Eurocare publie une analyse à charge sur la publicité d'alcool en F1
Six mois plus tard, Eurocare revient à la charge contre la publicité des alcooliers en F1. Cette fois-ci, elle présente une étude à charge réalisée dans le cadre du Grand Prix de Monaco 2014. Mais les conclusions sur une seule course sont généralisées à l’ensemble du calendrier.
En novembre dernier, Marianne Skar, la secrétaire exécutive de l’ONG, avait déclaré : "Permettre le sponsoring par l'alcool en Formule Un semble aller à l'encontre des directives officielles pour le marketing de l'alcool. Cela va à l'encontre de la directive de l'Union Européenne qui déclare que le marketing de la consommation d'alcool ne doit être associé à la conduite. De plus, l'association actuelle entre l'alcool et la conduite ne semble pas rentrer dans la catégorie "des messages pour la promotion généralisée de la consommation responsable", qui est une partie de la mission que l'industrie a elle-même décidé."
Contacté par Eurocare, Jean Todt, le président de la FIA, a fait savoir que la Fédération n’avait pas de pouvoir sur les décisions commerciales des équipes impliquées en F1.
Pour réaliser son étude, l’ONG bruxelloise s’est associée à l’Institut sur les études liées à l’alcool et une université australienne. Afin de démontrer la visibilité des marques d’alcool en F1, ils ont décidé de compter le nombre de fois où une marque d’alcool apparaissait à l’écran. Ils se sont basés sur l’ensemble de la programmation de la chaine britannique Sky à l’occasion du Grand Prix monégasque, avant, pendant et après la course.
Il y a une publicité pour l'alcool toutes les cinq secondes pendant la course
De cette analyse ciblée est ressorti le chiffre choc suivant : les téléspectateurs sont exposés au nom d’une marque d’alcool toutes les cinq secondes tout au long de la course. Cela pousse donc Marianne Skar, la secrétaire exécutive de l’ONG, à déclarer : "Le niveau d’exposition à l’alcool en F1 est énorme à tous les niveaux. Il semble qu’il y ait un manque de reconnaissance au sein de la communauté de la F1 par rapport à leur responsabilité de montrer des publicités d’alcool toutes les cinq secondes à une audience de 500 million de téléspectateurs. Nous exigeons désormais que les parties prenantes en F1 abandonnent le sponsoring d’alcooliers."
De plus, l’ONG reproche qu’une seule (Johnnie Walker) des trois grandes marques impliquées dans le sport évoque une promotion de la consommation responsable au volant. Et comme cette campagne est publiée sur la page Facebook de la filiale du groupe Diageo, elle est davantage considérée comme une campagne de promotion de la marque que comme une campagne de prévention contre les risques de l’alcool…
Néanmoins, le diable se cache dans les détails et la dite étude ne fait pas exception. Ainsi l’ONG affirme avoir choisi de faire l’analyse sur la course de Monaco car elle est la plus célèbre de la saison et donc la plus représentative du sport. Néanmoins, cela revient à négliger l’exception dont bénéficient les organisateurs de cette épreuve particulière : contrairement à l’ensemble des autres courses à part le Japon et le Brésil, Monaco ne suit pas les règles commerciales imposées par la FOM. C’est pourquoi on peut voir sur les bords des publicités de marques qui ne sont pas officiellement sponsors de la F1. Par exemple, ce week-end, nous avons pu voir de grandes banderoles Tag Heuer alors que c’est Rolex qui est l’horloger attitré de la F1.
Or cette exception a un impact direct sur l’étude d’Eurocare, comme on peut le constater lorsqu’on regarde le lieu d’exposition des marques d’alcool pendant la course : dans 95,8% des cas où l’on voit une marque d’alcool, celle-ci est affichée sur les barrières ou sur les portiques au-dessus de la piste, ce qui n'est donc lié à aucun contrat avec une écurie , ce qu'omet de dire le rapport.
95,8% des publicités d'alcool affichées ne sont pas liées aux écuries
Cependant, la visibilité de Johnnie Walker, qui a noué un partenariat avec l’Automobile Club de Monaco, n’est donc pas la même sur les 18 autres courses de la saison, même si la marque est devenue l’an dernier le whisky officiel du sport. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer qu'Eurocare a illustré son communiqué avec une photo qui n'a pas été prise lors du dit Grand Prix de Monaco mais où la marque dispose d'une visibilité à l'image encore plus importante.
De surcroit, il ne faut pas oublier que trois courses (soit 15% de la saison) sont disputées dans un pays musulman où toute promotion de l’alcool est interdite. Cela réduit donc mécaniquement la visibilité des marques de ce secteur sur l’ensemble du championnat. Il est d'ailleurs étonnant que le rapport ne fasse aucune référence aux autres marques d'alcool présentes dans le sport : Mumm sur le podium, Veuve Cliquot chez Ferrari, Singha chez Red Bull...
Enfin, le rapport de l’ONG ne fait aucune référence au message de prévention que l’on peut voir sur de nombreuses impressions sur les images télévisées lors de différentes épreuves où il est indiqué : « Bernie says : Think before you drive »
Des études plus détaillées et sur le plus long terme devront donc être menées dans les mois et années à venir afin d'apporter les données chiffrées pouvant faire évoluer la législation en vigueur...