Les adieux de deux compétiteurs chez Manor

Publié le par Matthieu Piccon

Le Grand Prix d'Abu Dhabi est le dernier de Graeme Lowdon et John Booth à la tête de Manor. A l'heure du bilan, la tristesse ne peut que se faire sentir.

Depuis le week-end de Mexico, il était devenu clair que les deux dirigeants de l'équipe ne seraient plus à la tête de leur équipe la saison prochaine. Si les raisons avancées sont un désaccord stratégique avec leur nouvel actionnaire, Stephen Fitzpatrick, les deux hommes sont restés fidèles à leurs principes d'élégance et n'ont pas voulu s'étendre sur les raisons de leur départ.

Ainsi lors d'un point presse où était convié votre serviteur, Graeme Lowdon a ainsi déclaré : "Comme nous l'avons dit, l'important n'est pas pourquoi nous partons. L'important est ce que nous sommes parvenus à réaliser. Nous avons un sentiment d'accomplissement. Nous pouvons être fiers en tant que managers de la façon dont nous avons dirigé l'équipe dans les moments difficiles, comme dans les bons."

Le bilan des deux hommes à la tête d'une écurie créée de toutes pièces en 2009 n'est ainsi pas négligeable. Des écuries qui sont arrivées dans le cadre de la volonté de la FIA d'avoir des budgets plafonnés à 100 millions de dollars, Manor est ainsi la seule à être toujours présente.

Pourtant, les difficultés et les moments difficiles n'ont pas manqué entre le choix audacieux de lancer une voiture 100% dessinnée par ordinateur à la faillite de l'an dernier lors du retrait de leur précédent actionnaire, en passant par les dramatiques accidents de Maria de Villota et de Jules Bianchi.

Mais même ce choix de se passer complètement d'essais de soufflerie est assumé puisque John Booth déclare : "Cette première voiture n'était pas si mauvaise que ça. Si nous regardons parmi les nouvelles équipes à être proches de nous, il n'y a eu que l'équipe qui s'appelait Lotus (NDLR : qui passa ensuite sous le nom Caterham) et leur monoplace avait, en fait, été dessinée par Force India."

Pour le dirigeant, l'un des moments les plus forts à la tête de l'équipe a été lors de la première séance d'essais libres à Bahrain en 2010 lorsque la monoplace est sortie pour la première fois des stands. Mais lorsque Manor est parvenu à faire son retour cette année après la tempête de la saison dernière, l'émotion était tout aussi forte : "En 2010, c'était le même sentiment qu'à la naissance d'un premier enfant. Cette année, c'était comme la naissance d'un second enfant."

Pour Graeme Lowdon, l'une des principales fiertés est de voir à quelle vitesse ses collaborateurs ont accepté de revenir lors de la renaissance de l'équipe : "Ces personnes avaient tout perdu, d'un point de vue personnel mais aussi financier puisqu'ils n'avaient plus d'emploi. Qu'ils acceptent de revenir aussi vite a été très fort."

Son principal regret est qu'il est persuadé que la F1 a un très beau avenir devant lui, malgré toutes les critiques que l'on peut entendre dans le Paddock : "Si seulement nous pensions que la F1 n'avait pas d'avenir. Mais je suis persuadé que le potentiel de croissance est énorme. C'est ce qui rend le départ encore plus triste."

Mais son complice de glisser : "Nous serons de retour d'une manière ou l'autre." La F1 a tellement besoin de compétiteurs de cette nature qu'on ne peut que le souhaiter... Après un dernier Grand Prix sur le muret des stands, ils comptent prendre quelques vacances bien méritées avec leurs familles.

De notre envoyé spécial à Abu Dhabi

Graeme Lowdon et John Booth étaient les visages de Manor

Graeme Lowdon et John Booth étaient les visages de Manor

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