Compte-rendu du Fan Forum de la FOTA
Comme l'an passé, la FOTA a organisé une réunion permettant à des fans de poser des questions à des pilotes et responsables d'écuries de F1, dans le but affiché de rapprocher ces deux aspects déterminants du sport.
En voici le compte-rendu qui rassemble Martin Whitmarsh (McLaren), Ross Brawn (Mercedes GP), Graeme Lowdon (Virgin) et Bob Fernley (Force India).
Pensez-vous qu'il soit important que la F1 soit perçue comme le sommet technologique des sports automobiles ?
Martin Whitmarsh : Il est clair que la F1 doit être le sommet des sports automobiles. La technologie est ce qui fait la différence avec les autres formes de sports automobiles. Dans le passé, nous avons pu débattre à propos des suspensions actives dans les groupes de travail technique ainsi que d'autres technologies qui me passionnent mais il doit y avoir un équilibre. Nous avons les voitures les plus évoluées des sports automobiles. Nous devons équilibrer et contrôler la performance (les circuits sur lesquels nous courrons doivent être surs) et les technologies que nous développons doivent être utiles. De trop nombreuses fois, et c'est quelque chose pour lequel je suis totalement coupable, nous avons suivi des choses que nous trouvions passionnantes et intéressantes mais elles n'étaient pas utiles. Chaque fois que la réglementation devient plus restrictive, c'est décevant pour les ingénieurs. Mais mon expérience de 23 ans me fait dire qu'il y a toujours quelque chose de nouveau. Nous avons eu les doubles diffuseurs, nous avons eu les F-ducts, nous avons eu les diffuseurs soufflés. Au fur et à mesure que ces développements sont interdits, il y aura des choses nouvelles. Cela doit être comme cela puisque s'il n'y avait pas d'innovation en F1, cela serait décevant pour tout le monde.
Ross Brawn : Je suis d'accord avec tout ce que Martin vient de dire. F1 est le sommet des sports automobiles tant d'un point de vue technique que commercial. Ma fascination de la F1 vient de l'association des pilotes et de la technologie et du fait que les championnats peuvent être gagnés par un bon pilote avec une super voiture, parfois par un super pilote dans une bonne voiture mais jamais par un super pilote dans une mauvaise voiture. Nous devons avoir cette technologie pour ajouter cet ingrédient à la F1. Nous devons nous rappeler que la technologie doit être utile. Dans le cas de Mercedes-Benz, le KERS a un effet direct sur nos voitures de série. Ce qui est super avec la F1, c'est que cela accélère tous les développements. Cette guerre sportive accélère toutes les technologies et nous trouvons et développons des technologies en quelques mois alors que cela prendrait des années ailleurs à cause nous devons trouver un avantage compétitif. Regardez à la technologie des batteries que McLaren et Mercedes ont lancé. Ces technologies de batterie vont arriver dans nos voitures de série, ce qui nous rend beaucoup plus utiles vis-à-vis des constructeurs qui s'engagent. Une des choses les plus intéressantes à l'avenir est que le fait que le moteur va de nouveau entrer dans l'équation. A l'heure actuelle, ils ont été, d'une certaine manière, stérilisés. Ils sont tous très similaires, ils ont tous été homologués et plus personne ne parle vraiment des moteurs. Il y a beaucoup de technologies intéressantes qui arrivent avec le nouveau moteur de 2014 et je suis vraiment heureux que les moteurs reviennent dans l'équation et qu'ils ne soient plus simplement un espace entre le châssis et la boite de vitesses.
Q: Est-ce que le V6 1,6l turbo est la bonne direction à prendre pour la F1 en 2014 ?
Bob Fernley (directeur assistant de Force India) : C'est la bonne direction. C'est très utile pour les motoristes et, comme l'a été mentionné par Ross et Martin, nous avons besoin d'être dans la même ligne que nos partenaires et être en mesure d'en apporter les bénéfices au public dans son ensemble. Il est très important que nous fassions cela. La F1 est comme la course à l'espace et les développements militaires : il ne s'agit pas seulement d'atteindre quelque chose grâce à un budget. La performance est la clé et nous pouvons faire énormément de choses pour aider les motoristes et c'est là dessus que nous devrions nous concentrer.
Tant qu'il y a une limite des budgets, pourquoi le nombre de cylindres ne peut pas être laissé libre ?
