Un plafond des budgets mais...

Publié le par Matthieu Piccon

On en parle depuis des années, cela va désormais être une réalité : les équipes de F1 ne pourront pas dépasser un plafond des dépenses sur une saison. Mais aura-t-il le véritable effet escompté ?

Ca y est, nous y sommes. Le chiffre définitif a été adopté à l'unanimité : les équipes ne pourront pas dépenser plus de 175 millions de dollars pour développer leurs performances sur une saison de 21 Grand Prix. Il est prévu de faire évoluer ce chiffre d'un million de dollars pour toute course de plus ou de moins par rapport à cette référence, sachant qu'il est désormais possible pour Liberty Media d'adopter un maximum de 25 courses par saison. Avec déjà 22 épreuves prévues pour 2020, on peut d'ores et déjà considéré que les propriétaires de la F1 ne se priveront pas d'aller dans de nouvelles destinations lucratives.

Afin de réduire les coûts pour les équipes, il est ainsi prévu de revoir à la baisse le fort des week-ends, qui passeront de quatre jours (en comprenant le jeudi où les pilotes sont monopolisés par leurs différentes obligations envers les médias et les sponsors de leurs équipes) à seulement trois. A l'heure actuelle, il n'a pas été prévu de revoir à la baisse le nombre de séances mais cela pourrait être une piste de réflexion.

Cette recherche de réduction des coûts passe évidemment par la réglementation technique. A l'heure actuelle, l'un des plus gros centres de coûts concerne les unités de puissance hybrides. Afin d'en réduire le coût, il a été prévu par la FIA d'imposer une augmentation du poids minimum afin de permettre l'utilisation de matériaux moins onéreux qu'à l'heure actuelle tandis que les motoristes seront dans l'obligation de fournir exactement la même configuration à leur propre équipe qu'à leurs équipes clientes. L'élément le plus important est le gel des dépenses sur la boite de vitesses pour une période de cinq ans car les analyses ont prouvé que les équipes y consacraient aujourd'hui des sommes très importantes.

Si toutes ces restrictions sont mises en place, c'est que les dirigeants sont bien conscients qu'ils se doivent de proposer un spectacle attrayant et que le niveau des performances entre le haut et le fond de la grille doit être resserré pour éviter que trois équipes monopolisent les places sur le podium ou qu'une même équipe remporte les deux titres six saisons de suite.

Si l'effort est louable, il ne faut tout de même pas oublié que le plafond des budgets n'est pas une recette miracle. L'une des premières raisons est que bon nombre d'équipes actuelles n'atteignent pas cette somme ! C'est donc avant tout une restriction pour les grosses équipes, qui vont être contraintes de se séparer d'une partie de leur personnel.

De plus, ce plafond ne comprend ni le salaire des pilotes, ni celui des trois plus gros salaires de l'équipe (directeurs d'équipe, directeurs techniques...). Les équipes les plus riches pourront donc continuer à attirer les meilleurs pilotes, sans contrainte sur le reste du budget de recherche et développement. Nous ne sommes ici pas dans la situation de ce qui se passe dans les sports américains (basketball, baseball ou hockey) où c'est bien la masse salariale des joueurs qui est plafonnée pour éviter que tous les meilleurs joueurs se retrouvent dans un nombre limité d'équipes.

L'objectif est bien de limiter les dépenses liées aux performances, en rien envers les opérations marketing que les équipes peuvent mettre en place. De même, toutes les démonstrations publiques d'anciennes voitures ne rentrent pas dans ce plafond : l'idée n'est pas que les équipes se replient encore davantage sur elles-mêmes mais bien qu'elles continuent à aller toucher différents publics, comme cela a pu être le cas cette semaine sur Hollywood Boulevard.

Afin que les équipes puissent s'adapter à ce nouvel environnement, il a été prévu une mise en place progressive : le 31 mars 2021, les équipes volontaires pourront soumettre leurs comptes de la saison 2020 pour que les auditeurs établissent si elles avaient respecté le budget requis mais il n'y aura aucune sanction si tel n'était pas le cas. Les sanctions (qui peuvent aller de simples sanctions financières à une exclusion d'une course, voire du championnat) ne seront applicables qu'un an plus tard lorsque les équipes soumettront leurs comptes de la saison 2021. Il est ainsi fort probable que les équipes de pointe ne respecteront pas le budget sur la saison 2020 pour préparer au mieux la transition vers la nouvelle réglementation technique.

Alors un coup d'épée dans l'eau ou véritable révolution ? Seul l'avenir nous le dira.

La révolution ne sera pas uniquement visuelle. Elle sera aussi financière.

La révolution ne sera pas uniquement visuelle. Elle sera aussi financière.

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