17 circuits menacent de quitter la F1 à cause des nouveaux moteurs
Nous pensions que la polémique interminable autour de l'introduction de moteurs plus écologiques en 2013 avait pris fin après la décision de finalement privilégier le V6 à partir de 2014.
Mais il semblerait que la nouvelle réglementation ne plaise toujours pas mais, cette fois-ci, aux circuits, qui ont peur que le bruit des moteurs soit beaucoup moins impressionnant qu'à l'heure actuelle !
Le point crucial dans la réglementation qui déplait tant aux circuits est la limite du nombre de tours/minute imposé : en effet, il passerait des 18.000 tours actuels à seulement 12.000 dans l'objectif affiché de réduire les émissions des moteurs. Néanmoins, cela présenterait un énorme changement d'un point de vue bruit puisque les moteurs seraient beaucoup plus silencieux qu'à l'heure actuelle. Les promoteurs ont donc peur que cela ne fasse fuir les spectateurs, qui sont leur seule source de revenus.
Selon une déclaration faite au site spécalisé britannique Pitpass, le président de l'Australian Grand-Prix, Ron Walker, a fait savoir que 17 promoteurs lui avaient donné leur pouvoir pour s'opposer à la nouvelle réglementation lors du vote du Conseil Mondial, qui doit avoir lieu demain : "C'est la première épreuve de force que les promoteurs ont eu avec la commission et elle comprend parfaitement où nous en sommes. La proposition du Conseil Mondial a, pour la première fois, galvanisé tous les promoteurs, y compris Monaco. Ils m'ont donné leur droit de vote pour que je vote contre le moteur. 17 circuits m'ont donné leur droit de vote. Les seuls qui ne m'ont pas autorisé de voter en leur nom sont la Corée et la Chine."
Bien entendu, ces circuits ne comptent pas se fermer une telle porte en n'accueillant rien à la place. La solution idéale à leurs yeux apparait alors être l'IndyCar : "La majorité des circuits signeront un accord avec l'IndyCar et nous courrirons pour l'IndyCar parce qu'il est très dur de distinguer à 100 mètres une voiture d'Indy d'une F1 et les fans l'adoreront. Indy vendrait son bras droit pour aller dans tous ces pays."
Si la déclaration d'intention est ferme, elle en parait pourtant aussi crédible que la séparation avancée par les écuries au cours des années passées. Certes, l'Indy voudrait peut-être étendre sa base géographique, qui est, à l'heure actuelle, limitée aux Etats-Unis, Brésil, Canada et Japon. Mais il parait plus qu'improbable que l'ensemble des 17 épreuves puisse rejoindre rapidement le plateau d'IndyCar puisque celui-ci compte d'ores et déjà 19 épreuves (seul Sao Paulo accueille les deux catégories). Si des circuits comme Silverstone, Monaco, Monza et Spa présenteraient certainement un attrait particulier pour l'IndyCar, on peut se demander pourquoi l'IndyCar déciderait d'aller en Turquie, Hongrie ou Valence...
Si l'on regarde ce qui s'est passé dans d'autres catégories (à commencer par Le Mans), nous pouvons constater que le passage au Diesel (qui pourrait passer pour une aberration pour les fans de sports automobiles) n'a pas fait fuir les spectateurs, malgré un bruit qui n'a rien à voir avec celui dégagé par des moteurs essence. Certes Audi et Peugeot sont désormais une classe au-dessus du reste de leurs concurrents mais la bataille entre les deux équipes n'en reste pas moins magnifique. Les audiences du circuit manceau n'ont pas baissé et des milliers de spectateurs sont restés en émoi devant la bataille livrée lors de dernière édition des 24 heures. Il n'est donc pas garanti qu'une baisse des effets sonores des monoplaces ait un impact significatif sur la fréquentation des épreuves à partir du moment où le spectacle reste de grande qualité.
S'il parait donc improbable que l'on arrive à une telle extrémité dans le conflit actuel, cela présente néanmoins un changement important dans l'environnement politique de la F1 : Ron Walker a pris un rôle qui lui permet de parler seul pour 17 épreuves différentes, ce qui donne beaucoup plus de pouvoir à sa voix que les nombreux comités de décision de la FOTA, qui rassemble les écuries (à l'exception de HRT). Si l'on rajoute à cela qu'il est l'un des amis proches de Bernie Ecclestone, son poids politique pour l'avenir du sport n'en ressort que plus renforcé.
Voilà de quoi sérieusement diminué le pouvoir que peut représenter la FIA de Jean Todt, pour qui l'Australien n'a pas de mots tendres : "C'est très bien que Jean Todt déclare que nous allons montrer au monde que nous allons devenir écolos mais ils vont ruiner le spectacle. Cela va détruire notre base de clients. Todt m'a dit en Australie que la prochaine étape sera d'avoir l'hybride. J'ai alors évoqué le bruit et il m'a alors dit qu'il mettrait un amplificateur à l'arrière des voitures. Dieu tout puissant ! Max avait pour ambition de renforcer la sécurité et il a fait un travail magnifique et il a réduit les coûts. Mais devenir écolos, laissons les devenir écolos à leur propre rythme."