Martin Whitmarsh : C'est un problème de gestion des risques. Nous sommes dans une situation où il y a trois constructeurs automobiles impliqués et un constructeur indépendant. Les constructeurs automobiles ont été des investisseurs tout à fait significatifs en F1 et nous avons besoin de créer un environnement où les règles moteurs soient suffisamment précises pour que les gens puissent s'y impliquer sachant que s'is font du bon boulot, ils seront compétitifs. J'ai certes argumenté pour la diversité dans le passé mais le danger est que les constructeurs automobiles n'aient plus envie d'entrer dans ce sport s'il y a trop de diversité. De manière générale, même si les règles sont fixées, elles évoluent et si vous avez une gamme de moteurs, il sera clair au bout d'un an qu'une solution en particulier était la bonne. Le constructeur qui aura développé la solution alternative aura alors à réinvestir tout cet argent. Il s'agit de réduire le risque afin que nous puissions avoir en permanence quatre ou cinq constructeurs automobiles à la F1. Ils continueront toujours à venir et partir selon leurs désirs mais nous devons créer un environnement attractif pour les entreprises qui s'investissent en F1.
Ross Brawn : Ce que veut dire Martin est qu'aucun constructeur ne viendra avec le V8 atmosphérique que nous avons actuellement. Personne n'est intéressé. Nous devons créer de nouvelles opportunités pour de nouveaux constructeurs parce qui va venir et construire un V8 de 18.000 tours/minute ? Le nouveau moteur donne une nouvelle opportunité et c'est plus utile pour les constructeurs.
La F1 s'est toujours construite autour du concept d'exclusivité. Comment pensez-vous que cela puisse être équilibrer avec le fait d'avoir plus de fans impliqués ?
Graeme Lowdon (directeur sportif et président de Marussia Virgin Racing) : Au bout du compte, il doit y avoir un équilibre. La F1 est le sommet des sports automobiles et il doit y avoir une part d'exclusivité. Cependant, il y a beaucoup de façons différentes d'ouvrir le sport à beaucoup plus de monde à travers les nouveaux médias et différentes façons de communiquer. J'espère que les équipes font beaucoup de choses pour mieux intégrer les fans. De notre point de vue, nous sommes une nouvelle équipe et une des choses que nous avons faite est de réserver l'école de Stowe pour les cinq jours du Grand-Prix d'Angleterre. Nous y avons créé une zone dédiée aux fans et les gens peuvent venir et discuter avec les mécaniciens. Les gens peuvent interagir et nous voulons l'ouvrir au plus grand nombre de personnes possible. Nous l'avons déjà fait l'an passé et avons eu un magnifique retour de la part des fans. Je pourrais parler pendant des heures des restrictions budgétaires. La F1 nécessite énormément d'argent et pour dégager ces revenus, nous devons avoir une structure commerciale qui inclue un haut degré d'exclusivité. C'est un fait. Mais il y a encore beaucoup de choses que les équipes peuvent faire pour s'ouvrir.
Vous avez tellement de choses que vous pourriez nous montrer mais vous continuer à les cacher lors des courses. Pourquoi ?
Bob Fernley : Une partie du problème est qu'il est si cher d'avoir une place dans les tribunes lors des Grand-Prix. Même si nous voudrions vous en montrer plus, c'est beaucoup trop cher de le faire. Peut-être pourrions-nous regarder à un événement de la FOTA où toutes les écuries contribueraient au coût lors d'une course. Nous allons faire beaucoup de choses pour les fans en Inde et les équipes qui sont basées au Royaume-Uni vont certainement le faire pour le Grand-Prix de Silverstone.
Martin Whitmarsh : Il est clair que la F1 n'en a pas assez fait ces dernières années pour atteindre les fans. C'est l'une des raisons qui fait que nous soyons présents ici au Forum Fans. Nous avons introduit des séances d'autographes sur tous les circuits et nous essayons d'atteindre les gens. Nous les équipes n'avons pas le contrôle commercial et il y a des limites à ce que nous pouvons faire. Rien qu'hier (le 29 juin), nous avons essayé d'emmener une voiture à Silverstone et ils ont voulu nous facturer 15.000£ rien que pour la garer là pour le plaisir des fans. Il y a une limite à ce que nous pouvons faire mais nous devons faire plus.
