Hommage à Anthoine

Publié le par Matthieu Piccon

Un grand champion mais surtout une très belle personne nous a quitté sur le circuit de Spa-Francorchamps. Anthoine Hubert n'avait que 22 ans et un avenir très prometteur.

Au fil des saisons, on rencontre de nombreux pilotes. Avec certains, il n'est pas difficile de ne pas les aimer. Avec d'autres, il est impossible de ne pas être séduit par la personnalité qu'on a en face de soi.

Anthoine faisait naturellement partie de cette seconde catégorie. Si vous cherchez une définition qui rassemble les mots gentillesse, intelligence, timidité, détermination, large sourire toujours de rigueur, vous pouvez les résumer en deux mots : Anthoine Hubert.

J'ai eu la chance de croiser sa route à Barcelone l'an dernier lorsqu'il débutait sa seconde saison de GP3. Après une première saison d'apprentissage au sein de la formation ART Grand Prix, Anthoine abordait cette saison avec le soutien de Renault et un seul objectif : le titre. Sa personnalité touchante a fait que le contact est très rapidement passé. C'était un plaisir d'échanger avec lui après chaque séance ou week-end de course, que je sois sur place ou par téléphone.

Sa saison fut à l'image du personnage : tout en intelligence et en gestion. Anthoine était un pilote de course et sautait sur toutes les opportunités qui se présentaient à lui. Loin d'être issu d'une famille richissime comme certains de ses coéquipiers ou adversaires, il savait le coût des choses et qu'il valait mieux privilégier une seconde place plutôt que de tenter le tout pour le tout pour une victoire au risque de tout perdre.

Sa régularité exemplaire marquée par deux victoires et onze podiums lui permit d'atteindre son objectif de sacre. Plein de malice, il disait alors s'être inspiré un de ses compatriotes, Esteban Ocon, qui avait rempli la même mission avec une série incroyable de neuf secondes places consécutives.

Pendant l'intersaison, se posait la question de son avenir et sa montée en F2. Dans un monde idéal, il aurait effectué sa progression au sein de la même structure ART Grand Prix mais cela ne put se faire. S'il fut dans un premier temps déçu de se retrouver au volant d'une Arden loin de sa gloire passée, sa sagesse lui permit de tirer le meilleur partie de cette situation. Il se fixa alors un objectif pour sa première saison de F2 : être dans le top 8 du championnat pour obtenir sa précieuse Super License, qui pourrait lui ouvrir les portes de la F1.

Son début de saison fut exemplaire, avec deux victoires de prestige à Monaco et pour son Grand Prix national, au Castellet. Puis la malchance fit son apparition lors des deux week-ends à Silverstone et à Budapest. Au moment d'arriver à Spa-Francorchamps, il était exactement à la place qu'il s'était fixé, 8ème, et arrivait avec la firme intention de repartir du bon pied pour la fin de saison.

Lors de notre longue conversation le jeudi après-midi, il s'amusait ainsi d'avoir remporté un vélo à l'issue d'une semaine d'entrainement intensif préparée par la Renault Sport Academy dans les Pyrénées. Ce vélo était le symbole qu'il avait été le plus performant pour le passage des cols, signe que sa mentalité de vainqueur le poursuivait dans chacune de ses activités Il se savait au cœur des discussions pour le marché des transferts de la saison prochaine mais ne démordait pas de son objectif, indispensable pour poursuivre ses rêves.

Vendredi, un manque de chance l'a une nouvelle fois privé de réaliser une belle qualification. Lorsque j'ai voulu aller le voir dans le paddock, je l'ai retrouvé en pleine séance de préparation avec son ingénieur. Je me suis alors assis sur les escaliers à l'extérieur du stand pour simplement regarder un jeune homme heureux de faire ce qu'il préférait au monde. Un court instant, il se tourna vers moi, nous avons échangé un sourire et je m'en suis allé. Un échange de sms s'en est suivi et on espérait tous les deux une belle course sur un circuit qu'il adorait.

C'est ce sourire qui me reste en mémoire au moment où j'écris ces lignes alors que je suis incapable de retenir mes larmes.

Tu nous manques déjà, champion !

Anthoine, un sourire en toutes circonstances

Anthoine, un sourire en toutes circonstances

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