Comment Alpine a laissé échapper Oscar Piastri par négligence

Publié le par Matthieu Piccon

Le jugement du CRB dans l'affaire Oscar Piastri a exposé les graves négligences au sein d'Alpine, notamment de son service juridique.

Les gros titres se sont évidemment concentrés sur le jugement rendu par les quatre avocats internationaux, à savoir que McLaren avait bien le droit de faire signer un contrat de deux saisons à Oscar Piastri et qu'Alpine n'avait pas de contrat en place pour ces mêmes saisons.

Mais les détails du jugement sont également apparus dans la presse et il est peu de dire qu'ils ne sont pas à l'avantage de l'équipe tricolore. Selon le site spécialisé RacingNews365, la principale raison est que le service juridique de l'équipe était sous simplement trop occupé pour finaliser un contrat pour leur jeune pilote ! C'est d'autant plus extraordinaire pour une équipe détenue par l'un des plus grands constructeurs automobiles au monde...

Un premier document a été signé par les différentes parties le 15 novembre 2021, avec un contrat formel à signer dans les 10 jours suivants. Finalement, ce document n'est tout simplement jamais arrivé ! En février (soit trois plus tard...), Bénédicte Mercer, la directrice du service juridique de l'équipe, a ainsi écrit à Mark Webber, le manager du pilote : "Je suis au cœur d'une machine à laver. Cela devrait être moins charger après le lancement, ce qui signifie que je pourrais reprendre où j'en étais sur le contrat d'Oscar."

Un premier brouillon de contrat pour être pilote-réserve a finalement été envoyé le 4 mars, qui fut soumis au CRB le 14 mars, soit seulement quelques jours avant le début de la saison. Or sans contrat en place, le pilote ne pouvait obtenir sa Super License et ne pouvait donc pas officier en tant que pilote-réserve pour l'équipe, ce dont était consciente l'équipe. L'urgence était ainsi mentionnée au pilote australien mais Bénédicte Mercer s'est retrouvée à utiliser une astuce de rajouter les mots "legally binding Heads of Terms" (à savoir que c'est un contrat contraignant) sur le contrat du 15 novembre. Mots absents de la version en possession du pilote. Le CRB a ainsi commenté : "ce n'est pas à nous de juger si Madame Mercer pensait véritablement que ce document était un contrat contraignant".

Le 19 mai, un document était soumis à Oscar Piastri, qui présentait un plan sur quatre ans : deux années chez Williams, puis deux chez Alpine, avec l'option d'être appelé chez Alpine dès 2024 si Fernando Alonso venait à quitter l'équipe. Ce n'était pas au goût de l'entourage du pilote, qui a commencé à explorer d'autres alternatives.

C'est ainsi que dès le 3 juin, Oscar Piastri signait un accord de pilote avec McLaren à la condition que ses engagements avec d'autres entreprises venaient à ne plus être effectifs. Cet accord s'est traduit par un contrat formel le 4 juillet et effectif à partir du 1er janvier 2023, soit le lendemain de la fin de son accord avec Alpine. Au final, le jeune Australien n'aura donc jamais signé le moindre contrat au-delà de 2022, malgré tous les plans sur la comète élaborés par les dirigeants de l'équipe.

A n'en pas douter, toutes les équipes doivent désormais vérifier que la situation juridique de tous leurs pilotes soit bien scellée et qu'elle ne repose pas sur des simples promesses orales ou des documents provisoires. Au-delà de la perte de deux pilotes de pointe (Fernando Alonso et Oscar Piastri), les dirigeants d'Alpine se retrouvent en plus à devoir régler l'ardoise d'un demi-million d'euros de frais juridiques, que ce soit pour McLaren ou Oscar Piastri. Il y a donc de fortes chances que des sanctions devraient être prises dans les prochaines semaines mais surtout l'équipe va devoir se montrer beaucoup moins négligeante à l'avenir.

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