La Commission Européenne conteste le rachat du MotoGP par Liberty Media
Bis repetita : après une première tentative de fusion en 2006, le rachat du MotoGP par Liberty Media provoque de nouveau l'ouverture d'une enquête approfondie de la part de la Commission Européenne.
L'histoire semble se répéter : il y a 18 ans, le fonds d'investissements CVC Capital avait tenté de racheter la Formule 1 alors qu'il était déjà propriétaire des droits commerciaux du MotoGP. Mais il s'était heurté au refus de la Commission Européenne, qui avait estimé que cela réduisait la concurrence entre les deux principales catégories de sports mécaniques sur le territoire européen. Au final, il avait revendu Dorna pour acquérir la F1.
Le propriétaire de la F1 est désormais Liberty Media. En avril dernier, il faisait savoir qu'il avait trouvé un accord pour racheter Dorna, le détenteur des droits commerciaux du MotoGP. Afin de ne pas se retrouver dans la même impasse que son prédécesseur, Liberty Media avait positionné les deux sports dans le cadre plus vaste du divertissement et du sport et non seulement dans la niche des sports mécaniques.
Il semblerait que les arguments du groupe américain n'ont pas convaincu la Commission Européenne. Celle-ci a fait savoir qu'elle allait ouvrir une nouvelle enquête approfondie car l'enquête préliminaire de la Commission indique que l'opération pourrait réduire la concurrence entre Liberty Media et Dorna Sports en ce qui concerne la concession de licences de droits de diffusion de contenus de sports motorisés. En particulier, l'opération pourrait supprimer d'importantes contraintes concurrentielles pesant sur Liberty Media et Dorna Sports, ce qui pourrait renforcer leur position vis-à-vis des radiodiffuseurs de contenus de sports motorisés et, au final, entraîner une hausse des prix.
Elle s'inquiète aussi du rôle de John Malone, qui est également propriétaire de Liberty Global : elle va étudier si le milliardaire est en mesure d'exercer une influence déterminante sur les deux sociétés. Si elle était confirmée, l'opération pourrait également susciter des inquiétudes quant au fait que Liberty Media pourrait évincer des radiodiffuseurs concurrents dans des pays dans lesquels Liberty Global est active, à savoir en Belgique, en Irlande et aux Pays-Bas.
Comme Liberty Media a présenté son dossier le 14 novembre dernier, la Commission Européenne dispose de 90 jours, soit jusqu'au 14 mai 2025 pour rendre son verdict final. Par conséquent, Liberty Media a réagi en faisant savoir que la date de clôture de l'opération était donc repoussée au 30 juin 2025, pour pouvoir réagir à la décision de Bruxelles. Dans le contrat de fiançailles entre les deux parties, il est prévu que Liberty Media verse 126 millions d'euros de dédommagement à Dorna s'il venait à ne pas concrétiser l'opération.
De son côté, William Jackson, le fondateur du fonds Bridgepoint a ainsi déclaré : "Bridgepoint et CPPIB ont largement soutenu l'entreprise et le sport et restent pleinement engagé à soutenir Carmelo (Ezpeleta, le PDG de Dorna) et son équipe à poursuivre les fantastiques succès que le sport a connu au cours des 18 ans où nous avons été actionnaires."