Et si Ferrari rachetait la F1
Chaque semaine apporte son lot de rumeurs quant à l'avenir de la F1. Ainsi il y a deux semaines, News Corp était lié à Carlos Slim pour le rachat de la F1.
Aujourd'hui, le conglomérat des médias serait en train de mener des études préliminaires avec Exor, le fonds d'investissement de la famille Agnelli, qui possède Fiat et Ferrari.
Le communiqué conjoint des deux entités ne laisse que peu de doutes sur ses intentions : "Exor, l'une des plus grandes entreprises d'investissement côtées en bourse et News Corporation, le groupe mondial de médias, confirment qu'ils ont entamé le travail exploratoire quant à la possibilité de la création d'un consortium avec pour objectif de formuler un plan de long terme pour le développement de la Formule Un dans l'intérêt des participants et des fans. Dans les semaines et mois à venir, Exor et News Corporation vont approcher les partenaires minoritaires et les principaux protagonistes de ce sport. Il ne peut y avoir de certitudes que cela va aboutir à se rapprocher des propriétaires actuels de la Formule Un."
Bernie Ecclestone, pièce centrale de la F1, a néanmoins aussitôt déclaré : "Personnellement, je pense que CVC ne veut pas vendre, cela va donc être un peu difficile. Je vois CVC être présent sur le long terme, absolument, à 100%. Si quelqu'un arrive et propose beaucoup plus d'argent que cela ne le vaut, ils vont forcément dire : "Asseyez vous, discutons un peu." Mais j'ai le sentiment que cela ne va pas arriver. Je ne comprends pas pourquoi une entreprise aussi importante que News Corp aurait besoin de chercher des partenaires. Au début, c'était Carlos Slim. Maintenant, il y en a un autre."
Cette déclaration indique donc bien que les deux potentiels partenaires ne vont pas contacter directement CVC mais bien les autres actionnaires minoritaires. Si Bernie Ecclestone voit CVC présent sur le long terme, le fonds d'investissement britannique n'est pas obligé d'être présent en tant qu'actionnaire majoritaire : Exor et News Corp peuvent lui proposer de rester au capital mais seulement en position de minoritaire. Bien entendu, cela signifiera qu'ils devront se mettre d'accord sur un prix de cession mais ce genre de considérations ne devraient pas être hors de portée pour une entreprise qui détient, entre autres, 30,45% de Fiat Auto (qui comprend donc également les actifs américains du groupe, à savoir la participation dans Chrysler) et de Fiat Industrial mais également 17,41% de la Banco Leonardo et 60% de la Juventus de Turin.
Néanmoins, une association entre l'une des écuries (il ne faut pas oublier que Fiat détient majoritairement Ferrari) et un des plus grands bouquets satellitaires au monde pourrait poser un certain nombre de problèmes. En effet, les actuels Accords Concorde stipulent que la primauté doit être donnée à la diffusion sur les chaines gratuites partout où cela est possible. Il faudrait donc modifier ces accords, ce qui suppose l'approbation de l'ensemble des douze équipes du plateau ainsi que de Bernie Ecclestone, ce qui n'est jamais gagné d'avance.
Certes nous pourrions penser que ces nouveaux accords pourraient alors être davantage favorables aux écuries, qui recevraient une part plus importante des revenus dégagés par la Formule 1. Cela reviendrait au modèle économique mis en place par les équipes de sports professionnelles aux Etats-Unis : elles sont propriétaires de leur propre league. L'ennui, c'est qu'un rachat par une seule d'entre elles poserait certainement d'importants problèmes pour les autres concurrents puisque l'actionnaire principal aurait alors tout intérêt à garder une part importante de ses revenus et profits afin de les réinjecter directement dans la Scuderia. Cela donnerait un avantage significatif à l'écurie de Maranello, ce qui ne pourrait être acceptable et accepté par ses concurrents, McLaren ou Red Bull en tête.
Mais cette déclaration d'intention ne peut que mettre la pression lors des négociations pour les prochains Accords Concorde, qui arrivent précisément à terme à l'issue de la saison 2012. Si les écuries se sont engagées à ne plus évoquer l'éventualité d'une série concurrente, comme cela avait pu être le cas en 2008, Luca di Montezemolo l'avait fait de manière fort peu voilée en décembre dernier. Le président de Ferrari évoquait alors le business modèle de la NBA en indiquant qu'il suffisait de se mettre d'accord avec les chaines de télévisions et les circuits...
L'avenir nous dira si cette première déclaration restera sans effet ou si un grand chambardement de la F1 telle que nous la connaissons depuis des décennies n'est pas sur le point d'éclater autour d'intérêts économiques toujours plus importants...