Qu'est-ce qui vous empêche de diffuser l'ensemble des communications radio de toutes les écuries au grand public ?
Ross Brawn : La chaine radio entre le pilote et les stands est complètement ouverte et c'est au détenteur des droits commerciaux de décider ce qui doit être diffusé. Toutes les écuries ont accepté de les rendre accessibles pour diffusion et sur le circuit. Il y a énormément de choses que nous avons besoin d'améliorer, tant en termes de spectacle sur le circuit qu'en regardant la course à la maison. Nous commençons à travailler pour l'utilisation d'Internet. Ma femme regarde maintenant les temps intermédiaires lorsqu'elle regarde la course à la maison, quelque chose que nous n'avions pas il y a quelques années. En fait, elle me complique la vie quand elle a remarqué quelque chose que je n'avais pas vu ! Nous devons faire des progrès dans tous ces domaines.
L'une des choses que nous devons surmonter est que l'exclusivité de la F1 a fait naitre une certaine attitude des pilotes et de certains membres d'équipes. Nous devons casser cela. Si vous êtes en Nascar, vous savez qu'en tant que pilote, on attend que vous consacriez du temps aux fans. C'est vu comme une partie de votre travail. Nous devons nous ouvrir dans ce domaine en F1. Nous devons faire débuter les pilotes dans ce chemin là pour ne pas avoir à les changer après.
Martin Whitmarsh : Il n'y a pas si longtemps, McLaren et Ferrari dépensaient des centaines de milliers de dollars pour coder de manière digitale nos communications radio afin que nous ne puissions pas nous écouter. L'idée que nous puissions diffuser cela de manière gratuite nous était totalement étrangère. Cela a été l'une des premières décisions de la FOTA et, en vérité, nous détenions les droits des radios. Nous les avons donné au détenteur des droits commerciaux et lui avons demandé de l'exploiter. C'est un grand changement pour nous de passer de la dépense de beaucoup d'argent afin que personne puisse nous entendre à la diffusion gratuite. Nous devons travailler avec le détenteur des droits commerciaux pour être sûrs que nous l'exploitions au maximum.
Graeme Lowdon : J'aimerais que plus de gens puissent entendre nos communications radio. Nous sommes une équipe qui n'est pas au devant de la grille et pourtant nous avons une très, très solide base de fans partout dans le monde. Ils veulent tous savoir ce qui se passe dans nos courses et j'adorerais que vous puissiez entendre ce qui se dit dans les communications radio. Un moment fort pour moi a été les qualifications de Monaco cette année. Nous nous sommes qualifiés très loin du sommet mais vous aviez eu l'opportunité d'entendre Timo Glock pendant cette séance, lorsqu'il a fait marché notre voiture beaucoup plus vite que prévu, vous auriez été très intéressés par ses commentaires. J'aimerais que tout le monde puisse l'entendre car cela apporte un vrai plus au sport.
Avec le contrat de la BBC qui arrive à expiration à la fin de l'an prochain, qu'est-ce que peut faire la FOTA pour s'assurer que la F1 reste sur la télévision gratuite ?
Martin Whitmarsh : Toutes les équipes de la FOTA croient dans la télévision gratuite. Il y a certaines parties du marché où des services différenciés sont offerts mais si vous pensez au business model des équipes de F1, qui consiste à attirer des marques et à leur offrir de l'exposition médiatique, elles ont besoin d'une grande audience. Traditionnellement, cela signifie être diffusé gratuitement. Notre contrat actuel exige que la F1 reste diffusée gratuitement et les équipes, à travers la FOTA, ont clairement l'intention de préserver leurs intérêts économiques et l'intérêt des fans dans ce domaine. Mais ce n'est pas aussi simple que "C'est sur la BBC ou sur ITV." Les fans veulent beaucoup plus d'informations. Nous sommes dans un sport qui a beaucoup de données : nous avons beaucoup de données de télémétrie et d'informations stratégiques et toutes les équipes font beaucoup de modélisation et de simulation. Nous sommes un sport idéal pour apporter aux fans des informations supplémentaires, en plus des traditionnelles images de la télévision. Nous devons essayer de déchiffrer cela et ce n'est aussi simple que dire "nous devons rester gratuits." Les médias sont vraiment à plusieurs facettes et nous devons nous assurer qu'il y a une large entrée gratuite pour voir les Grand-Prix. Mais il y a énormément de gens qui veulent plus d'informations que vous n'aurez pas grâce à la télévision gratuite. Il y a des spéculations autour de l'intérêt de News Corp. autour du sport et soyons clairs : les équipes travaillent ensemble et ce sport n'ira nulle part sans les équipes. Si nous restons unis, nous pouvons contrôler la direction que prendra ce sport et nous n'essayons de le faire pour d'autres raisons que pour l'intérêt du sport.
