Manor poursuit sa reconstruction
Nous nous sommes entretenus avec Graeme Lowdon afin de revenir sur le sauvetage de Manor ainsi que ses projets de développement pour l'avenir.
Le contexte a bien changé en douze mois : lorsque nous avions rencontré Graeme Lowdon dans le paddock de Silverstone, Marussia venait de marquer ses premiers points en F1 grâce à Jules Bianchi et espérait que l'avenir soit encore meilleur.
A l'occasion de l'édition 2015 du Grand Prix de Grande-Bretagne, le contexte est bien différent puisque l'équipe s'appelle désormais Manor, après être passée par la faillite. Néanmoins, l'équipe est parvenue à se maintenir à flots, au prix de nombreux efforts : "Il est indéniable que nous avons dû faire face à de nombreux challenges, des challenges inhabituels pour commencer une saison de F1. Si c'était la bonne manière de faire, toutes les équipes le feraient."
Dans le processus de sauvetage de l'équipe, il était important pour les dirigeants de l'équipe de ne pas gâcher l'incroyable performance de l'an passé et affirmer son respect pour le championnat et sa volonté d'y rester : "A l'heure où il y a beaucoup de gens qui parlent de quitter la F1, je pense que tous nos efforts montrent notre engagement vis-à-vis de ce sport. Avec tout le personnel de l'équipe, nous avons travaillé tellement dur pour obtenir le résultat de l'année dernière, de finir 9ème du championnat. Cela aurait été un vrai désastre de tout jeter à la poubelle."
Avec tout le personnel de l'équipe, nous avons travaillé tellement dur pour obtenir le résultat de l'année dernière, de finir 9ème du championnat. Cela aurait été un vrai désastre de tout jeter à la poubelle.
Pour autant, le couperet est passé tout proche pour l'équipe. En effet, l'arrivée de nouveaux investisseurs est arrivé juste avant la mise aux enchères de ses derniers équipements. Celle-ci n'a été annulée qu'au tout dernier moment mais c'était essentiel pour permettre à l'écurie de pouvoir fonctionner : "L'accord n'a été signé que quelques heures avant l'échéance. Cela a donc été un réel soulagement lorsqu'il a été finalisé."
Les négociations pour l'arrivée de Stephen Fitzpatrick ont ainsi débuté dès octobre, novembre, par l'intermédiaire des administrateurs judiciaires. Cependant, dans un premier temps, les différentes parties ne parvenaient pas à trouver un terrain d'accord. La situation ne sera donc débloquée que courant janvier, notamment avec l'échéance de ces enchères qui apparaissait comme la date-butoir ultime.
Mais l'arrivée de nouveaux investisseurs n'était qu'une étape vers la reconstruction de l'équipe qui allait alors reprendre son nom Manor. Ainsi il était nécessaire de rappeler le personnel qui avait été congédié suite au redressement judiciaire : "Ca a été le début d'un effort énorme pour faire savoir la nouvelle. Dès que nous avons signé, nous nous sommes précipités sur nos téléphones pour rappeler les personnes-clés nécessaires pour relancer l'équipe."
Dès que nous avons signé, nous nous sommes précipités sur nos téléphones pour rappeler les personnes-clés nécessaires pour relancer l'équipe.
Une équipe de F1, comme toute entreprise, vit d'abord grâce aux personnes qui en font partie. Il était ainsi essentiel de pouvoir compter sur les personnes centrales de l'organisation pour relancer la machine. Le challenge était donc différent de celui lors du lancement de l'équipe pour 2010 : à l'époque, il fallait tout construire à partir d'une feuille blanche alors que, cette année, le personnel avait déjà uine expérience commune, ce qui a grandement facilité le redressement.
Néanmoins, le nombre d'employés actuels de l'équipe est encore loin d'atteindre celui de l'an passé, où Marussia fonctionnait avec deux cent salariés. Le chiffre actuel est à peine supérieur à la moitié de ce chiffre. Comme l'a reconnu John Booth en conférence de presse, Manor a véritablement commencé la saison avec quasiment l'ensemble de son personnel sur la piste et personne à l'usine. La situation commence à s'améliorer, avec des recrutements qui se poursuivent : "A chaque course, nous avons l'impression de revenir de plus en plus à la normale. Nous avons recommencé le travail en soufflerie, nous avons de nouveau des améliorations sur la voiture."
Manor va ainsi profiter du fait que la réglementation technique de l'an prochain sera très similaire à celle de cette année, ce qui va permettre d'utiliser des avancées de cette année sur la monoplace de l'an prochain, surtout depuis le recrutement de nombreux responsables dans le domaine technique.
Mais le département technique n'était pas le seul qui devait être reconstruit. Il fallait également relancer la machine commerciale et démarcher de nouveaux partenaires. On commence également à voir le résultat de ces négociations, avec l'arrivée d'Airbnb et de Flex Box au cours des dernières semaines. : "L'un des arguments les plus forts lors de ces discussions restent la base mondiale des fans de ce sport. Elle est énorme et ils sont très engagés mais nous pouvons faire encore mieux."
Justement, le GPDA vient de rendre public les résultats de son enquête auprès des fans. Or Claire Williams a reconnu que la diffusion de ces informations avait été trop tardive pour être utilisées lors de la dernière réunion en date du Groupe Stratégique de la F1. Graeme Lowdon a choisi une autre approche pour obtenir l'avis des fans. Il est allé les rencontrer directement dans les campings et parkings de Silverstone : "Il faut toujours se méfier de ces enquêtes géantes car il faut à la fois analyser les réponses mais également la façon dont sont posées les questions. C'est pourquoi nous avons profité de ce Grand Prix pour aller à la rencontre des fans qui se déplacent vraiment sur les circuits."
L'avenir d'une équipe de F1 n'est pas assuré mais, à l'heure actuelle, Manor espère retrouver le niveau qui était le sien il y a seulement un an. Le chemin de reconstruction est encore long.