Alpine : chronique d'une vente annoncée
Alpine a fait la une des journaux avec l'annonce du retour de Flavio Briatore. Mais cette arrivée pourrait surtout être la première étape du retrait du constructeur français.
La petite musique se faisait entendre depuis plusieurs semaines : Flavio Briatore serait sur le point de faire son retour au sein d'Alpine. La confirmation est donc arrivée vendredi dernier lorsque l'équipe française faisait savoir que "Flavio Briatore est nommé par Luca de Meo, CEO Renault Group, conseiller exécutif pour les activités Formule 1". Ce type de poste à la dénomination volontairement vague peut recouvrir un vaste nombre d'activités. La formation tricolore a toutefois fourni davantage d'informations en précisant que Flavio Briatore "se concentrera principalement sur les domaines d’expertise stratégique de l’équipe, notamment l’acquisition de talents clés et le marché des pilotes. Il sera amené à proposer des évolutions sur la structure actuelle du projet et conseillera sur tous les sujets stratégiques de la discipline."
Sur le premier volet, la gestion des pilotes, une première étape a déjà été franchie avant son arrivée puisque l'équipe a officialisé qu'elle se séparait d'Esteban Ocon à la fin de la saison. On imagine mal qu'elle laisse partir son deuxième pilote français, Pierre Gasly, dont la prolongation ne devrait pas tarder. Alpine tente de faire le forcing pour faire revenir dans son giron Carlos Sainz mais on imagine mal l'Espagnol rejoindre un projet qui laisse dubitatif.
En effet, le second volet des nouvelles activités de Flavio Briatore, le conseil sur l'évolution de la structure, est le signe tangible que le constructeur de Boulogne-Billancourt s'interroge concrètement sur son avenir en F1. Qu'elle nomme Flavio Briatore pour alimenter cette réflexion ne manque pas de sel. Il faut ainsi se rappeler que Renault avait été contraint de quitter précipitamment la discipline fin 2009 lorsqu'il avait rendu public que Flavio Briatore, alors directeur de l'équipe, avait manigancé le Crashgate de Singapour pour permettre la victoire de Fernando Alonso. L'Italien avait alors été exclu à vie de la discipline, avant que la justice française commute cette sanction en interdiction d'exercer pendant cinq ans.
Depuis Monaco, la rumeur veut que Alpine pense abandonner son statut de motoriste pour passer sous giron Mercedes. Cela irait à l'inverse de l'histoire de Renault en F1 : le constructeur a toujours eu un rôle de motoriste, qu'il a complété par intermittence par un rôle d'équipe. Faire l'inverse serait un véritable désaveu pour sa structure de Viry-Chatillon et ferait passer Alpine au rang de constructeur de second rang, à l'instar de McLaren ou Aston Martin qui sont contraints d'utiliser un moteur client. L'équipe verte va même changer de statut en devenant l'équipe-usine d'Honda à l'horizon 2026.
Si Flavio Briatore a créé le scandale, il reste un homme d'affaires hors pair. Il est ainsi toujours l'agent influent de Fernando Alonso. Or Renault pourrait avoir à mener une transaction de haut vol, avec la potentielle vente de son équipe. On sait qu'Andretti frappe fort à la porte et que le chemin préconisé pour arriver sur la grille est le rachat d'une équipe plutôt que d'en créer une de toute pièce. Alpine apparait de plus en plus comme un candidat naturel à la vente. Les prochains mois s'avèrent donc critiques puisque la fenêtre pour une décision à l'horizon 2026 et la nouvelle réglementation technique va rapidement se refermer.