Bob Fernley : J'approuve ce que dit Martin mais nous devons être pragmatiques en allant de l'avant. Peut-être que la BBC ne sera pas capable de suivre l'ouverture des données dont parle Martin. Je suis un peu plus ouvert à la question et d'autres sports prennent la route de la télévision payante. Bien entendu, il est dans notre meilleur intérêt d'avoir le maximum de téléspectateurs mais nous devons regarder la qualité de ce que nous allons faire sur le long terme.
Ross Brawn : L'autre chose à souligner est que les revenus tirés de la télévision ne sont qu'une partie de nos revenus. La majorité de nos revenus vient de nos partenaires et de nos sponsors et sans eux, nous ne sommes pas viables. Le modèle média est une partie vitale de nos revenus mais nous devons prendre en compte nos partenaires et si nous ne leur donnons pas l'exposition dont ils ont besoin, ce qui revient au nombre de personnes qui regardent la course, alors nous aurons des problèmes.
Graeme Lowdon : Notre business model est très différent des équipes établies. En tant qu'équipe, nous avons une très petite part des revenus télévisés et je dirais que 95% de nos revenus viennent de nos partenariats commerciaux et du sponsoring. Tout cela dépend de l'attractivité du grand public. S'il y a un changement de ce modèle, cela pourrait avoir un impact important sur nous puisque nous recevons très peu d'argent de la télévision. Il vient des partenaires et des sponsors parce que nous avons très peu d'argent lié à la télévision. Nous aimons penser que nous avons un modèle plutôt robuste et il changerait certainement si nous passions à la télévision payante. Et cela ne serait certainement pas à notre avantage.
Dans quels pays aimeriez-vous vraiment voir une course de F1 ?
Martin Whitmarsh : Nous allons aux Etats-Unis mais cette fois-ci nous devons vraiment aller aux Etats-Unis. C'est à dire aller là-bas, avoir une seule course n'est pas suffisant. C'est ce que nous avons fait aux Etats-Unis et ça n'a pas marché. Nous ne sommes pas vraiment aux Etats-Unis. Les Etats-Unis n'ont pas besoin de nous mais nous avons besoin de les conquérir. Peut-être avons-nous besoin d'avoir deux courses par an et un vrai programme marketing. Nous devons créer l'intérêt.
En Europe, les gens comprennent la F1 et nous avons une forte base de fans. C'est le cas aussi dans certaines parties de l'Asie et en Amérique du Sud. Mais le problème est que nous n'allons pas assez à d'autres endroits et nous devons faire de gros efforts quand nous allons dans des pays comme la Corée ou l'Inde, où nous allons en fin de saison. Nous ne pouvons pas seulement aller là-bas, avoir une course et rentrer à la maison. La F1 n'a pas eu besoin de se vendre dans le passé : les fans venaient à nous. Mais il y a beaucoup de compétition dans le monde du divertissement. Nous devons conquérir l'Amérique : c'est un programme à cinq ans. Nous devons être sur la côte Est et sur la côte Ouest. C'est un marché suffisamment grand et important pour avoir deux courses et nous devrions être là-bas. Je n'ai rien contre le Texas et j'espère que ça sera une très belle course mais l'endroit naturel pour nous est la côte Est et la côte Ouest. Long Beach et autour de New York : voilà les endroits où nous allons créer de l'intérêt pour la F1.
Ross Brawn : Je suis totalement d'accord avec Martin. C'est l'aspect commercial. Nous aimerions tous aller à dans des pays où les fans sont enthousiastes et où nous pouvons vraiment sentir la passion. Un des pays qui était comme ça dont je me souviens est l'Argentine. Le climat économique là-bas n'est pas ce qu'il faut pour avoir une course de F1 maintenant. Parmi les courses où nous allons actuellement, il y en a plusieurs où nous avons hâte d'aller car les fans y sont très enthousiastes. Cela fait une différence pour nous parce que nous voulons aller là où les gens apprécient vraiment la course automobile et où vous pouvez vraiment entendre le bruit de la foule.
