures sont autorisées. Le succès ne s'interrompt pas puisqu'il remportera les quatres éditions entre 1987 et 1990 (avec la 205 puis la 405). Mais avoir des voitures qui dominent outrageusement peut conduire à un dilemne de taille : éviter que deux coéquipiers ne se battent tellement pour la victoire qu'ils se poussent à l'abandon l'un l'autre. Afon d'éviter que cela n'arrive lors de l'édition 1989, le dirigeant français prend une décision qui restera célèbre : alors que Jacky Ickx et un certain Ari Vatanen se battent pour la victoire, la victoire sera décidée par... un pile ou face ! A ce petit jeu, c'est Vatanen qui sortira vainqueur. Plus tard, Jean Todt saura ne pas se retrouver dans une telle situation.

Nouvelle domination au Mans

A la fin de 1990, il est décidé de laisser la place de Peugeot à l'autre marque du groupe PSA, Citroen. Jean Todt va donc se lancer dans un nouveau défi, toujours avec le constructeur de Sochaux. Ainsi il s'oriente désormais vers un nouveau mythe de sport automobile mondial : les 24 heures du Mans. Il aligne donc la 905 dès 1991 dont les premiers développements remontent à 1988. La première tentative n'est pas fructueuse à cause d'un manque de fiabilité. Mais les deux années suivantes consacreront une nouvelle fois le dirigeant français, avec une première victoire en 1992 et un historique triplé lors de l'édition 1993. Il veut alors convaincre Peugeot de s'investir pleinement en Formule 1. Devant le refus de ses dirigeants, Todt répond aux appels venant de la Scuderia Ferrari.

L'ère Ferrari

Lorsqu'il débarque à Maranello, le cheval cabré est en pleine crise. Pas encore remise de la mort de son fondateur quatre ans plus tôt, l'écurie italienne n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les résultats sont indignes d'une écurie de ce rang. Mais Jean Todt est un homme de défi. Il s'attèle donc à la reconstruction de l'écurie en s'efforçant d'attirer les meilleurs les uns après les autres. Cela passe évidemment par un pilote. Il déroulera donc un pont d'or au double champion du monde en titre, Michael Schumacher pour le faire venir au début de la saison 1996. Avec lui, viendront les hommes-clés de la réussite de Benetton : Ross Brawn et Rory Bryne.

C'est alors une véritable machine de guerre qui se met en place, dont découlera l'une des plus grosses dominations que ce sport n'ait jamais connu. Entre 1999 et 2007, il remporte six titres de champion du monde Pilotes et sept Constructeurs. Son emprise sur Ferrari est, à un moment, presque total puisqu'il est également administrateur délégué du constructeur de véhicules d'exception. Mais le retour aux affaires de Luca di Montezemolo le poussera doucement vers la sortie en 2008.

Jean Todt aborde donc une nouvelle étape importante de sa vie. Espérons qu'il saura faire oublier rapidement Max Mosley, qui sévissait à la tête de la FIA depuis 16 ans. Mais cela sera-t-il possible après avoir été adoubé par son prédecesseur et avoir si souvent bénéficier de la clémence des instances en place ?

En tout cas, sa victoire est saluée par tous, la FOTA en tête. Mais est-ce vraiment une surprise quand le président de l'association regroupant les écuries de F1 est... Luca di Montezemolo, le PDG de Ferrari ?

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