Au cours de la saison en cours, la communication de Renault par rapport à la F1 a beaucoup évolué. Évidemment, l'affaire du crash de Nelson Piquet Jr. lors du Grand-Prix de Singapour 2008 a été un coup dur pour une écurie (et plus largement une entreprise) qui a toujours un fer de lance du respect de la législation en vigueur.
Être pris en défaut dans ce domaine est d'autant plus dommageable pour l'image de marque de l'entreprise que cette affaire a mis en danger la vie d'un pilote mais également celle de ses concurrents, des spectateurs et des commissaires de piste. En une seule fois, elle a anéanti des années d'efforts (et des millions de dollars).
Sa rapide réaction en se séparant des coupables, Flavio Briatore, Pat Symonds et Nelsinho Piquet, a, en tout cas, été salvatrice puisque cela lui permit de s'attirer la clémence du Conseil mondial de la FIA et de sauver sa place sans avoir à débourser une amende colossale, comme cela avait pu être le cas de McLaren-Mercedes qui n'avait pas du tout collaboré avec la fédération internationale dans l'affaire d'espionnage industriel de Ferrari en 2007.
Mais cette affaire commence à avoir de sérieuses conséquences, comme le montre le départ de ses deux principaux sponsors, à savoir ING et Mutua Madrilena, qui ne voulaient plus être associés à une écurie à l'image entachée de tricherie. Cela a conduit l'écurie à faire profondément évoluer la livrée de ses monoplaces (en attendant que les vêtements soient prêts), comme le montrent les deux photos ci-dessous (celle de gauche prise en Malaisie et celle de droite, lors des essais du Grand-Prix de Singapour) :
On peut donc clairement voir la différence : le retrait avec effet immédiat d'ING a conduit Renault a implanté son propre logo sur les flancs de ses monoplaces. Cela a le mérite de faire de la publicité mondiale (on parle de 160 millions de téléspectateurs à chaque course) tout en évitant de tomber dans le "syndrome Brawn GP", dont les monoplaces et combinaisons sont presque toutes blanches.
Un changement chez Red Bull aussi
Mais Renault n'est pas un F1 seulement via son écurie propre. Le Losange est également fournisseur de moteur pour l'écurie Red Bull. L'année passée, ce partenariat n'était pas des plus glorieux pour Renault puisque l'écurie-soeur de Red Bull, Toro Rosso, qui disposait du même châssis (ou presque) mais était motorisée par Ferrari eut des résultats largement meilleurs puisque Sebastian Vettel (désormais chez Red Bull) remporta la course de Monza après avoir signé la pole-position. Renault n'avait donc aucune raison de valoriser outre mesure ce partenariat (seule présence de Renault sur l'avant des monoplaces), surtout que dans le même temps, Renault F1 Team remportait deux courses en fin de saison (dont le désormais fameux Grand-Prix de Singapour). A la fin de la saison, Renault pointait à la 4ème place au classement général avec 80 points alors que Red Bull terminait 7ème avec seulement 29 points.
Cependant, les choses ont quelque peu évolué depuis. Les hommes d'Adrian Newey ont su profiter du changement de réglementation techniquepour remonter vers le haut de la grille. Dans le même temps, Renault n'a pas su tirer avantage de son KERS et ne disposait pas non plus du double diffuseur. Les résultats se sont alors inversés pour les deux écuries.
Le début de saison de Red Bull est excellent : doublé sous le déluge chinois, deuxième place de Vettel à Bahrein, troisième place de Webber en Espagne. Dans le même temps, le bilan du Losange est beaucoup plus modeste avec seulement deux 5èmes places glanées par Fernando Alonso. Arrive alors le Grand-Prix de Monaco. Lors du week-end monégasque où toute la jet-set du Festival de Cannes se rend sur le Formula One Circus, un changement tout en douceur se produit (de manière apparente) mais qui traduit la volonté de Renault de profiter du succès de son écurie-cliente. Ainsi le Losange apparaît désormais clairement sur la combinaison des deux pilotes de l'écurie au taureau rouge, visible lors de toutes les interviews. Vous pouvez constater la différence entre le Grand-Prix de Malaisie et le Grand-Prix de Monaco ci-dessous :
Mais plus qu'une opération de communication réussie, on peut se demander si les dirigeants de l'écurie ne cherchent pas à montrer tout son savoir-faire en terme de moteurs et que les mauvais résultats de ce début de saison ne sont pas le fait des moteurs mais bien du châssis.
Or cela est d'importance puisque les moteurs sont fabriqués sur le site historique de Renault F1 à Viry-Chatillon en France tandis que les châssis sont conçus et fabriqués en Angleterre à Enstone, sur le site de l'ancienne écurie Benetton.
Cette évolution sur les combinaisons Red Bull pourraient donc être le signe extérieur d'une lutte interne entre "les Français" et "les Anglais", avec la volonté des premiers de reprendre le dessus, après une longue main-mise de Flavio Briatore sur l'écurie. Celui-ci n'hésite ainsi pas à dire qu'il a été trahi par son propre clan lors de l'affaire Renault-Piquet et qu'il n'en restera pas là. Quand on connaît le potentiel de réaction de l'Italien, on peut se dire que ses déclarations ne sont peut-être pas que le dernier baroud d'honneur d'un homme banni à vie d'un sport qui l'a fait roi avant de le rejeter.