L'Arabie Saoudite poursuit ses investissements dans le sport automobile
A l'occasion des 24 heures du Mans virtuelles, l'Arabie Saoudite s'offre une visibilité de choix en devenant sponsor-titre de l'épreuve. Une nouvelle étape dans la stratégie d'investissements dans les sports automobiles à l'échelle mondiale.
Afin d'occuper l'espace médiatique en cette période de disette sportive, l'ACO a eu l'idée d'organiser une course virtuelle le week-end où auraient dû se disputer les 24 heures du Mans, qui sont repoussées au mois de septembre. L'enthousiasme est de mise, avec la participation de 50 équipes, composés de 4 pilotes chacune. Les équipes officielles du WEC sont ainsi rejointes par des équipes de sim racers. La bonne idée est d'avoir obligé à avoir au moins deux pilotes professionnels par formation afin de distribuer les forces et de bénéficier de la notoriété. Mission réussie avec des pilotes de F1, de WEC, d'IMSA, d'IndyCar, de Formule E...
D'un point de vue sponsors, on retrouve les sponsors traditionnels de l'épreuve (Rolex, Total, Michelin, Goodyear, Motul, MMA et Gant) ainsi que des nouveaux venus spécifiquement liés à cette épreuve en ligne (le groupe Motorsport Network et Thrusmaster). Mais la surprise vient du sponsor-titre de l'épreuve. Il s'agit en effet de SAFEIS. Cet acronyme ne vous dit rien. C'est normal. Il s'agit de la fédération d'esport d'Arabie Saoudite !
Ce qui est d'autant plus surprenant est que la visibilité de la fédération en amont de cette épreuve est extrêmement limitée puisqu'il n’apparaît pas sur l'affiche officielle de l'épreuve. L'annonce n'a ainsi même pas été relayée sur les réseaux sociaux alors que ceux-ci ont bien mentionné les associations avec les nouveaux venus mentionnés ci-dessus. Par contre, pendant l'épreuve, son logo sera présent sur les pare-brises de l'intégralité des voitures ainsi que sur les bords de piste pendant le double tour d'horloge.
Ce partenariat s'inscrit dans la stratégie plus large du royaume wahhabite de s'offrir une visibilité et surtout une respectabilité à l'international grâce aux sports, notamment mécaniques. Il ne fait ainsi que suivre la stratégie de son voisin et pourtant ennemi, le Qatar, embarqué dans cette stratégie depuis de nombreuses années, notamment dans le football (Coupe du Monde, PSG). Pour l'Arabie Saoudite, cela se traduit par l'accueil du Dakar, qui permet d'offrir des panoramas de ses grands espaces désertiques, ainsi que deux épreuves de Formule E.
Les entreprises d'Etat sont également mises à contribution. Ainsi il a été annoncé un partenariat mondial entre la F1 et la compagnie pétrolière Aramco, qui va s'offrir de la présence sur les bords de piste de F1 ainsi que le fait d'être sponsor-titre de certains Grand Prix. En Formule E, c'est la compagnie aérienne Saudi Airlines qui est mise à contribution pour soutenir la campagne du gouvernement. Il sera intéressant de voir si l'offensive actuelle en endurance se limitera à l'esport ou si une présence sera également négociée pour l'épreuve physique.