Vaste mercato entre Red Bull et Mercedes
Afin de développer et construire ses propres moteurs, Red Bull s'est lancée dans une vaste campagne de recrutement chez Mercedes. Avec succès.
Lorsqu'on lance un nouveau projet au sein d'une entreprise, afin de monter en compétences rapidement, on peut avoir l'option de s'appuyer sur les compétences présentes dans l'organisation et tout développer en interne. L'autre solution est de se tourner vers l'extérieur pour recruter les compétences nécessaires et ainsi gagner du temps.
C'est exactement dans cette seconde voie que s'est engagé Red Bull pour sa nouvelle division Moteurs. Elle est d'autant plus logique que c'est exactement la même approche qui avait été choisie lorsque la marque de boissons énergétique avait décidé de passer du statut de simple sponsor à propriétaire d'une équipe. Elle avait alors sorti son carnet de chèque pour attirer pour attirer un des plus brillants ingénieurs de sa génération, Adrian Newey, qui l'avait emporté à la fois chez Williams, puis chez McLaren alors les références du plateau.
Aujourd'hui, la référence absolue est Mercedes, que ce soit pour le châssis ou son unité de puissance. Une active campagne de séduction a alors été lancée en direction de Brixworth, le siège de l'usine moteurs de la firme à l'étoile. Avec succès puisque l'équipe vient d'annoncer une salve de nouvelles recrues, à des postes de direction du programme. Ainsi les cinq nouveaux annoncés proviennent tous de Mercedes, que ce soit Steve Blewett (fabrication), Omid Mostaghimi (électronique et système de récupération d'énergie), Pip Clode (design mécanique du système de récupération d'énergie), Anton Mayo (design du moteur thermique) ou encore Steve Brodie (gestion du moteur thermique). Ils ont ainsi tous suivi le même chemin que Ben Hodgkinson, qui a été nommé directeur de l'ensemble du programme.
Au micro de Sky Sports, Toto Wolff a tenté de faire contre mauvaise bon coeur devant cet exode massif: "Si vous voulez créer une usine de moteurs au Royaume-Uni, il n’y en a qu’une seule et c’est la nôtre. Nous avons environ 900 employés. Si vous en récupérez 15, c’est assez normal. Cependant, ils sont principalement allés chercher du personnel pour la fabrication. Ce n’est donc pas vraiment de la performance."
Cependant, le dirigeant de Mercedes a bien souligné que leur employeur a bien tenté de les retenir surtout que certains faisaient partie des murs depuis deux décennies mais ce n'était pas suffisant face au pont d'or offert par la marque au taureau rouge : "Je pense qu’ils ont contacté une centaine de personnes et ils en ont peut-être 15. Doubler les salaires est une chose mais si vous les triplez, à un certain stade, vous n’allez plus rivaliser même par loyauté."
Red Bull est d'autant plus enclin à se lancer dans cette course à l'échalote que Christian Horner et Helmut Marko savent pertinemment que chaque recrutement effectué chez Mercedes est non seulement un renfort pour eux mais une perte de compétences pour leur plus proche rivale. Ce qui justifie donc cette folle montée salariale, d'autant plus que le plafond des budgets (et donc des salaires) ne touche que la partie châssis et opération en piste mais pas la partie moteurs puisque un même motoriste peut fournir ses produits à plusieurs équipes.