Bahrain est de retour au calendrier 2011

Publié le par Matthieu Piccon

Tour BahrainLa logique économique l'aura donc emporté sur la morale politique : la FIA a décidé de rétablir Bahrain au calendrier 2011 de la Formule 1. Pour ce faire, la Fédération a été contrainte de déplacer le Grand-Prix d'Inde, qui se retrouve être la nouvelle finale du championnat. Celle-ci aura donc lieu le 11 décembre !

Il aura donc été nécessaire de prolonger d'un mois la première échéance pour que le pays soit en mesure d'obtenir de nouveau une place au calendrier puisque la situation politique en mai dernier ne permettait toujours pas d'envisager un tel retour.

La FIA a donc estimé que le fait que le gouvernement lève l'état d'urgence dans le pays était un signe suffisant que la situation politique était de retournée à la normale. L'organisation dirigée par Jean Todt a également due appréciée le fait que le principal parti d'opposition apporte également son soutien à l'épreuve et qu'il ne menacera donc pas son déroulé. Zayed R. Alzayani, qui préside le circuit, a ainsi déclaré : "Ensemble, nous sommes engagés dans le processus de répondre aux problèmes d'ordre national et international et apprenons de nos erreurs faites dans un passé proche. D'ici à ce que le Grand-Prix n'arrive, nous serons en mesure de montrer Bahrain au monde sous son meilleur jour. Le Grand-Prix de Bahrain a toujours été une source de fierté nationale et c'est un événement qui transcende la politique. Non seulement, il reçoit un fort soutien de la part du gouvernement mais également de toutes les principales forces en présence à Bahrain, y compris notre principal groupe d'opposition, Al Wefaq, qui a soutenu hier tant le Bahrain International Circuit que les courses automobiles à Bahrain."

Il faut dire que ce retour ne présentait que des avantages financiers pour toutes les parties en présence. Tout d'abord, l'organisation d'un Grand-Prix entraîne d'importantes retombées financières pour le pays organisateur, comme le déclare le dirigeant du circuit : "Cela va offrir un soutien significatif à l'économie du pays. Le Grand-Prix attire 100.000 spectateurs, crée 3.000 emplois et générer environ 500 millions de dollars de retombées économiques. C'est un effet positif qui sera senti dans tout le pays." La somme évoquée d'un demi-milliard de dollars permet donc de largement compenser les 40 millions de dollars que le circuit va désormais pouvoir verser à Bernie Ecclestone pour la tenue de l'épreuve. Le grand argentier de la F1 avait donc un intérêt non négligeable à faire revenir l'épreuve au calendrier.

Néanmoins, ce retour posait quelques problèmes d'ordre logistique puisque la F1 ne prévoyait de retourner au Moyen-Orient que pour l'épreuve d'Abu Dhabi que le 13 novembre. Or s'il devait être intercalé entre le Grand-Prix d'Inde et celui des Emirats Arabes Unis, cela aurait conduit à effectuer trois courses en trois semaines. La solution trouvée a été de tout simplement déplacer le Grand-Prix d'Inde à la fin de la saison. Cette solution était d'autant plus simple à trouver que le Grand-Prix d'Inde bénéficie d'un important soutien de la part de l'épreuve bahrainie, qui va lui fournir 110 commissaires pour former et encadrer des commissaires locaux.

La finale du championnat aura donc lieu le 11 décembre, ce qui risque de provoquer la colère du personnel des équipes. Ainsi Ross Brawn avait déclaré en début de semaine à Autosport qu'une finale en décembre serait inacceptable : "Nos gars travaillent depuis janvier et nous n'avons plus d'équipe d'essais. Ce sont donc les mêmes gars qui travaillent depuis janvier et nous leur demandons maintenant de travailler en décembre. Cela signfie qu'il n'y aura pas le temps d'avoir des vacances avant Noel et que nous allons devoir retourner travailler directement en janvier."

La réaction des autres écuries n'est guère plus favorable, comme on peut le lire sur le site de Red Bull : "Red Bull Racing a pris connaisance de la décision du Conseil mondial de la FIA d'organiser le Grand-Prix de Bahrain 2011. Nous allons utiliser les moyens adéquats et discuter de cette décision avec les autres équipes de F1 et les autres membres de la FOTA au sein des assemblées appropriées." Lors de la décision de reporter l'épreuve en mars dernier, Williams avait fait savoir que si la FIA ne l'avait pas repoussé, l'écurie n'aurait pas pris à cette épreuve. Nous verrons maintenant qu'elle sera la décision prise par les équipes : seront-elles prêtes à aller jusqu'au boycott dans cette histoire qui ne resort pas la F1 (loin de là) grandie ?

Voilà la question qui pourrait avoir poussé la FIA à rétablir cette épreuve : si les équipes décident de ne pas participer, ce n'est ni la faute de la FIA, ni celle de Bernie Ecclestone. Ils pourraient donc sauver la face par rapport à leurs interlocuteurs moyen-orientaux, ce qui leur permettrait de poursuivre leurs relations d'affaires sur le long terme.

Publié dans Circuits, Bahrain, Sakhir, Calendrier

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F
<br /> <br /> Il y a quand même quelque chose qui me fait douter de la possibilité d'obtenir une union sacrée des écuries pour boycotter ce grand prix : de plus en plus d'écuries, et pas des moindres, sont<br /> liées à des investisseurs du Golfe.<br /> <br /> <br /> Je pense à Ferrari et à Mercedes et à leurs partenaires d'Abu Dhabi, mais surtout  à McLaren, propriété à hauteur de 30% du Bahrain Mumtalakat Holding Company, derrière lequel on retrouve<br /> grosso modo la famille royale du Bahrein, également partie prenante dans l'organisation du grand prix.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Excellente remarque. Effectivement, la famille royale de Bahrain est un des principaux actionnaires de McLaren et il y a peu de chances qu'elle voit d'un bon oeil que les équipes veuillent<br /> boycotter cette épreuve.<br /> <br /> <br /> La solution du boycott est seulement une possibilité, surtout quand on voit les réactions de Ross Brawn et de Red Bull. Mais de là à ce que les équipes mettent en pratique leur menace, il y a<br /> effectivement un pas important. D'autant plus que l'épreuve est désormais juste avant Abu Dhabi : les coûts de transport sont donc très limités et ne sont donc pas un obstacle pour les équipes.<br /> <br /> <br /> L'avenir nous dira ce qu'il en sera mais le moins que l'on puisse dire, c'est que la F1 ne ressort pas grandie de cet épisode...<br /> <br /> <br /> <br />