Bahrain décide de reporter son épreuve
La rumeur s'était faite de plus en plus importante au cours du week-end. Elle s'est désormais concrétisée : face aux troubles politiques qui agitent le pays, Bahrain a été dans l'obligation de reporter son épreuve, qui devait se tenir du 11 au 13 mars prochain.
Ainsi le circuit a communiqué aujourd'hui qu'il était dans l'impossibilité de maintenir sa place de première course de la saison en raison des manifestations violentes au sein du Royaume : "Le Circuit International de Bahrain a annoncé aujourd'hui que le Royaume de Bahrain se retirait pour l'organisation du Grand-Prix de Formule 1 de cette année afin que le pays puisse se concentrer sur son processus de dialogue national."
Cette décision est donc prise une semaine après celle de l'annulation de l'épreuve de GP2 Asia qui devait se courir la semaine dernière, moment où les manifestations ont dégénéré dans la violence. Il était, en effet, absolument crucial que si une course devait avoir lieu qu'elle se déroule dans les conditions de sécurité optimale, ce qui aurait impossible à garantir étant donné le climat politique dans le pays, comme le reconnait le Prince Héritier Salman bin Hamad Al-Khalifa : "Même si Bernie Ecclestone a gentiment déclaré que la décision sur la course était entièrement entre les mains de Bahrain et n'était pas encore nécessaire, nous avons pensé qu'il était important pour le pays de se concentrer immédiatement sur les problèmes d'intérêt national et laisser l'accueil de la course de Formule 1 à Bahrain à une date ultérieure."
En tout cas, la décision prise par le Royaume devrait également faire jouer la clause de force majeure, comme cela avait été le cas pour la course de GP2, même si cela n'est pas explicitement écrit dans le communiqué de presse. Cela permet également à Bernie Ecclestone de ne pas casser le contrat pour lequel il a reçu 20 millions de dollars pour être la première course de la saison en plus des 40 millions réglés pour l'organisation de la course. Mais étant donné qu'à l'heure actuelle, la course n'est que reportée et non annulée, Bahrain ne devrait pas à verser de compensations supplémentaires mais il est probable que la FOM est protégée d'une éventuelle annulation et conservera la prime versée pour la première course.
Melbourne se retrouve donc avec la première course de la saison sans avoir à payer pour et le circuit de Barcelona va bénéficier de trois jours de roulage supplémentaires, entre le 8 et le 11 mars prochain. Aucune date n'a été évoquée mais le calendrier est relativement chargé en raison des 20 courses initialement prévues. Pour des raisons logistiques, il pourrait être intéressant de le placer juste avant la course d'Abu Dhabi mais les équipes devraient faire trois courses en trois semaines : Inde, Bahrain et Abu Dhabi avant de partir pour le Brésil.
Raisons de l'agitation politique
Maintenant, le pays va pouvoir se concentrer pour régler les fortes tensions politiques qui agitent la rue depuis deux semaines. L'une des principales raisons est liée à la lutte d'influence entre sunnites et chiites. En effet, la majorité chiite provient d'une émigration forte d'Iraniens (en 1941, il comptait pour plus de 8% de la population du royaume) et d'importants liens historiques (en 1860, l'émir en place a écrit au Shah d'Iran qu'il était son frère et mettait son peuple sous l'autorité iranienne afin de contrer l'ambition des Britanniques). Or comme le reste de ses voisins, la famille dirigeante est sunnite. Bahrain est donc un cas atypique dans la région : les sunnites sont en minorité mais sont au pouvoir (les Al-Khalifa ont pris le pouvoir pour la première fois en... 1820).
Bahrain est également dans la même situation que le Yémen, à savoir qu'il ne dispose plus de réserve de pétrole (ou tellement limitées qu'elles ne peuvent assurer l'avenir économique du pays) alors que le Qatar dispose des troisièmes réserves mondiales de gaz ! Le peuple bahraini connait depuis des années des problèmes de chômage, une notion totalement inconnue pour les autres peuples de la région. Ainsi l'intégralité des chauffeurs de taxis du pays sont des nationaux, ce qui est totalement inconcevable dans les autres pays de la région.