Graeme Lowdon : Martin a de très bons arguments pour l'aspect commercial. Mais si vous regardez à l'aspect émotionnel, nous allons à des endroits où les fans sont pour le mieux indifférents et à des endroits où les fans sont des connaisseurs, fanatiques et ça serait génial d'aller plus dans ce genre d'endroits. J'ai le sentiment que cela serait un circuit urbain car c'est ce qui permet de se rapprocher le plus de l'action. Je n'ai jamais connu une expérience de course en Argentine et cela semble être un endroit cool où aller. Si ce n'est pas le cas, Newcastle serait un bon endroit !
Bob Fernley : Malheureusement, je suis suffisamment vieux pour me rappeler les courses à Long Beach et je pense que Martin a entièrement raison. La côte Ouest et la côte Est sont les maisons naturelles de la F1 aux Etats-Unis. Le seul continent majeur où nous n'allons pas est l'Afrique et j'aimerais que nous y retournions.
Est-ce que les écuries seraient prêtes à considérer de subventionner certaines courses classiques si elles ont des difficultés financières ?
Martin Whitmarsh : Nous devons avoir un business model plus flexible en F1. Le modèle que l'on suit actuellement a très bien réussi pour développer le sport mais si nous perdons des courses classiques, nous risquons l'héritage de notre sport. Si vous dites aux écuries, est-ce que vous acceptez de recevoir moins d'argent pour aller courir à des endroits comme Spa-Francorchamps, je suis sûr que nous le ferions tous. Ce qui est important est que nous disions la même chose au détenteur des droits commerciaux car il est beaycoup plus riche que nous tous rassemblés. Pour être honnête, je pense qu'il est prêt à prendre une approche plus flexible selon les circonstances mais nous devons décider ensemble où il est important d'aller et nous assurer que nous trouvions une solutions commerciale afin que les circuits historiques puissent survivre.
Q : Nous ne pouvons jamais voir le champion couronné à la fin de l'année. Est-ce que ça serait une bonne idée ?
Ross Brawn : Il existe un événement mais c'est un événement exclusif et c'est le problème avec la F1. Il est difficile de le faire parce nous avons beaucoup de technologies en F1 et il y a une période où nous devons nous calmer avant que les résultats soient définitifs. Nous voudrions pas d'une situation avec un annone prématurée du champion du monde avant de nous rendre compte qu'il y a un gadget qui n'est pas tout à fait normal. Créer un événement sportif après la fin de la saison, dont une partie serait le couronnement du champion du monde, serait une idée fantastique.
Graeme Lowdon : Techniquement, le problème est que la F1 n'est pas notre championnat mais celui de la FIA. Il y a une cérémonie des récompenses à la fin de l'année où ils remettent les coupes pour les championnats de la FIA. Je n'avais jamais réalisé combien il y en avait avant de me rendre à cet événement. C'est un marathon et vous avez intérêt à prendre un Kit-Kat avec vous. Cela serait génial d'impliquer davantage les fans dans cet événement.
Est-ce qu'il devrait y avoir un tour du monde des trois premiers du championnat à la fin de l'année ?
Martin Whitmarsh : Nous faisons ce genre de choses. Nous fermons Woking de temps en temps (pas aussi souvent que je le souhaiterais !) et nous faisons rouler une F1 à travers la ville pour célébrer un championnat du monde. Ces événements sont contrôlés. Le couronnement d'un champion du monde serait un événement fantastique. A l'heure actuelle, c'est entremêlés avec de la course tout-terrain à travers le Sahara et d'autres choses et je pense que nous pourrions en faire un grand événement.
Comment la F1 équilibre-t-elle la volonté d'être plus écologique et l'augmentation de l'utilisation de pneumatiques en course ?
Ross Brawn : Martin a lancé une très belle initiative qui s'intéresse à l'empreinte carbone de la F1 et les moyens de la réduire. Il y a eu de gros efforts de consentis pour réduire le nombre de machines que nous emmenons à caque course et il y a désormais une limite du nombre de personnes que nous pouvons avoir sur le circuit. Nous avons regardé toutes les initiatives qui nous permettent de réduire notre empreinte carbone et il faut reconnaitre que les voitures n'en sont qu'une toute petite partie.
