Saudi Aramco, sponsor mondial de la F1

Publié le par Matthieu Piccon

Liberty Media vient de signer avec son premier sponsor mondial, la compagnie pétrolière saoudienne Aramco alors que la F1 vient de publier sa volonté d'être carbone-neutre en 2030.

Ils forment aujourd'hui un club fermé de seulement cinq membres : à l'heure actuelle, seuls DHL, Heineken, Emirates, Rolex et Pirelli peuvent se revendiquer comme sponsor mondiaux de la F1. Ils vont désormais accueillir un nouveau venu, Aramco, le bras armé financier du royaume saoudien puisqu'il s'agit de sa principale source de revenus. L'introduction en Bourse de 15% de son capital à la Bourse de Riyad en décembre dernier a ainsi permis de récolter 29,4 milliards de dollars.

Plusieurs éléments peuvent paraître surprenant dans cette annonce. Le premier est tout simplement le timing : certes Liberty Media a attendu la semaine du premier Grand Prix de la nouvelle saison pour l'annoncer. Cependant, cela intervient au lendemain d'un crash boursier et surtout une baisse historique du baril de pétrole puisque le régime saoudien a décidé d'ouvrir en grand ses livraisons de pétrole par manque d'accord entre l'OPEP et ses alliés, la Russie en tête.

De plus, les cinq sponsors précédemment cités étaient tous issus de l'ancien régime, sous la houlette de Bernie Ecclestone. Depuis sa prise de règne, Liberty Media n'avait signé avec aucune entreprise un accord de taille mondiale, qui garantit une présence sur tous les supports de communication, en bord de piste et qui permet également de devenir sponsor-titre de certaines épreuves. Dans le cas présent, il s'agira des Grand Prix d'Espagne, de Hongrie et des Etats-Unis.

Liberty Media était donc attendu sur ce terrain. Nous aurions pu nous attendre à ce que cette annonce soit en lien avec les grandes et nobles ambitions plastronnées par les nouveaux propriétaires de la discipline, notamment avec un vaste plan dans le développement durable annoncé en novembre dernier. Or le symbole est fort : la F1 décide, au contraire, de s'associer avec la plus grande compagnie pétrolière au monde.  Pourtant, le communiqué de presse avance au contraire que c'est une évolution dans le bon sens pour l'avenir de la discipline : "A la suite de l'annonce des plans de développements durables de la Formule 1 en novembre 2019, ce partenariat a le potentiel de poursuivre et d'accélérer nos plans pour introduire des carburants durables pour nos unités de puissance."

Mais alors que l'arrivée d'Heineken en 2016 s'était traduite par un déploiement de moyens, avec notamment le soutien de pilotes reconnus tels que Jackie Stewart ou David Coulthard, rien de tel avec l'arrivée d'Aramco. L'annonce a seulement fait l'objet d'un simple communiqué de presse, sans aucune photo et quatre petites lignes de déclarations de Chase Carey et Amin H. Nasser, les PDG des deux entités.

Du côté saoudien, cette arrivée en F1 s'inscrit dans une stratégie d'utiliser le sport et notamment les sports mécaniques comme d'un tremplin pour redorer l'image du pays à l'international. C'est pourquoi l'Arabie Saoudite s'est offert une présence en Formule E, avec une double épreuve en ouverture de saison, à Diriyah. Cette fois-ci, c'est la compagnie aérienne nationale qui fut mise à contribution pour offrir de la visibilité sur l'ensemble de la saison. L'autre investissement majeur est évidemment le Dakar, désormais exclusivement tenu dans le pays et largement soutenu par le gouvernement local. Paradoxalement, cette stratégie n'est que le copier-coller de celle adoptée par le Qatar, rival sur la scène politique locale auquel l'Arabie Saoudite a imposé un blocus économique avec les autres pays du Golfe.

Dans ces conditions, la prochaine étape parait être l'arrivée d'un Grand Prix de F1 en Arabie Saoudite. Reste à voir quelle épreuve devra céder sa place alors que le calendrier de 22 courses pour cette saison (avant l'annulation du Grand Prix de Chine) était déjà un record historique.

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