Bahrain estime que les écuries ont été capricieuses
Bahrain a été dans l'obligation de se retirer du calendrier 2011 après que les écuries aient fait savoir qu'elles refusaient de se rendre dans le pays à la date proposée du 11 décembre et à cause des violences qui ont eu lieu dans le pays. Ce qui n'a toujours pas été digéré par Zayed Alzayani, le président du Grand-Prix de Bahrain.
A l'occasion du Grand-Prix de Silverstone, le dirigeant de l'épreuve bahrainie a ainsi déclaré au London Evening Standard : "Elles ont été très capricieuses. Je suis déçu parce que ce n'est pas possible de passer en trois mois de : "Oh vous êtes ma destination préférée. Nous aimons venir ici. Nous nous sentons à la maison à Bahrain." à "Nous ne voulons pas aller à Bahrain." Oui, il y a eu des événements entre les deux deux mais vous ne pouvez pas être aussi capricieux."
Pour autant, il n'a pas voulu engager un bras de fer avec les écuries : "Il y a eu beaucoup de protestations de la part des équipes et des sponsors. Au bout du compte, nous nous sommes retirés. Nous ne voulions pas nous battre avec les équipes."
A entrendre le dirigeant, les événements en question étaient donc anodins et ne méritaient pas toutes l'attention qu'on leur porte. Pourtant, il est tout de même peu fréquent qu'un pays demande à certains de ses voisins d'envoyer des forces armées pour essayer de restaurer la stabilité politique ainsi qu'il choisisse de détruire la place devenue symboles des protestations, où 31 protestants ont été tués.
Mais surtout, Zayed Alzayani estime que Bahrain n'a pas à rougir de sa situation quand on la compare à d'autres pays qui sont ou qui s'appretent à retourner au calendrier : "Ils vont aux Etats-Unis l'an prochain. Et Guantanamo alors ? Ce n'est pas une violation des droits de l'homme ? Comme Bernie me l'a dit, "si les droits de l'homme étaient le critère pour les courses de F1? nous n'irions qu'en Belgique et en Suisse à l'avenir." Il ne s'arrête pas en si bon chemin en répond aux critiques que Mark Webber avait fait connaitre : "Est-ce que l'Australie n'a pas de problèmes avec les Aborigènes ? Je ne vois pas Mark Webber en parler. Je ne sais pas pourquoi Mark Webber s'est dressé contre Bahrain. Il a couru à Bahrain plusieurs fois et il l'a toujours adoré. Nous avons jamais eu une critique en sept Grand-Prix. Nous avons toujours eu de très bonnes notes pour notre organisation. Tout le monde engagé en F1 aime ce Grand-Prix."
Forcément, il n'est pas possible d'évoquer l'organisation d'une course de F1 sans que le nom de Bernie Ecclestone n'apparaisse à un moment ou l'autre. Zayed Alzayani refuse pour autant de dire que si la FIA avait décidé de restaurer Bahrain au calendrier 2011, c'est pour ne pas que le grand argentier de la F1 ne perde les 40 millions de dollars de frais d'inscription que doit lui verser le Royaume pour accueillir la première épreuve du championnat : "Ca été une décision unanyme des 26 membres du Conseil Mondial. Bernie a voté pour. Je l'ai rencontré le 8 juin. Il m'a dit : "Il y a de la résistance des équipes mais si vous le souhaitez, je peux pousser pour. Nous allons trouver une solution. Il nous a même donné l'option de courir le 4 décembre. Cela n'a jamais été une question de savoir si Bernie allait perdre de l'argent en ne faisant pas de course à Bahrain."
Mais pour le dirigeant bahraini, son épreuve est même plus festive et attendue qu'une épreuve comme Silverstone, qui est pourtant l'épreuve où il y a le plus de spectateurs (100.000 cette année) : "A Silverstone, nous ne sentez la course qu'à l'aéroport. Vous ne voyez rien à l'aéroport, peut-être une petite bannière, rien à Londres. Vous allez sur Oxford Street et personne ne sait qu'il y a un Grand-Prix. Si nous étions le week-end de course à Bahrain, vous verriez des posters, des fliers, de la publicité dans tous les centres commerciaux et à tous les coins de rue. Pour nous, le Grand-Prix est assurément le plus grand événement de l'année. Nous l'attendons toute l'année, cela met Bahrain sur la carte, transforme le pays et change l'humeur des gens. C'est plus fort que votre Silverstone, la FA Cup, le Derby et le Grand National associés."
Ayant personnellement pu assister aux deux épreuves, je peux vous garantir qu'il n'y a pas beaucoup d'autochtones dans les tribunes pour le grand public et que l'ambiance dans les tribunes et autour du circuit n'a tout simplement rien à voir. La majorité des Bahrainis sont dans les loges VIP de l'énorme tour située en bout de ligne droite. L'essentiel des spectateurs payants sont des passionnés habitant dans les pays du Golfe mais qui sont Français, Britanniques, Libanais, Egyptiens...
Enfin, il refuse que Bahrain soit associé au reste des mouvements populaires qui ont embrasé le Moyen-Orient : "Bahrain ne doit pas être confondu avec le combat pour la démocracrie qui se déroule dans d'autres endroits du Moyen-Orient. Il y a deux types de Moyen-Orient. Vous avez la Tunisie et l'Egypte, qui sont des mouvements nationalistes. Ensuite, vous avez la Libye, le Yémen et la Syrie, où trois dirigeants utilisent tout leur arsenal pour rester au pouvoir. Vous voyez des gens tués tous les jours. Bahrain n'est aucun des deux. Sa Majesté n'est pas Kaddafi, ni Assad. Il a levé l'état d'urgence et a nommé des juges à la grande réputation international pour analyser la situation. Il y a un dialogue national en cours."