Renault a racheté Lotus pour un euro symbolique
Pour récupérer le controle de son ancienne équipe, Renault n'a dû débourser qu'un euro . Mais son investissement va bien au-delà de cette somme symbolique.
Trois semaines après avoir annoncé l'accord de rachat de Lotus, le constructeur français a fait savoir qu'il avait déjà completé le processus de rachat : "Vendredi 18 décembre 2015, le Groupe Renault et Gravity Motorsports S.a.r.l., une filiale de Genii Capital, ont formellement finalisé l'acquisition par le Groupe Renault d'une prise de participation majoritaire dans le capital de Lotus F1 Team Limited."
Selon les informations du Telegraph, cette transaction s'est traduite par le versement de seulement un euro, ce qui pourrait laisser croire que Renault a réalisé une excellente opération financière pour effectuer son retour en F1. Mais comme souvent, le diable se cache dans les détails.
En effet, si le Losange n'a effectivement dû se délester de seulement un euro afin d'acquérir 90% du capital de l'équipe qu'il avait vendu en 2009, Genii Capital n'en reste pas moins actionnaire à hauteur de 10%. C'est donc bien le fonds luxembourgeois qui réalise ici une excellente opération puisque le constructeur s'est également engagé à honorer l'ensemble des dettes contractées par Lotus.
Or Genii Capital a octroyé près de 133 millions d'euros à Lotus. En la cédant à Renault, il est donc certain de se faire rembourser et donc de récupérer l'intégralité des sommes prêtées. C'est là qu'on peut donc voir tout l'intérêt du montage financer mis en place par Gérard Lopez et ses associés : pour pouvoir se débarasser d'une équipe qu'elle jugeait encombrante à la suite du Crashgate de Singapour, Renault avait dû accepter de faire passer dans ses comptes une perte de 118 millions d'euros. Pour en reprendre le contrôle cinq ans plus tard, il doit honorer une centaine de millions d'euros de dettes qu'il n'a pas contracté lui-même.
On peut alors se rappeler les propos de Stéphane Samson alors directeur marketing de l'équipe lorsqu'il nous avait reçu en exclusivité dans le paddock de Silverstone en 2013 : "D’ailleurs, on voit souvent des articles fleurir dans le paddock sur des pertes monumentales qu’on aurait pu faire. Je pense qu’il faut nous distinguer de Toro Rosso, Force India ou Sauber parce que nous n’avons pas besoin de finir à l’équilibre financier pour que nos propriétaires soient contents. Tant que le business de la F1 leur permet de faire des affaires en dehors, ils sont très contents. Et à la différence de Red Bull qui a des cannettes à vendre et qui investit donc de l’argent dans son team via du sponsoring, chez nous, quand Genii investit dix millions, c’est un prêt qu’il fait à l’équipe et ensuite c’est normal qu’il récupère de l’argent car c’est un investisseur. Donc récemment, on a évoqué 50 millions d’euros de dettes. Alors oui, il y a une partie qui est de la vraie dette car comme beaucoup d’écuries aujourd’hui on peut perdre de l’argent en F1. Mais il y a surtout une grande partie de cette dette, qui est ce que Lotus F1 doit à Genii Capital. Pour simplifier, c’est ce que la poche droite doit à la poche gauche. Donc si demain Gérard Lopez décide d’annuler cette dette d’un coup de plume, l’écurie redevient bénéficiaire. S’il le faisait sur cette saison, l’équipe serait bénéficiaire de 30 à 35 millions d’euros."