La tension monte entre la FIA et Liberty Media

Publié le par Matthieu Piccon

Alors que le cycle de vente de la F1 par Liberty Media semble enclancher, Mohammed Ben Sulayem entend que la FIA reste impliquée dans les discussions. Ce qui a provoqué la colère des propriétaires des droits commerciaux de la F1.

Tout est parti d'un article de Bloomberg qui faisait état d'une offre de 20 milliards de dollars formulée en 2022 par le fonds souverain d'Arabie Saoudite pour s'offrir les droits commerciaux de la F1. Celle-ci aurait été refusée par Liberty Media, sous le motif que le fonds américain n'est pas vendeur. Nous avons entendu maintes fois ce type de dénégations, avant de voir la session se concrétiser quelques jours ou semaines plus tard. On peut considérer qu'il s'agit d'une stratégie de négociation commerciale standard.

Par contre, ce qui est beaucoup plus surprenant est que le président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, ait décidé d'adopter la stratégie de Donald Trump d'utiliser son compte Twitter pour indiquer qu'il trouvait cette valorisation beaucoup trop élevée pour être durable pour le sport ! Ses propos sont ainsi sans équivoque : "En tant que gardienne des sports automobiles, la FIA, une organisation à but non lucratif, est alertée par une valorisation estimée à 20 milliards de dollars pour la F1. Tout acheteur potentiel est conseillé d'utiliser le bon sens, doit considérer le bien du sport et arriver avec un plan durable et clair, pas seulement beaucoup d'argent. Il est de notre devoir de considérer l'impact que cela va avoir pour les promoteurs en termes d'augmentation du plateau et autres coûts commerciaux et tous les effets négatifs que cela pourrait avoir pour les fans."

Autant dire qu'il s'agit rien de moins qu'une déclaration de guerre envers Liberty Media puisque c'est tout simplement son retour sur investissements qui est remis en cause ! La réponse n'a pas tardé et fut à la hauteur de l'attaque en bonne et due forme. Rédigée par  Sacha Woodward Hill, la directrice juridique de la F1 et Renee Wilm, son homologue chez Liberty Media, cette lettre utilise également des mots très durs : "La Formule 1 a les droits exclusifs pour exploiter les droits commerciaux du championnat du monde de Formule Un de la FIA. La FIA a confirmé sans équivoque qu'elle ne ferait rien qui pourrait porter préjudice à la propriété, la gestion ou l'exploitation de ces droits. Nous considérons que les commentaires effectués sur le compte d'un réseau social du président de la FIA interfèrent avec ces droits de manière inacceptable."

Mais cette lettre, diffusée à l'ensemble du plateau et auprès de la presse britannique, ne s'arrête pas là et fait porter des menaces sans ambiguïté sur la FIA et son président : "Il est faux que tout potentiel acheteur de la F1 doive consulter la FIA. Toute personne ou organisation qui commente la valorisation d'une société cotée u ses filiales, surtout en indiquant qu'elle dispose d'informations confidentielles, risque de provoquer d'importants dégâts auprès des actionnaires et investisseurs de cette entité, sans mentionner l'exposition potentielle à de sérieuses conséquences réglementaires. Etant donnés que ces commentaires portent atteintes à la valeur de Liberty Media Corporation, la FIA peut être exposée."

On ne peut plus être clair des deux côtés. Que l'on se dirige de nouveau vers une lutte de pouvoirs dans les prochains mois est un doux euphémisme. Les différences de points de vue sur l'arrivée d'Andretti peuvent ainsi paraitre comme une simple escarmouche par rapport à la question centrale de la valeur de la F1. Chaque partie sait qu'elle a besoin de l'autre mais le point essentiel est de savoir jusqu'où la rupture peut avoir lieu.

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