Quel avenir pour Renault en F1 ?
Après le camouflet du départ de Daniel Ricciardo à la fin de la saison, l'avenir de Renault en F1 est semé d'incertitudes.
Cela devait être le mariage de l'avenir : Renault voulait disposer d'un grand pilote pour afficher ses ambitions, Daniel Ricciardo voulait une équipe construite autour de lui pour pouvoir se battre pour le titre du champion du monde à l'image de ce que Lewis Hamilton a su construire chez Mercedes. A l'été 2018, Renault et Daniel Ricicardo avait lancé le marché des transferts, Cyril Abiteboul prenant un goût particulier à dérober un pilote à son futur ex-client Christian Horner et Red Bull. Alain Prost, conseiller très spécial de l'équipe, déclarait alors que l'équipe n'avait plus rien pour se cacher et qu'elle devait se montrer à la hauteur de ses pilotes.
Mais un an et demi après, quel contraste et que de déceptions. La saison 2019 fut une véritable déception avec Renault incapable de combler l'écart avec le trio de tête. Pire, son client, McLaren, parvenait à lui prendre la quatrième avec une marge substantielle, avant de déclarer qu'il préférait de revenir dans le giron de Mercedes à partir de 2021. En 2017, Renault disposait de trois équipes (la sienne et le tandem Red Bull/Toro Rosso) contre une seule à partir de la saison prochaine, réduisant significativement son empreinte sur la discipline.
Aujourd'hui, Daniel Ricciardo a donc décidé de claquer la porte à l'issue de son contrat. Cela signifie donc qu'il va passer une saison entière au sein d'une équipe dont il ne croit plus au potentiel de croissance pour les années à venir. Le communiqué d'une froideur absolue de Cyril Abiteboul pour officialiser cette situation est certainement un indicateur clair que les relations seront loin d'être cordiales au cours des six mois à venir.
Mais surtout, on peut se poser la question de l'avenir de Renault dans la discipline. L'une des clés sera évidemment le nom du successeur du Honey Badger. Si l'équipe décide de renouveler l'expérience d'un nom à fort potentiel commercial (Sebastian Vettel, Fernando Alonso...), on peut se dire qu'elle va se donner les moyens de poursuivre sa quête des titres mondiaux. A l'inverse, si elle décide de rentrer dans le rang alors la question peut se poser de la pérennité dans la discipline.
Bien entendu, dans les déclarations publiques des dirigeants de l'équipe, il n'est pas question de se retirer d'une plateforme de communication à l'échelle mondiale. Cependant, il faut prendre en compte que le constructeur évolue dans un contexte où son activité première est sérieusement bousculée par la crise sanitaire actuelle, qui va conduire à une forte chute du marché automobile à l'échelle mondiale. La marque a ainsi déjà annoncé qu'elle se retirait du marché chinois, pourtant le plus important au monde, au profit de son allié Nissan.
Cela va certainement conduire le constructeur à demander des aides à son actionnaire, le gouvernement français. Or celui-ci a déjà conditionné de telles aides à une relocalisation des moyens de production sur le territoire français. On peut difficilement imaginer que des milliards d'euros d'argent public soient investis dans un constructeur, qui continuerait à dépenser des millions en F1 pour se battre pour d'anonymes 8 ou 10ème place.
Tout cela s'inscrit à un moment où les nouveaux Accords Concorde, les commerciaux qui régissent la F1, n'ont toujours pas été signés par la moindre équipe alors que l'échéance est fixée à l'issue de la saison actuelle. Des décisions fortes vont devoir être prises dans les prochaines semaines et mois. A voir dans quel sens elles iront...