Les sports automobiles, laboratoire pour Magneti Marelli
Pour Magneti Marelli, les sports automobiles sont un excellent moyen de développer les technologies qui seront utilisées dans les voitures de demain, notamment dans le cadre de la voiture autonome. Au point de susciter des convoitises.
La filiale du groupe Fiat Chrystler Automotive a récemment fait la une de la presse économique lorsque Sergio Marchionne, le président du groupe, a fait savoir qu'il était ouvert à des discussions avec Samsung pour un partenariat stratégique pour Magneti Marelli. Le conglomérat souhaiterait ainsi renforcer ses compétences dans l'électronique embarquée dans les voitures au moment où les constructeurs se tournent vers des voitures de plus en plus assistée, voire autonomes.
Or certaines de ces technologies sont développées dans le cadre des sports automobiles afin de répondre aux exigences toujours croissantes en termes de données et de sécurité. L'une des grandes nouveautés de la saison apportées par Magneti Marelli est une nouvelle caméra à haute fréquence qui capte 400 images par seconde, au lieu des traditionnelles 25.
Cette caméra s'est avérée utile dès sa première utilisation lors du Grand Prix d'Australie. En effet, la monoplace de Fernando Alonso était l'une de celles déjà équipées de ce nouvel instrument. Roberto Dalla, le directeur des sports automobiles de l'équipementier, a ainsi eu la satisfaction de voir que la caméra avait résisté à l'impressionnant impact de l'Espagnol, comme il nous l'a confié en exclusivité dans le paddock de Monza : "La grande satisfaction lors ce malheureux événement est de voir que le pilote n'avait aucune blessure mais également que la caméra n'avait souffert d'aucun dommage. Et ce dès sa première course."
Si la FIA a demandé le développement d'une telle caméra pointée sur les mains et la tête du pilote, c'est qu'elle souhaite disposer de davantage d'éléments en cas d'accident, comme cela avait pu être le cas dans le cas de l'accident dramatique de Jules Bianchi. Les instances disposent donc désormais d'un autre point de vue et sont capables de détailler chaque accident avec une précision jamais atteinte jusqu'à présent, ce qui ne peut que contribuer à renforcer la sécurité dans les années à venir. Ainsi depuis le Grand Prix de Bakou l'ensemble du plateau de Formule 1 est désormais équipé de cette nouvelle caméra.
L'autre innovation majeure de l'année pour l'entreprise milanaise est le système de communication utilisée par les équipes, ce qui représente une prouesse non négligeable : "La technologie que nous essayons ici, en Formule 1, de transférer un énorme volume de données, de toutes les voitures qui roulent ensemble, est un gros progrès technologique."
Une première étape a ainsi été franchie en créant cette plateforme de communication entre voitures. Une fois mis en place, il va donc permettre de nombreuses applications pour le futur : "Pour le futur, nous avons de nombreux rêves. Un rêve serait d'utiliser ce que nous appelons un système connecté. Commencer à échanger davantage d'informations entre les voitures. Il ne s'agit pas de remplacer le pilote. C'est à lui de conduire. Mais il s'agit d'ajouter des yeux au pilote. Il pourrait avoir davantage d'informations. Par exemple, informer le pilote qu'il y a une voiture arrêtée en piste devant lui, avant même qu'il ne la voit. Ce serait un gros plus pour la sécurité."
Avec ce second aspect, on ressent donc la portée impactante des sports automobiles pour le développement de la voiture de route de demain. En effet, si Magneti Marelli est capable de mettre en place un système de communication entre des voitures à 300 km/h, elle est capable d'offrir ce genre de technologies à des voitures à 50 km/h et donc une utilisation dans le cadre de voitures de tourisme : "Ca va dans le sens de notre ville connectée du futur. C'est un laboratoire pour l'avenir."
On touche ici à la notion de communication entre voitures mais également entre les voitures (V-to-V) et les infrastructures (V-to-I). Le principe est donc que les infrastructures routières, comme les feux de circulation, soient équipées d'équipements électroniques capables d'envoyer des messages aux voitures. Une application pourrait ainsi qu'un feu envoie le message à une voiture arrivant qu'il va passer au feu rouge. Le conducteur informé pourrait alors lever le pied puisqu'il serait obligé de s'arrêter quelques mètres plus loin, pour d'évidents gains en termes de consommation d'essence.
Ces gains d'économie seraient d'autant plus importants avec des véhicules hybrides, dont la technologie est également au coeur des préoccupations en Formule 1. Pour le dirigeant italien, c'est également une des conséquences positives de la crise économique qui a secoué le monde et la F1 en 2008. En effet, cela force à rationaliser les développements : "Lorsque j'étais plus jeune, cela nous arrivait de dépenser des sommes importantes pour pas grand-chose, pour de petits détails. Maintenant nous devons faire ce qui a un sens économique. C'est pourquoi les coûts de développement en Formule 1 et ceux pour les véhicules de route se sont largement rapprochés. Il y a donc davantage d'opportunités de transfert de ces technologies vers les voitures de série."
C'est pourquoi être présent sur un événement grand public comme Monza est important afin d'éduquer le public sur les possibilités du futur. L'hospitalité au coeur du circuit italien permet ainsi d'exposer certains éléments, comme les phares utilisés par la voiture de sécurité ou par Audi en endurance, qui donnent quasiment le même niveau de luminosité qu'en plein jour.