L'important à propos des voitures de course est le message qu'elles transmettent. Avec le nouveau moteur de 2014, l'objectif n'est pas de rendre le moteur plus efficace en tant que tel : le message est qu'il est cool d'avoir un moteur vraiment efficace. Un moteur qui va courir avec beaucoup moins d'essence à cause des objectifs de consommation que nous nous fixons pour l'avenir. 30, 40, 50% de moins que ce que nous avons maintenant mais toujours avec le même niveau de performance et d'excitation que nous avons maintenant. Nous ne voulons pas avoir des courses à l'économie d'essence mais nous voulons fixer des cibles pour les ingénieurs.
Ce que je voudrais demander à Pirelli est savoir ce qu'ils font avec les vieux pneumatiques. Certains sont laissés sur la piste, comme vous le savez, et c'est l'un des symboles de cette année. Je suis certain qu'ils font quelque chose à propos du recyclage et ils ont beaucoup amélioré la course également. Nous étions tous un peu inquiets par rapport au changement mais ils ont fait un super boulot, ont largement ouvert la course et l'ont rendu beaucoup plus intéressantes.
Bob Fernley : Il faut peut-être séparer les choses. Le travail de la F1 est d'aider à développer des technologies, telles que le V6, pour le bénéfice de toute l'économie à travers les constructeurs. A travers les efforts de la FOTA, il serait inacceptable de gaspiller plus que de nécessaire en matière de voyages mais je pense que la F1 (peut-être parce que je suis un dinosaure) est une hymne à l'excès. Nous avons les moteurs les plus puissants, nous avons le meilleur spectacle de course automobile, nous avons les plus grosses fêtes, nous avons les plus belles filles et nus devons pas perdre tout cela. En fin de compte, nous sommes un spectacle et le spectacle doit être maintenu. Mais nous pouvons également faire notre part pour l'environnement.
Est-ce qu'il y a quelque chose que le sport peut faire pour impliquer davantage les étudiants en F1 ?
Ross Brawn : Je pense que le sport en fait quand même pas mal. Nous supportons différentes initiatives, comme F1 à l'école, qui est une compétition pour jeunes enfants afin de construire un projectile utilisant peu de CO2. Ils apprennent à le dessiner à l'école. Nous essayons de semer les graines d'un challenge d'ingénierie et un challenge d'équipe dès le plus jeune âge. Cela a très bien marché.
Ensuite, nous passons à Formule Etudiant, qui est une initiative qui implique de nombreuses universités. Une équipe d'étudiants dessinent et construisent une voiture de course et ils peuvent se battre l'un contre l'autre. Le grand événement est à Silverstone, qui va avoir lieu bientôt, et je pense que 130 universités participent. J'ai parlé à des étudiants, qui disent qu'ils sont allés dans une université en particulier à cause du programme Formule Etudiant. C'est une initiative fantastique parce que cela nécessite de l'ingénierie mais ils doivent également présenter un modèle commercial pour lever des fonds. C'est de la construction d'équipe, c'est de la gestion de pilote : c'est une initiative fantastique que beaucoup de gens soutiennent. Notre ingénieur en chef dans l'équipe de course est arrivé à travers ce programme.
Chaque équipe en F1 prend des étudiants. Nous avons 10-15 jeunes diplômés au sein de notre entreprise. Ils sont géniaux parce qu'ils ne sont pas chers et très enthousiastes. Cela motive beaucoup notre personnel d'avoir ces jeunes, qui veulent tous faire bonne impression.
Bob Fernley : Pour compléter ce que dit Ross d'un point de vue de la F1 dans son ensemble, Force India a lancé sa propre académie en début d'année. Elle est divisée en trois parties : la première est le lancement de pilotes, où Force India est allé à travers toute l'Inde pour trouver le nouveau Lewis Hamilton. La seconde partie est de créer des vocations, où nous voulons faire venir de jeunes ingénieurs au sein de l'équipe de F1 et la troisième partie est l'aspect académique. Nous allons soutenir de talentueux jeunes ingénieurs qui n'ont pas les moyens nécessaires pour aller au bout. Nous sommes passionnés pour aider les jeunes et les emmener à ce sport. Evidemment, la notre est centrée sur l'Inde mais nous sommes très actifs dedans.