Esteban Ocon, l'injustement mal-aimé
Au fil des années, Esteaban Ocon a dû frayer son propre chemin jusqu'à la Formule 1. S'il a prouvé sa qualité au volant, sa popularité n'est pas à la hauteur de ce qu'il a montré derrière le volant.
Esteban Ocon n'est pas la pilote le plus populaire de la grille alors qu'il est d'une nature très attachante et a toujours fait preuve d'accessibilité et de sympathie. Pourtant, il n'a jamais réussi à se batir une image populaire auprès du plus grand nombre.
Les derniers événements de Monaco sont bien là pour le prouver : si le Normand a fait preuve de trop d'optimisme dans sa tentative de dépassement de son coéquipier, Pierre Gasly, le déchainement de violence verbale qui a déferlé sur le pilote Alpine était complètement disproportionné. On peut même se demander pourquoi il écope d'une pénalité sur la grille de Montréal alors qu'il a déjà été contraint à l'abandon et que la "victime" de sa manœuvre n'a subi aucune conséquence et a pu marquer un point à l'issue de la course.
Mais surtout ce qui était d'autant plus surprenant était les propos tenus par Bruno Famin à chaud avant même la relance de la course, déclarant qu'il allait "trancher dans le vif". Derrière une folle rumeur alimentée par L'Equipe affirmait même qu'Alpine cherchait à suspendre son pilote pour le Canada. Le journal français se faisait alors un malin plaisir de rappeler les accrochages qu'a pu connaitre le pilote avec ses précédents coéquipiers, notamment Sergio Perez ou Fernando Alonso. Cela aurait tout simplement la première fois de l'histoire de la F1 qu'une telle sanction soit prise suite à un accrochage entre deux coéquipiers. On est pourtant loin des enjeux de la rivalité entre Alain Prost et Ayrton Senna, Lewis Hamilton et Nico Rosberg ou encore Daniel Ricciardo et Max Verstappen.
Devant un tel déchainement, Esteban Ocon a été contraint de faire son propre communiqué sur les réseaux sociaux pour rappeler à la raison les experts de canapé. Sa propre équipe se bornait au service minimum avec un tweet avec seulement trois cœurs bleus... On a déjà vu défense plus ferme, comme l'a prouvé McLaren à la défense de Theo Pourchaire suite à un léger incident en IndyCar le week-end dernier.
Finalement, Alpine a décidé de communiquer sur la fin de leur collaboration à la fin de l'année, après cinq ans passés ensemble. Bruno Famin a ainsi déclaré : "Nous tenons tout d'abord à remercier Esteban pour son engagement auprès de l'équipe au cours des cinq dernières années. Pendant cette période, nous avons célébré des moments fantastiques ensemble, dont le plus beau avec une victoire mémorable au Grand Prix de Hongrie 2021."
Une telle annonce si tôt dans la saison est d'autant plus surprenante que le marché des transferts est pour une fois très ouvert. Or Alpine est loin d'être la pièce maitresse de ce jeu, malgré son statut d'équipe-usine. Elle se doit d'attendre que les autres équipes, Red Bull, Mercedes, voire Sauber (pour la perspective Audi à partir de 2026), fassent leur choix, avant de se pencher sur les choix restants. Se priver d'un pilote solide, qui a nettement dominé son coéquipier depuis le début de la saison, laisse ainsi songeur. D'autant plus que, dans le paddock de Miami, Esteban Ocon montrait sa solidarité avec une équipe devant vivre avec une voiture mal née. Dans le même temps, Pierre Gasly se montrait beaucoup plus distant. Mais pour que L'Equipe communique dessus encore aurait-il fallu que son reporter sur place daigne rester au point presse d'Esteban Ocon, au lieu de partir juste après l'intervention de Pierre Gasly...
On sent donc une volonté de "faire mal" en adoptant la posture de la séparation voulue par l'équipe et non subie de la part du pilote. Il faut dire que l'équipe franco-britannique a particulièrement mal géré ses précédents départs : Daniel Ricciardo préférant annoncé un an à l'avance son départ chez McLaren, Fernando Alonso privilégiant le projet présenté par Aston Martin, sans parler du camouflé infligé par Oscar Piastri, qui a choisi l'option du bras de fer en faveur de McLaren plutôt que de faire ses débuts au sein de l'équipe qui a financé son début de carrière.
Maintenant que la rupture est entérinée reste à savoir où Esteban Ocon peut rebondir. Avec ses 141 Grand Prix, 3 podiums dont une victoire au compteur, il présente une expérience qui peut séduire de nombreuses équipes. Même Mercedes pourrait avoir intérêt à se laisser tenter alors que le constructeur allemand a soutenu une partie de la carrière du Français...