Red Bull se sert d'Audi pour faire monter les enchères
En difficultés avec son moteur Renault, Red Bull fait savoir qu'il lui reste deux autres options : faire venir Audi ou quitter la F1.
Avec le changement de réglementation moteurs, Red Bull a perdu la domination des quatre années précédentes puisque son moteur n'est pas au niveau de celui de Mercedes et désormais de Ferrari.
Pour une entreprise non spécialisée dans les sports automobiles, il faut être sur le devant de la scène pour obtenir la publicité nécessaire pour sa marque. Si les voitures se battent en milieu de peleton, elles sont beaucoup moins présentes devant les caméras et le retour sur investissements.
C'est pourquoi les dirigeants de la boisson énergétique ne manquent pas de mettre la pression sur leurs partenaires de Renault. Ils profitent également du changement à la tête du groupe Volkswagen pour tendre les bras à Audi. En effet, Ferdinand Piech était jusqu'à présent opposé à tout lien avec la F1 de par son innimitié avec Bernie Ecclestone. Or le désormais ex-président du conseil d'administration a été poussé vers la sortie, après avoir lui-même tenté de se séparer de Martin Winterkorn, le président du groupe.
Si nous n'avons pas un moteur compétitif dans un futur proche, soit Audi vient, soit nous partons.
Ainsi Helmut Marko, le conseiller de Dietrich Mateschitz, a ainsi déclaré à la BBC : "Si nous n'avons pas un moteur compétitif dans un futur proche, soit Audi vient, soit nous partons."
L'intérêt pour Audi serait alors de racheter une écurie qui bénéficie d'infrastructures de premier ordre, avec un personnel aguerri, qui sait remporter des championnats du monde. Les 70 millions de dollars annuels garantis par l'accord bilatéral avec la FOM seraient également une belle façon de réduire la facture totale pour le groupe d'Ingolstadt. Il pourrait même décider de choisir une solution comme celle adoptée par Mercedes, à savoir s'associer avec des investisseurs qui auraient la majorité du capital. Ainsi Niki Lauda et Toto Wolff disposent chacun de 40% de l'écurie qui porte le nom de la firme à l'étoile.
De plus, cela simplifierait les relations au sein du groupe Volkswagen puisqu'Audi serait alors en F1 tandis que Porsche se concentrerait sur le WEC alors, qu'à l'heure actuelle, les deux marques cousines s'affrontent. Le troisième championnat majeur de la FIA, le WRC, étant dévolu à la marque généraliste du groupe, Volkswagen.
Je ne peux pas répondre à ça. C'est quelque chose que nous regardons. Mais, à l'heure actuelle, nous regardons beaucoup de choses. Je ne peux donc pas simplement dire oui ou non.
Les dirigeants d'Audi ont décidé de ne pas démentir une telle possibilité, ce qui contraste déjà avec sa position exprimée en 2011. Rupert Stadler, le président de la marque, a ainsi déclaré à Auto Express : "Je ne peux pas répondre à ça. C'est quelque chose que nous regardons. Mais, à l'heure actuelle, nous regardons beaucoup de choses. Je ne peux donc pas simplement dire oui ou non."
Néanmoins, il faut réaliser que cette solution ne peut être envisagée que sur le moyen terme. En effet, la réorganisation de Volkswagen va prendre du temps puisque Martin Winterkorn a annoncé qu'il ne dévoilerait sa nouvelle structure qu'en octobre prochain. Il faut également laisser le temps aux ingénieurs motoristes de développer un nouveau moteur, certes en bénéficiant du retour d'expérience sur le moteur hybride diesel du Mans.
Dans tous les cas, une arrivée d'Audi ne pourrait donc pas se faire avant, au moins, 2017. Cela laisse donc deux saisons où Red Bull avec son partenaire actuel, sans négliger que la première saison de la nouvelle écurie ne serait pas forcément plus performante, comme le montrent les difficultés de McLaren avec Honda.
La sortie médiatique est donc, tout simplement, un moyen de mettre la pression sur Renault pour que le niveau de performance et de fiabilité du bloc de Viry-Chatillon progresse suffisamment pour lui permettre de retrouver le haut de la feuille des temps.
Mais il ne faut pas non plus oublier que, depuis le début de la saison, il n'est pas rare de voir les pilotes Toro Rosso devant ceux de Red Bull en qualifications. Signe que le moteur n'est pas forcément le seul problème de l'écurie de Milton Keynes. Mais il est toujours plus facile de placer la pierre dans le jardin du voisin et de faire monter les enchères pour une éventuelle vente...