Eric Boullier : "Nous avons le 3ème châssis"
A Spa-Francorchamps, McLaren a fait les gros titres pour son record de places de pénalités sur la grille. Mais l'écurie poursuit son développement pour remonter la hiérarchie. Nous sommes donc allés à la rencontre d'Eric Boullier, le directeur de l'écurie.
Les hommes de Woking sont arrivés en Belgique avec une nouvelle évolution importante du moteur Honda. Si le gain précis relève du secret industriel, le directeur de l'équipe, estime qu'on peut l'évaluer "à quelques pour cents". Quand on se rappelle que l'écart maximum permis entre le temps de la pole position et le dernier lors des qualifications n'est que de 7%, ces "quelques pour cents" peuvent donc représenter une avancée significative.
Néanmoins, le profil du circuit avec ses longues lignes droites n'était clairement pas à l'avantage de la monoplace de McLaren. L'équipe a donc choisi d'installer deux moteurs neufs sur chacune des voitures afin de prendre le maximum de pénalités de ce week-end et ne pas impacter le reste de la saison. Cela s'est donc traduit par un record de 105 places de pénalités cumulées entre les deux pilotes, Jenson Button et Fernando Alonso.
Ceux-ci étaient donc assurés de s'élancer derniers avant même la tenue de la qualification. Ils ont pourtant tenté de réaliser le meilleur temps possible car c'est dans la nature même d'une équipe de F1 : "De toute manière, nous savions que nous ne passerions pas en Q2. Donc ne pas rouler ne nous aurait pas fait sauver un train de pneumatiques neufs. Et puis, nous sommes là pour participer, pas pour être aussi économes. On a donc un droit moral de rouler. Les pilotes, il n'y a que ça qui les intéresse. En plus, avec le nombre de problèmes qu'on a eu ce week-end et le peu de roulage, chaque opportunité de faire un tour, on la prend."
Depuis le début de la saison, la principale difficulté que rencontre l'équipe est l'association entre son châssis et l'ensemble fourni par Honda. Ainsi le dirigeant français estime que McLaren "a un bon châssis mais on n'a pas la meilleure voiture, non. Je pense qu'on est 3ème ou 4ème. C'est déjà bien parce que ça veut dire qu'on a bien progressé par rapport à l'année dernière et Honda est en train de travailler sur son moteur. Aujourd'hui, c'est les deux ensemble qui n'est pas au top."
Ces difficultés d'intégration était prévisible étant donnée la complexité de ces moteurs hybrides. Mais les dirigeants de Woking ne s'attendaient pas forcément à vivre aussi difficile que celle qu'ils sont en train de vivre : "Non, il y avait certes des signes avant-coureurs mais on ne s'attendait pas à ça. Nous savions que ça serait difficile, que ça serait un gros challenge car on l'a vu l'année dernière pour Renault, Ferrari, Mercedes que c'était compliqué. Mais il faut reconnaitre qu'Honda n'a commencé à travailler il n'y a que deux ans et c'est peut-être un peu tôt et un peu immature à ce niveau-là. Donc non on ne s'attendait pas à ça."
Mais il faut reconnaître qu'Honda n'a commencé à travailler il n'y a que deux ans et c'est peut-être un peu tôt et un peu immature à ce niveau-là. Donc non on ne s'attendait pas à ça.
La symbiose entre les deux partenaires n'est pas non plus aidée par la distance qui les sépare que ce soit au niveau géographique qu'au niveau culturel. En effet, si Honda a installé une base opérationnelle à Milton Keynes, l'ensemble des développements et de la fabrication se déroule au Japon. Le rapport au temps n'est pas non plus le même entre la culture anglo-saxonne et celle japonaise : "Oui ça c'est sûr. Les Anglo-saxons maitrisent particulièrement bien les processus de la Formule 1 et avoir un constructeur japonais qui construit ses moteurs au Japon, c'est sûr qu'il y a quelques petits problèmes culturels. Mais c'est logique : il y a déjà des différences entre Européens. Donc on a mis des bases et la communication se passe bien. Il n'y a pas de problème à ce niveau-là."
L'autre sujet d'interrogations autour de l'équipe est évidemment son duo de pilotes de l'an prochain. S'il est quasiment certain que Fernando Alonso sera encore de la partie l'an prochain, de nombreuses questions se posent de nouveau autour du futur de Jenson Button. La situation est d'autant plus tendue que Stoffel Vandoorne est en train de largement dominer le championnat de GP2 et Kevin Magnussen ne se voit pas faire une nouvelle saison sans courir.
Eric Boullier souhaite néanmoins ne pas reproduire la même expérience que l'année dernière, où les pilotes n'ont été officialisés que le 11 décembre. Si Honda sera consulté dans le processus de sélection, McLaren conserve la responsabilité finale de la décision : "Pour l'année prochaine, j'aimerais que ça soit le plus tôt possible. Il y a des paramètres à mettre en place et des échéances à respecter. Il y a un contrat avec Jenson et il y a donc une date d'échéance. Donc on verra à ce moment-là."
De notre envoyé spécial à Spa-Francorchamps